En patrouille avec la Compagnie de marche 88 à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle
- Par Antoine Faure
- Publié le 01 août 2024
![Agrandir l'image Quatre gendarmes descendent un escalator à l'aéroport](/new_storage/images/_aliases/dsfr_md/8/9/9/9/439998-1-fre-FR/52cc38922bc4-Se-curisation-CDG-BRC-ARRIGHI-Fre-de-ric-48.jpg)
Affectée à la sécurisation de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle, la Compagnie de marche 88 compte dans ses rangs 72 militaires, venus pour les deux tiers du département de la Haute-Loire, mais aussi de l’École de gendarmerie de Montluçon et de l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN). Présentation.
Jeudi 25 juillet 2024, dans l’après-midi, à la veille de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, l’activité de l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle ne semble pas très différente des autres jours de l’année, malgré l'arrivée de nombreux touristes et des différentes délégations. Ce n’est pas un événement, si planétaire soit-il, qui va bousculer le train-train des avions. Un œil aguerri pourrait cependant noter une différence notable avec le tableau habituel : des gendarmes patrouillent en effet en nombre, à la fois à pied dans l’aérogare et en véhicule sur les linéaires.
Certes, la gendarmerie est présente toute l’année à Roissy, mais « côté piste », pour assurer la sécurisation de la Partie critique de zone de sûreté à accès réglementé (PCZSAR) par les militaires des brigades et du Peloton de surveillance et d’intervention (PSIG) de la Gendarmerie des transports aériens (GTA). Mais les gendarmes qui sécurisent ce jour-là l’aéroport « côté ville », zone habituellement confiée à la Police aux frontières (PAF), n’appartiennent pas à la GTA. Ils viennent pour la plupart de Haute-Loire et composent l’une des trois Compagnies de marche (CdM) engagées sur l’aéroport Paris-Charles de Gaulle, et l’une des nombreuses constituées pour renforcer le dispositif mis en place dans toute l’Île-de-France, aux côtés des Escadrons de gendarmerie mobile (EGM).
La gendarmerie d’Île-de-France en ordre de bataille pour les Jeux Olympiques et Paralympiques
À la manœuvre pour la sécurisation des Jeux Olympiques et Paralympiques, au profit...
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Engagés au profit de la Police aux frontières
« La compagnie compte 50 militaires du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) de Haute-Loire, 20 élèves-gendarmes de l’École de gendarmerie de Montluçon, de qualité et très volontaires, et deux élèves-officiers de l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN). Nous sommes donc 72, avec une empreinte au sol de 60 », décrit le capitaine Guillaume P., adjoint renseignement au commandant du GGD 43, et chef de cette CdM 88 pendant la première partie de la manœuvre.
Le capitaine Guillaume a été bûcheron dans le Jura, moniteur de plongée au Honduras, puis militaire au Gabon. Entré en gendarmerie, il a notamment passé trois ans à l’antenne du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) de Cayenne, commandé un Groupe d’observation surveillance (GOS) à Lyon, et également été affecté à l’état-major de la GTA, en qualité d’officier renseignement. Un vernis aéro qui n’est pas inutile pour ce commandement de circonstance, dans un environnement aussi particulier que celui d’un aéroport, où travaillent de nombreux acteurs de la sécurité, qu’il s’agisse des équipes d’ADP (Aéroports de Paris), des douaniers, des agents de la sécurité ferroviaire, dans la gare TGV, des policiers de la PAF, sans oublier, pour ces Jeux Olympiques, de très nombreux membres de forces de police étrangères, que l’on croise régulièrement dans les méandres des terminaux.
« Nous sommes engagés au profit de la PAF pour les appuyer sur leurs missions habituelles, notamment la fluidification des axes, le dégagement des linéaires, le contrôle des taxis clandestins et autres racoleurs, et la surveillance à l’intérieur des terminaux », poursuit le chef de la CdM. Des missions que maîtrisent les gendarmes départementaux de Haute-Loire, mais c’est bien le décor et le contexte qui changent. Le commandant de l’unité s’en amuse : « Vous voyez, le nombre de véhicules qui passent devant nous en cinq minutes ? Il faut deux ou trois jours pour en voir autant au Puy-en-Velay ! Mais les gendarmes ont une grande faculté d'adaptation. »
Cinq précurseurs du GGD sont arrivés le 11 juillet en avance de phase, rejoints par le reste des troupes le 13 juillet. Parmi eux, le major Jean-Jacques Detournay, chef de la brigade de proximité d’Yssingeaux, qui commande l’un des quatre pelotons de la CdM. « Dans un premier temps, nous avons été installés dans des modulaires au cantonnement de Pontoise, où l’accueil a été remarquable, malgré des conditions de vie qui ont permis de démontrer la rusticité de nos gendarmes, précise-t-il. Puis, nous avons été déplacés dans un hôtel sur l’aéroport, ce qui nous permet d’éviter le temps de transport. »
Constituées de trois militaires, parfois renforcés par le gradé affecté à chacun des trois terminaux, les patrouilles sont réparties sur trois créneaux (7h – 13h, 13h – 19h et 19h – minuit), en priorité sur les zones d’arrivée. « C’est la première image de la France, estime le capitaine Guillaume P. C’est important que le touriste se sente immédiatement en sécurité à la descente d’avion. » Les gendarmes sont également présents régulièrement dans la navette CDGVal, qui relie le T1, le T2, le T3, les parkings et les gares RER et TGV, afin notamment de prévenir les risques de vols par des pickpockets.
Tous ont suivi, au cantonnement de Pontoise, des modules de formation dispensés par les trois MIP (Moniteurs d’Intervention Professionnelle) de la compagnie, notamment pour se déplacer en trinôme, mais aussi pour avoir une approche de la détection des comportements atypiques, « afin de pouvoir, à partir de signaux faibles, focaliser son attention sur telle ou telle personne, comme, quelqu’un qui n’aurait pas de sac, ce qui est assez rare dans une aérogare, ou qui aurait des déplacements erratiques dans le flux de passagers », explique le chef de la CdM. En ce qui concerne les bagages abandonnés, les gendarmes les signalent, et ce sont les équipes cynophiles d’ADP qui s’occupent de la levée de doute.
Un officier de liaison au Centre opérationnel de la PAF
La patrouille qui sécurise cet après-midi-là le T1 est composée d’un gendarme du GGD de la Haute-Loire, d’une élève-gendarme de l’école de Montluçon, Camille, qui sera affectée après l’été à l’EGM 34/6 de Saint-Gaudens, et qui est également une judokate de haut niveau, ainsi que du major de réserve Jean-Marc, seul réserviste au sein de la CdM. « Je suis arrivé le 13 juillet pour une mission d’une durée de 18 jours, précise-t-il. Je serai ensuite relevé par un autre réserviste. »
Jean-Marc a quitté le service actif voilà un an et demi. Il était alors commandant de la Communauté de brigades (CoB) de Sainte-Florine, après une longue expérience en gendarmerie, à la fois en unités de recherches, en PSIG, mais aussi au Niger, en Côte d’Ivoire ou au Liban, dans le cadre de la coopération internationale ou en prévôté. « J’ai fait à peu près tout ce qu’on peut faire en gendarmerie départementale », sourit le major qui, à l’âge de 60 ans, veut « continuer à être utile à la population et garder le contact avec les camarades. » Pour cette manœuvre des Jeux Olympiques, il a formé les 32 réservistes qui viendront renforcer les CdM lors des pics des trois week-ends, notamment au maniement du Pistolet à impulsion électrique (PIE) et du pistolet-mitrailleur HK.
À quelques centaines de mètres du T1, au sein du Centre opérationnel de la PAF, un autre gendarme de la CdM joue un rôle important. « Ma mission est de faire le lien entre les services de police et les équipes de la gendarmerie sur le terrain, décrit l’adjudant Romain, pour qu’ils puissent nous solliciter pour des interventions, mais aussi qu’on les informe de nos actions. Cela a par exemple été le cas aujourd’hui, avec l’interpellation en flagrant délit d’un auteur de violences, afin d’organiser le rapatriement pour que la personne puisse être présentée devant l’Officier de police judiciaire (OPJ) de la PAF. Nous tournons à ce poste entre les différentes CdM engagées sur Roissy, en fonction des patrouilles. »
Ainsi, gendarmes départementaux, élèves gendarmes et élèves officiers, regroupés dans une unité de circonstance, œuvrent quotidiennement à la sécurité de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle, aux côtés de tous les autres acteurs de cet écosystème, et en parfaite complémentarité avec eux.
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