En Nouvelle-Calédonie, les gendarmes luttent contre le braconnage et le vol de bétail

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 15 octobre 2024
Gendarme du PSIC observant l'horizon à l'aide de jumelles.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

La Nouvelle-Calédonie est confrontée à une recrudescence de braconnage et de vol de bétail. À terre comme en mer, la gendarmerie lutte contre ce phénomène aux côtés de ses partenaires.

L’ouest de la Nouvelle-Calédonie est émaillé de propriétés agricoles et notamment de fermes d’élevage. Le territoire compte également de nombreuses réserves naturelles. Confrontée à une recrudescence du braconnage et du vol de bétail dans ces espaces, la gendarmerie multiplie ses actions, notamment avec le déploiement du Peloton de surveillance et d’intervention à cheval (PSIC) et de la brigade territoriale mobile de Moindou, créée le 1er août 2024.

Le PSIC sur tous les fronts

La vallée de la Ouaménie se situe dans la province Sud, à l’ouest de la Grande Terre. Ses vastes plaines abritent d’importantes exploitations agricoles. Les fermes d’élevage y sont nombreuses et victimes d’une recrudescence des vols de bétail. Les propriétaires peuvent néanmoins compter sur l’action du PSIC qui s’adapte en permanence à l’adversaire afin de pouvoir le surprendre.

Créé en 1986 et implanté à Népoui avant d’être déplacé en 2021, le PSIC est désormais basé au domaine de Deva, un espace naturel de la commune de Bourail, dans la province Sud. Il est directement rattaché au Commandement de la gendarmerie de Nouvelle-Calédonie (COMGEND-NC). Il est donc compétent sur l’ensemble du territoire. Ses effectifs permanents sont de deux sous-officiers ayant été affectés à la Garde républicaine au cours de leur carrière et de deux gendarmes adjoints volontaires. Ils sont renforcés par six gardes républicains relevés tous les quatre mois. Les écuries du PSIC accueillent 12 chevaux transportés à travers le territoire à l’aide de deux camions.

Gendarme du PSIC brossant son cheval à l'issue de la patrouille.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

Les gendarmes du PSIC mènent des missions d’une semaine. Ils patrouillent aussi bien dans les réserves naturelles du territoire afin de dissuader les actes de braconnage, notamment commis à l’encontre des cerfs, que dans les fermes d’élevage. Ces actions sont menées à cheval de jour et en véhicule et à pied de nuit. Les gendarmes du PSIC orientent leurs actions sur le territoire en fonction des plaintes enregistrées dans les différentes unités territoriales et des renseignements récoltés auprès des éleveurs et des partenaires.

Gendarmes du PSIC patrouillant.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

« Les éleveurs et grands propriétaires nous sollicitent fréquemment, explique l’adjudant Ronan, affecté au 2e escadron du régiment de cavalerie de la Garde républicaine, et détaché pour une période de quatre mois au sein du PSIC. Certains d’entre eux nous autorisent à dormir chez eux, ce qui nous permet de nous imprégner des lieux et d’intervenir plus rapidement si besoin. Le cheval est particulièrement adapté à nos missions. En Nouvelle-Calédonie, les propriétés sont immenses. Cet animal nous aide à parcourir des distances importantes et à bénéficier d’une hauteur de vue nous permettant de repérer des comportements suspects. L’adversaire se fait plus facilement surprendre car nous pouvons surgir de nul part. Nous sommes moins prévisibles. Particulièrement apprécié ici, le cheval nous permet également de créer du lien plus facilement. Nous montons des chevaux originaires du territoire, moins grands que ceux utilisés par la Garde républicaine en métropole, mais plus endurants car ils supportent très bien le climat local. Tous les cavaliers de la gendarmerie utilisant les mêmes codes de dressage, nous n’avons pas rencontré de difficulté à monter ces chevaux à notre arrivée. »

Le maréchal des logis-chef Sébastien, moniteur d’équitation à la Garde républicaine, confirme : « Cette mission est particulièrement intéressante. À Paris, nous effectuons essentiellement un travail académique avec le cheval afin de lui permettre de réaliser des services d’honneur. Lorsque nous effectuons des patrouilles, nous sommes confrontés à la circulation, ce qui peut s’avérer parfois contraignant. En Nouvelle-Calédonie, le cheval permet de parcourir de grands espaces. »

Pour Christophe, propriétaire d’une exploitation située dans la vallée de la Ouaménie, « la présence du PSIC est particulièrement rassurante. Leur présence vient compléter notre dispositif de voisins vigilants. Nous disposons du numéro de téléphone de l’adjudant Ronan et nous l’appelons lorsque nous constatons une situation anormale. Je me sens plus serein au quotidien. »

Les gendarmes du PSIC de dos. Deux d'entre eux montent leurs montures pendant que le troisième marche à côté de la sienne.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

À la tombée du jour, les gendarmes troquent leurs chevaux pour un véhicule. « Nous ne pouvons agir à cheval la nuit car nous pourrions être confondus avec un animal, explique l’adjudant Ronan. Nous effectuons alors des patrouilles en véhicule et à pied, en nous appuyant sur la discrétion conférée par les appareils de vision nocturne. Le plus souvent, les propriétés ne disposent que d’une entrée et d’une sortie. Nous laissons l’individu pénétrer sur le domaine et nous l’interpellons au moment où il quitte la propriété. Nous traitons ensuite la plupart des procédures nous-mêmes. La gendarmerie bénéficie d’une image très positive en raison des bons résultats obtenus sur le terrain. »

Outre ces missions, les gendarmes du PSIC planifient également des services de surveillance des exploitations maraîchères et des actions de sensibilisation dans le domaine de l’environnement. Leur capacité équestre permet aussi au COMGEND de les employer en matière de lutte contre la délinquance en zone urbaine et de lutte contre le trafic de stupéfiants. Cette unité est enfin engagée dans le cadre d’opérations coordonnées menées avec les Gardes nature de la province Sud et la brigade territoriale mobile de Moindou, nouvellement créée.

Une coopération partenariale efficace

Toutes les semaines, le PSIC organise des opérations anti-délinquance à Bourail. Celles-ci sont complétées par des actions plus conséquentes, menées dans les réserves naturelles avec les Gardes nature et la brigade territoriale mobile de Moindou, dans sa zone de compétence.

« L’objectif de ces opérations coordonnées est de quadriller une zone, aussi bien à terre qu’en mer, explique l’adjudant Anthony, commandant adjoint du PSIC depuis deux ans. Au début de la crise, nous avons accepté une certaine tolérance en matière de chasse et de pêche mais cette situation ne peut pas perdurer car les ressources risquent de s’épuiser. Les Gardes nature mettent à l’eau leurs moyens nautiques et embarquent des gendarmes. Ce dispositif est complété par la mise en œuvre de contrôles routiers sous réquisition. Bien que nous soyons plusieurs enquêteurs à être formés dans le domaine de l’environnement, nous restons généralistes, contrairement aux Gardes nature dont l’environnement est leur cœur de métier. Notre rôle est surtout de sécuriser leurs contrôles qui concernent aussi bien le braconnage que la pêche illégale. »

Gardes nature et gendarmes à bord d'une embarcation de nuit.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

Olivier, responsable des Gardes nature de Bourail complète : « Nos missions sont de mener des actions de sensibilisation ainsi que des actions répressives dans le domaine de l’environnement. Nous sommes des agents provinciaux et assermentés au titre du code de l’environnement de la Province sud. Nous menons également des opérations de suivi environnemental et de piégeage de nuisibles. Nous travaillons fréquemment avec la gendarmerie, notamment avec le PSIC, mais aussi avec les gendarmes mobiles qui renforcent les brigades dans le cadre des Détachements de surveillance et d’intervention (DSI). Nous les rencontrons à leur arrivée et nous leur présentons les infractions les plus communes. La présence de la gendarmerie nous permet d’agir en sécurité et de disposer du pouvoir de saisie. Les personnes contrôlées se montrent plus respectueuses. Nous avons également commencé à travailler avec la brigade territoriale mobile de Moindou. »

Gendarmes du PSIC et gardes nature procédant au contrôle d'un véhicule de nuit.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

« La protection de l’environnement est l’une de nos missions principales, confirme l’adjudante Nathalie, commandant la brigade territoriale mobile de Moindou. L’unité connaît une montée en puissance et ses effectifs seront portés à six gendarmes d’ici le 1er janvier. Nous sommes compétents sur la circonscription de la compagnie de La Foa et à ce titre nous participons aux opérations coordonnées menées avec le PSIC et les Gardes nature de Bourail. Notre rôle sera également de renforcer le lien avec la population. Pour cela, nous serons prochainement dotés d’un « Gend’truck » (fourgon équipé permettant la prise de plainte en mobilité, NDLR) avec lequel nous serons en mesure de nous rendre dans des endroits isolés, notamment dans des tribus. Nous allons pouvoir aller dans des endroits où nous n’allions plus suite aux émeutes du mois de mai. »

Gentruck de la brigade territoriale mobile de Moindou.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

 

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