Nouvelle-Calédonie : retour sur l’engagement décisif de la Section aérienne de gendarmerie de Nouméa

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 17 octobre 2024
Mécanicien de bord face à l'hélicoptère avant le décollage.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

Le 13 mai 2024, des émeutes éclataient à Nouméa avant de s’étendre progressivement à toute la Nouvelle-Calédonie. La Section aérienne de gendarmerie (SAG) a participé largement à la montée en puissance de la gendarmerie permettant de maintenir la souveraineté de l’État.

La Nouvelle-Calédonie est constituée d’un ensemble d’archipels. L’île principale, la Grande Terre, est grande comme deux fois la Corse. Les côtes ouest et est sont séparées par un massif montagneux appelé la chaîne centrale. Des brigades sont implantées sur l’ensemble de la Grande Terre comme dans les îles, îles Loyauté, Belep et île des Pins. En raison de ces spécificités géographiques, la SAG de Nouméa assure un rôle essentiel permettant notamment de limiter les conséquences liées à l’insularité et de réduire les temps de trajet. Basée à la caserne Bailly à Nouméa, la SAG dispose de deux hélicoptères AS350 B2 Écureuil. Elle est armée par trois pilotes permanents, six mécaniciens et une secrétaire. Depuis la crise qui a secoué le territoire à partir du mois de mai, ceux-ci sont en permanence renforcés par des gendarmes en Mission de courte durée (MCD). Au cours de ces évènements, la SAG a pu compter jusqu’à cinq pilotes et huit mécaniciens afin de remplir les nombreuses sollicitations opérationnelles à laquelle elle a dû faire face.

Renseigner et appuyer

Dès le 13 mai, alors que des émeutes éclataient dans Nouméa, la SAG était engagée afin de renseigner le Commandement de la gendarmerie pour la Nouvelle-Calédonie (COMGEND-NC) sur la situation, la position des émeutiers et l’état des axes, entravés par les nombreux obstacles et barrages qu’ils avaient installés. 

Hélicoptères de la SAG stationnés devant et dans le hangar de l'unité.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

« Dans un premier temps, nous avons eu pour mission de reconnaître et d’informer la hiérarchie sur l’ampleur des mouvements de foule, explique l’adjudant Geoffrey, affecté à la SAG de Nouméa en tant que mécanicien avionique depuis août 2023. Nous avons essentiellement été engagés dans la couronne du Grand Nouméa. À l’époque, nous n’avions qu’une seule machine, mais nous avons rapidement été renforcés par un hélicoptère EC145 et son équipage, projetés par un avion A400M, avant que celui-là ne soit remplacé par un Écureuil. »

Hélicoptère de la SAG de Nouméa volant face à une montagne.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

« Début juin, nous avons reçu un Écureuil doté d’une caméra permettant de retransmettre en direct les images au Poste de commandement opérationnel (PCO), poursuit l’adjudant Maxime, mécanicien de bord. Tous les matins à 6 heures, nous faisions des reconnaissances d’axe entre Nouméa et La Tontouta, où se trouve l’aéroport international, afin de connaître l’état des routes. Nous avons également effectué des missions d’appui aérien, tant en matière de maintien de l’ordre que dans le cadre d’opérations judiciaires menées en réponse aux émeutes. Nous embarquions des tireurs assurant un rôle de dissuasion au profit des unités engagées au sol. »

Porter assistance aux populations

Les gendarmes de la SAG ont également assuré de nombreuses missions d’assistance aux populations, parfois vitales.

La SAG atterrissant sur un héliport de Nouméa.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

« Les émeutes ont conduit au blocage des axes reliant le Médipôle (centre hospitalier public situé à Dumbéa, en banlieue de Nouméa, NDLR), raconte l’adjudant Geoffrey. Les habitants ne pouvaient plus accéder aux services d’urgence et les hôpitaux étaient isolés les uns des autres. C’est pourquoi nous avons réalisé des missions d’assistance aux populations, notamment en transportant des poches de sang entre les différents établissements hospitaliers et en acheminant du lait maternel à des familles de nourrissons prématurés dans certains quartiers, à l’aide du treuil installé sur la machine. »

Assurer un pont aérien

Alors que les axes ont progressivement été dégagés autour de Nouméa, de nombreuses routes sont restées coupées dans le reste du territoire, conduisant à l’isolement de brigades. Les gendarmes de la SAG ont alors joué un rôle essentiel en assurant un pont aérien à destination de ces unités. En raison de la dangerosité des missions, celles-ci ont systématiquement été assurées par deux pilotes. Les hélicoptères ont également été équipés en sièges balistiques. « Nous avons dû réaliser des manœuvres non conformes par rapport à ce que nous faisons d’habitude, tout en respectant les règles de sécurité et de masse d’emport, explique l’adjudant Geoffrey. La situation a, par exemple, imposé de réaliser des vols stationnaires assez bas, ce que nous avons réussi à faire grâce à l’expérience de nos pilotes. »

Équipage de la SAG délivrant du matériel à une unité.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

« Dans un premier temps, nous avons essentiellement été engagés dans la zone du Grand Nouméa, complète l’adjudant David, affecté en tant que pilote à la SAG de Nouméa depuis le 1er mai 2024. Les émeutes se sont ensuite propagées et nous avons assuré un pont aérien à destination de brigades situées à l’est de la Grande Terre, à Houaïlou ou encore Hienghéne. Nous avons par exemple effectué du transport de troupes afin de renforcer les différentes unités. La RP4 étant coupée, nous avons réalisé des liaisons aériennes en transportant des médecins militaires jusqu’à la brigade de Thio, afin qu’il y ait en permanence une capacité sanitaire sur place. La situation revient progressivement à la normale et nous ne maintenons ces liaisons qu’à destination de Plum, Thio et Yaté. »

 

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