JOP 2024 : retour sur le dispositif exceptionnel déployé en Polynésie française afin de sécuriser les épreuves de surf

  • Par Capitaine Pierre-Edouard Dolou, commandant le patrouilleur côtier de gendarmerie P.723 "Jasmin" de Papeete
  • Publié le 14 août 2024
Photo d'un patrouilleur gris, avec sur la coque des bandes bleues, blanches et rouges, naviguant en bordure de côte, où se dressent des reliefs verdoyants, auxquels s'accrochent quelques nuages
© ADC Yoann Benoît - PGMAR723 Jasmin

L’épreuve de surf des Jeux Olympiques 2024 s’est déroulée en Polynésie française du 27 juillet au 4 août, sur la célèbre vague de Teahupo’o. Afin d’assurer la sécurité de la compétition, un dispositif exceptionnel a été mis en œuvre. Baptisé opération VAVE’A, celui-ci comprend plusieurs volets, dont un Dispositif particulier de surveillance maritime (DPSM), associant la gendarmerie maritime et la marine nationale.

Si la Ville Lumière a abrité de nouveau les Jeux Olympiques, un siècle après ceux de Paris 1924, c’est pour la première fois de son histoire que Tahiti a accueilli les épreuves olympiques de surf sur le spot mythique de Teahupo’o, mondialement réputé pour son formidable « reef break », donnant naissance à la vague éponyme. Cette ondulation océanique, qui s’élève brutalement à son arrivée sur le platier jouxtant la passe de Hava’e, ouvre sur sa gauche et déferle puissamment en formant des « tubes » proches de l’épure, avant de s’effondrer en affleurant le récif barrière, rappelant, s’il en était besoin, que surfer cette vague n’est pas à la portée du premier venu.

Afin d’assurer la sécurité des épreuves de surf, événement exceptionnel, les Forces armées en Polynésie française (FAPF) ont planifié et mis en place une organisation de circonstance, baptisée opération VAVE’A (vague haute en reo Tahiti), comprenant notamment un Dispositif particulier de surveillance maritime (DPSM). Celui-ci vise à prévenir toute intrusion de vecteurs maritimes non autorisés sur le « Fied of play » (FOP), dénomination du comité olympique pour désigner le site de la vague où se sont affrontés les meilleurs surfers du globe.

Sécuriser une aire maritime nécessite de prendre des mesures réglementaires afin d’offrir une base juridique permettant aux agents de contrôle d’en interdire l’accès à toute personne ne disposant pas des accréditations nécessaires. Aussi, pour maintenir les spectateurs téméraires, trop curieux ou mal intentionnés, à distance raisonnable de l’espace dédié aux athlètes et à leurs équipes de soutien et d’accompagnement, un arrêté du haut-commissaire pour la Polynésie française a été édicté, visant à restreindre la circulation maritime aux seuls pêcheurs de la commune associée de Teahupo’o, ces derniers ayant reçu les autorisations ad hoc pour emprunter la passe de Hava’e.

Photo d'un zodiac noir portant sur son flanc l'inscription gendarmerie maritime, avec quatre gandarmes à son bord, s'approchant d'une petite embarcation rouge, sur laquelle se tient debout un pêcheur, vêtu d'un t-shirt et d'une casquette rouge.
© D.R.

Un dispositif mixte afin de répondre à tous les enjeux

Le Dispositif particulier de surveillance maritime s’est inscrit en complémentarité des moyens de la gendarmerie départementale en charge de la sécurité lagonaire, et s’est étagé sur trois échelons. Doté de moyens de la marine nationale et de la gendarmerie maritime, l’ensemble de ce dispositif maritime a été placé sous le contrôle tactique d’un officier de gendarmerie maritime, chargé par le commandant supérieur des forces armées en Polynésie française d’assurer la coordination des moyens engagés sur cette manifestation nautique de niveau mondial.

Pour la partie marine nationale, c’est le patrouilleur outre-mer Teriieroo a Teriierooiterai, arrivé au mois de mai dernier à Papeete, son port d’attache, et admis au service actif quelques jours seulement avant le début des épreuves olympiques, qui était en charge d’assurer le renseignement et l’évaluation des menaces provenant du large. Son action de recherche dans la profondeur a été renforcée par un Falcon 200 « gardian », aéronef de surveillance maritime appartenant à la flottille 25F de l’aéronavale, éclairant le dispositif sur les mobiles surfaces situés au-delà de la ligne d’horizon, hors de portée visuelle et électromagnétique des moyens maritimes.

À proximité immédiate de la passe, une vedette d’intervention de la base navale de Papeete a été déployée sur la presqu’île, à la fois pour déceler et signaler d’éventuelles embarcations en approche du site de compétition, mais également pour informer ou rappeler aux usagers du plan d’eau l’existence de l’arrêté pris par le délégué du gouvernement pour l’action de l’État en mer en Polynésie française.

Pour la gendarmerie maritime, le patrouilleur côtier de gendarmerie Jasmin, ainsi qu’une embarcation de sûreté maritime et portuaire constituaient le bras armé de ce dispositif maritime. À la fois poste de commandement pour l’OTC (Officer in Tactical Command) du DPSM et premier moyen d’interception des navires approchant la zone réglementée, le PCG Jasmin patrouillait dans l’intervalle médian, entre les embarcations au voisinage de la vague et le bâtiment hauturier positionné plus au large.

Photo d'une embarcation grise, avec sur la coque des bandes bleues, blanches et rouges, staionnée à côté d'un zodiac noir. Ls deux bâteaux comptent plusieurs personnes à leur bord, dont la plupart se tiennent debout. derrière eux se dressent des reliefs verdoyants. Le ciel est gris et nuageux.
© MJR Pascal Malick - BGTA Tahiti-Faaa

Une pleine réussite

Au plus proche du FOP, armé par un détachement du Peloton de sûreté maritime et portuaire de Saint-Nazaire, l’ESMP constituait le fer de lance du dispositif. Assurant l’interface entre les moyens nautiques du Commandement de la gendarmerie pour la Polynésie-Française (COMGEND-PF) dans le lagon et les moyens navals des FAPF dans l’espace océanique, il était l’élément de continuité et de jonction entre ces deux organisations distinctes, mais liées par le FOP, lequel s’étendait sur les deux zones de responsabilité.Par ses remarquables capacités nautiques, cette embarcation puissamment motorisée est capable de se porter très rapidement au-devant d’une piste non classifiée et de la prendre en compte avant qu’elle n’ait pu atteindre la zone réservée aux compétiteurs. Particulièrement adaptée aux évolutions à haute vitesse, elle représente le moyen de contrôle et d’interception le plus efficace, mais aussi l’ultime rempart face aux menaces n’ayant pu être traitées par les autres moyens du DPSM.

Activé tout au long de la séquence des Jeux Olympiques de surf, sur les phases de compétition comme sur celles d’entraînement, ce dispositif a montré sa robustesse et son efficacité, en atteignant pleinement la mission qui lui était confiée. Les navires ayant enfreint les limites de la zone réglementée ont été systématiquement reconnus, identifiés et, pour ceux dont la présence n’était pas permise, réorientés et raccompagnés en dehors du périmètre fixé par arrêté.

Au bilan, aucune intrusion sur le FOP n’a eu lieu durant toute la période d’engagement des moyens militaires de l’opération VAVE’A. Ce DPSM a par ailleurs démontré toute la plus-value d’un ordonnancement multi-couches cohérent, associant des moyens de la marine nationale et de la gendarmerie maritime, aux attributions et capacités spécifiques mais complémentaires, et concourant toutes à une seule fin : contribuer à la réussite de ces premiers Jeux Olympiques de surf à Tahiti.

Une douzaine de militaires, vêtus du même uniforme bleu marine, se tiennent debout, côte à côte, devant les anneaux olympiques. Ils sont sur la route. le ciel est bleu, et l'on aperçoit des arbres, en particulier des palmiers, derrière eux.
© LTN Frédéric Di Martino - PSMP St Nazaire

 

 

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