L’établissement scolaire Saint-Martin de France, à Pontoise, transformé en cantonnement pour accueillir les unités de gendarmerie mobilisées pour les J.O.

  • Par Hélène THIN
  • Publié le 11 août 2024
Deux femmes gendarmes en uniforme, se tiennent côte à côte, souriantes, devant un bâtiment ancien de couleur clair, qui apparait flouté en arrière plan

L'adjudante-cheffe Christelle (à gauche), et la lieutenante Manon (à droite) 

© D.R.

Déployées pour participer aux missions de sécurité générale menées durant les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, plusieurs unités, à l’instar des compagnies de marche, ont rejoint la capitale. Afin d’héberger ces gendarmes venus de toute de la France, plusieurs cantonnements ont été créés, notamment dans des collèges et lycées. Immersion à Saint-Martin de France, à Pontoise, où peuvent être accueillis jusqu’à 630 militaires.

 

Pontoise, département du Val-d’Oise (95). Niché au cœur d’un parc verdoyant d’une superficie de 25 hectares, l’établissement scolaire Saint-Martin de France accueille, depuis le 10 juillet 2024, plusieurs unités mobilisées dans la capitale et ses abords, à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Protection des sites olympiques et des zones de compétition, instauration de périmètres de protection, sécurisation des axes de circulation et des transports collectifs, telles sont les principales missions de ces unités, composées de militaires provenant de l’ensemble du pays.

Afin d’accueillir cette force au plus près du lieu de ses missions, plusieurs cantonnements ont été créés à Paris et dans sa périphérie. Parmi eux figure Saint-Martin de France, établissement scolaire privé – collège et lycée – sous contrat d’association avec l’État, doté d’un internat. Vidé de ses élèves durant l’été, l’établissement, situé à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Paris, peut accueillir jusqu’à 630 militaires. Soit 310 places à l’internat et 320 dans un bâtiment modulaire, édifié pour l’occasion.

Transformer ainsi une structure éducative en une unité d’hébergement militaire représente un défi de taille, compte tenu du nombre de personnels logés durant cette période, dans un contexte à fort enjeu. Nommée cheffe COMSITE, la lieutenante Manon est chargée d’en assurer le bon fonctionnement. Détachée de ses fonctions au sein de la Section administration, logistique et études juridiques de la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) le temps des J.O., la jeune officière est entrée dans les lieux le 8 juillet. À deux jours de l’arrivée des unités, la tâche qui l’attend est immense. Elle est secondée dans sa mission par l’adjudante-cheffe Christelle, qui commande la Maison de protection des familles (MPF) du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) de Charente (16), détachée pour emploi durant les Jeux.

Engagées à titre volontaire, les deux femmes ne se connaissaient pas avant leur prise de fonction à Saint-Martin de France. Ensemble, au service des unités projetées sur le terrain, elles vont œuvrer sur tous les fronts, sous l’autorité de la manœuvre logistique (J4 JO 2024), du Centre des opérations (CDO) du Commandement des forces gendarmerie (COMFORGEND) pour les Jeux Olympiques en Île-de-France.

Plusieurs gendarmes en uniforme se tiennent debout, côte à côte, dans un espace extérieur verdoyant, face à leur supérieur, que l'on aperçoit de dos
© SIRPA-G / GND Romain CULPIN

Une équipe en ordre de bataille

C’est dans une salle de classe, offrant une vue sur un parc arboré, que la lieutenante Manon et l’adjudante-cheffe Christelle ont établi leur bureau. Les salles attenantes ont été attribuées aux commandants des unités hébergées sur le site, chacun disposant d’un espace et d’une équipe dédiés afin d’organiser son activité.

Outre les cinq compagnies de marche accueillies à Saint-Martin de France durant les J.O., dont quatre sur l’intégralité de la période, l’établissement a également logé plusieurs compagnies « pic », engagées sur des missions spécifiques et limitées dans le temps, telles que la cérémonie d’ouverture. Sont également hébergés sur le site un Groupement tactique de gendarmerie (GTG) et deux unités de gendarmerie spécialisées (lutte anti-drone et transports aériens).
L’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) de Calais y a également séjourné durant trois jours.

Lorsqu’elles arrivent à Saint-Martin de France, le 8 juillet dernier, les deux femmes disposent de quarante-huit heures pour préparer l’arrivée des unités. Au programme : reconnaissance et état des lieux entrant de l’ensemble des infrastructures, plan de répartition des militaires dans les chambres selon les effectifs et les spécificités éventuelles, inventaire des matériels, repérage et vérification des lieux de stockage des armes, eu égard aux règles de sécurité, organisation du stationnement sur le site, identification des points de regroupement en cas d’évacuation des hébergements, ainsi que des dispositifs de secours (extincteurs…), rédaction d’une note de service fixant les règles relatives à la vie au sein du cantonnement…

« Plusieurs visites ont également eu lieu au cours des premiers jours, précise la lieutenante. Nous avons ainsi reçu le préfet du Val-d’Oise, le commandant en second de la Région de gendarmerie d’Île-de-France, le commandant du Groupement de gendarmerie départementale du Val-d’Oise et le général commandant l’Économat des Armées (EDA). »

La conformité aux normes de sécurité de l’ensemble du site a également fait l’objet d’un contrôle avant l’accueil des personnels. Vingt-quatre heures avant l’arrivée des unités, les deux femmes accueillent les groupes commandement, composés d’un commandant d’unité, d’un ou d’une secrétaire, d’un chef matériel logistique, ainsi que d’un adjudant d’escadron (assurant la fonction d’adjoint au commandant d’unité). Les plans du site leur sont alors remis, et toutes les informations afférentes au fonctionnement du cantonnement transmises. Ces derniers veilleront à la bonne exécution des consignes par les membres de leur unité.

Au sein de chacune d’elles, un référent est désigné pour chacun des postes clés : armement, alimentation…
« Nous nous appuyons ainsi sur des ressources identifiées. Une nécessité, au vu de notre champ d’action. Nous touchons à tout ! Logistique, ressources humaines, état des stocks… Nous sommes à la manœuvre sur l’ensemble des questions pratiques. Un challenge pour nous deux !, observe l’adjudante-cheffe Christelle. Notre rôle consiste à répondre aux différentes demandes, du matin au soir. Un rôle très éloigné de notre cœur de métier. » Une expérience néanmoins très enrichissante pour les deux gendarmes, ayant développé de nouvelles compétences, notamment techniques, en un temps record.

Parmi les nombreuses tâches remplies quotidiennement par le binôme, la restauration nécessite une importante logistique. « À partir des informations recueillies auprès des unités (mission du jour, amplitude horaire, nombre de repas pris sur le site…), nous remplissons un tableau, que nous remettons au prestataire. Les horaires multiples des différentes unités, imposés par leurs missions, et parfois transmis tardivement, rendent la tâche ardue », explique la lieutenante Manon. Préparés par le prestataire de l’établissement, les repas sont pris dans le réfectoire de l’internat, d’une capacité 400 places.

Deux femmes gendarmes en uniforme, sont assises côte à côte, dans une salle, devant une table sur laquelle sont posés plusieurs ordinateurs. On aperçoit les arbres par la fenêtre

La lieutenante Manon (à gauche), et l'adjudante-cheffe Christelle ( à droite) 

© SIRPA-G / GND Romain CULPIN

« Chacun, à son niveau, concourt au bon fonctionnement du cantonnement »

Le cantonnement de Saint-Martin de France dispose d’une capacité de 310 couchages au sein de l’internat, répartis dans cinq maisons, auxquels s’ajoutent 320 couchages supplémentaires dans l’imposante structure temporaire, nommée « modulaire », édifiée le temps des J.O. Soit une capacité totale de 630 lits.

« Le nombre maximum de militaires accueillis simultanément s’élève à 542, précise la lieutenante. Plusieurs membres de l’équipe de Saint-Martin de France, appartenant à la direction et aux services techniques de l’établissement, ont apporté leur soutien à la gendarmerie afin de participer à la manœuvre sur le périmètre de l’internat. La structure modulaire, quant à elle, a fait l’objet d’une gestion spécifique, basée sur la coopération entre la gendarmerie, l’Économat des Armées et les divers prestataires privés. Opérationnelle quelques jours seulement avant l’arrivée des unités, elle a nécessité au démarrage un investissement plus important de notre part. » Un défi relevé haut la main par les deux femmes.

Le bâtiment modulaire compte 160 chambres, comprenant chacune deux couchages. Il est complété par d’autres infrastructures temporaires, jouxtant la structure : cabines de douche, sanitaires et buanderie. L’internat, de son côté, dispose de chambres de quatre, six ou huit places.

Saint-Martin de France, ce sont aussi de nombreuses infrastructures sportives (terrains de football et de rugby, cours de tennis, piste d’athlétisme, gymnase, salle de musculation, tables de ping-pong), ainsi que des pièces de vie agréablement aménagées (canapés, baby-foot, billard, télévision, jeux de société…) dans chacun des cinq pavillons de l’internat.

Pour la gendarme Léa, affectée à la brigade territoriale J.O. - 295 (92), et engagée sur la mission de sécurisation de l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle, « l’hébergement est un point important dans le cadre d’une mission comme celle-ci. Outre la proximité avec mon lieu d’affectation, le cadre de vie et les infrastructures que nous trouvons ici permettent d’améliorer grandement le quotidien. »

Un avis partagé par le capitaine Sébastien, commandant de la compagnie de marche J.O. (92), détaché de ses fonctions de la compagnie de gendarmerie départementale de Clermont-Ferrand (63) durant les J.O. « Nous apprécions le fait que toutes les prestations soient regroupées sur un même site. La prise en compte de nos demandes, notamment les horaires très variables des repas, nous aide à partir vaillants chaque matin. »

Tous les personnels rencontrés sur le site saluent la réactivité, l’adaptabilité et la disponibilité de la lieutenante et de son adjointe. Sur le pont dès les premières heures de la journée, jusqu’à tard le soir, les deux femmes gèrent chaque situation, sans jamais se départir de leur sourire et de leur bonne humeur.
« Confiance et communication sont le fondement de nos relations avec nos interlocuteurs. Nous nous efforçons également d’anticiper les besoins des unités, pour contribuer à leur confort. Face à chaque problématique, nous mettons tout en œuvre afin d’apporter une réponse rapide. Réactivité et adaptation constantes guident notre action, souligne la lieutenante Manon. La bonne coopération de l’ensemble des acteurs présents sur le site est la clé de la réussite ! Chacun, à son niveau, joue le jeu, et concourt ainsi au bon fonctionnement du cantonnement. »

Alors que les unités s’apprêtent à lever le camp, le lundi 12 août, la lieutenante Manon et l’adjudante-cheffe Christelle n’en ont pas tout à fait terminé. Durant quelques jours, après le départ des militaires, elles vont s’atteler à la remise en état des locaux et au démantèlement du site, en lien avec leurs divers interlocuteurs, que sont l’Économat des Armées, le Centre opérationnel de soutien infrastructure et logement (COSIL), la Base logistique avancée (BLA) et les cellules alimentation et hébergement appartenant au J4 du CDO.

Comme tous les personnels mobilisés afin d’assurer le soutien logistique des unités engagées en première ligne, sur le terrain, l’équipe du cantonnement de Pontoise a tenu un rôle essentiel dans la réussite opérationnelle des missions de sécurisation des J.O. de Paris 2024.

  • Trois gendarmes fouillent dans de grandes malles ouvertes à la recherche d'objets
    © SIRPA-G / GND Romain CULPIN
  • Photo d'une buanderie équipée de nombreux sèches-linges et machines à laver, superposés les uns sur les autres. Un homme, vêtu d'un t-shirt blanc et d'un short en jean, se tient debout, de dos, les mains sur les hanches, face à l'une des machines
    © SIRPA-G / GND Romain CULPIN
  • Deux jeunes hommes, l'un vêtu d'un t-shirt noir, l'autre d'un t-shirt gris et blanc, jouent au baby-foot dans une salle de détente
    © SIRPA-G / GND Romain CULPIN
  • Trois gendarmes fouillent dans de grandes malles ouvertes à la recherche d'objets
    © SIRPA-G / GND Romain CULPIN
  • Photo d'une buanderie équipée de nombreux sèches-linges et machines à laver, superposés les uns sur les autres. Un homme, vêtu d'un t-shirt blanc et d'un short en jean, se tient debout, de dos, les mains sur les hanches, face à l'une des machines
    © SIRPA-G / GND Romain CULPIN
  • Deux jeunes hommes, l'un vêtu d'un t-shirt noir, l'autre d'un t-shirt gris et blanc, jouent au baby-foot dans une salle de détente
    © SIRPA-G / GND Romain CULPIN

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