Jeux Olympiques de Paris : des compétitions de golf en toute sécurité

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 12 août 2024
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Du 1er au 4 août 2024, pour le tournoi masculin, puis du 7 au 10 août, pour le tournoi féminin, le Golf National, situé dans les Yvelines, a accueilli 120 joueurs et joueuses, et entre 15 000 et 30 000 spectateurs par jour, sous la protection d’un important dispositif de gendarmerie.

Situé habituellement à la fois en zone police, pour son club-house, et en zone gendarmerie, pour le terrain, le site du Golf National de Guyancourt, dans les Yvelines, a été entièrement attribué à la gendarmerie nationale pour la sécurisation des épreuves des Jeux Olympiques de Paris 2024. Il représentait un défi de taille. D’abord par sa superficie et sa topographie : 140 hectares, 7 kilomètres de clôture, des zones ouvertes, d’autres boisées avec un fort dénivelé… Ensuite par la sensibilité particulière de l’environnement et du sport lui-même.

« Le golf concentre de nombreuses rancœurs, avec un sujet lié à l’utilisation de l’eau pour l’arrosage, et il reste estampillé "sport de riches", dépeint le colonel Vincent Roche, commandant du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) des Yvelines (78). Les parcours de golf ont fait l’objet d’une vingtaine d’attaques ces deux dernières années, avec notamment des dégradations de greens, dont deux fois celui du Golf National. Par ailleurs, les abords pouvaient poser des problématiques d’ordre public, avec la présence de deux sites de l’entreprise Safran, qui suscitent une attention particulière en lien avec la situation internationale en Palestine. Nous avions également un sujet avec le percement à l’hydraulique du tunnel de la ligne 18 du métro du Grand Paris, et la présence sur le chantier des cimenteries Lafarge qui avaient fait l’objet d’attaques récentes d’activistes. Enfin, il fallait rester vigilant par rapport à la ZAD de Saclay, à quatre kilomètres de là, dans l’Essonne, qui s’est auto-dissoute, mais dont les militants sont toujours actifs. »

Discrets à l’intérieur, visibles à l’extérieur

Pour faire face à toutes ces menaces susceptibles de converger, un dispositif de défense ferme du site, 24 heures sur 24, a été mis en place dès le 14 juillet, « parce que le premier jour de compétition était le 1er août et qu’il faut 15 jours pour réparer un green dégradé », précise le colonel Roche. Le GGD était appuyé par un Groupement tactique de gendarmerie (GTG), commandé par le colonel Jean-Marc Camus, compétent dans le département des Yvelines à la fois en zone police, pour la sécurisation du Vélodrome National de Saint-Quentin-en-Yvelines et de la colline d’Élancourt, où se sont déroulées les épreuves de VTT, et donc en zone gendarmerie pour le Golf National.

« Le dispositif a fait l’objet d’une phase préparatoire au mois d’avril, avec de nombreux échanges avec le commandant du GGD, explique le chef du GTG. Pour cette mission, nous avions à disposition cinq Compagnies de marche (CdM), en protection périmétrique extérieure du golf, avec une force le matin, une l’après-midi, et deux la nuit, une à l’intérieur et l’autre à l’extérieur du golf. Nous avions aussi trois Pelotons d’intervention de la Garde républicaine (PIGR), soit 48 militaires, en civil à l’intérieur du golf, pour la protection des spectateurs et éviter toute action de dégradation du parcours ou visant à interrompre le déroulement de la compétition. Enfin, nous disposions d’une réserve d’intervention avec deux Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) répartis sur les quatre façades du golf, de 7 heures à 22 heures. »

Le colonel Vincent Roche complète : « Les gendarmes mobiles étaient aussi présents pour pouvoir basculer vers des missions de maintien ou de rétablissement de l’ordre si besoin. Pour résumer, nous avons mené une action discrète à l’intérieur du golf et une action visible à l’extérieur, notamment à l’arrivée des spectateurs. Avec des efforts de nuit pour éviter les intrusions, en complémentarité avec les militaires de l’opération Sentinelle, équipés de quads, de drones filaires et de lunettes de vision nocturne, puis des efforts de jour pour permettre au public d’accéder au site en fluidité et en sécurité. »

Moyens spéciaux, renforts motocyclistes et réservistes

Le GGD des Yvelines a pu compter sur l’appui de nombreux moyens spéciaux. La Cellule nationale observation exploitation de l'imagerie légale (CNOEIL) a placé des caméras fixes fournissant des images au commandement, très utiles notamment pour la gestion du flux de spectateurs. Un dispositif de Lutte anti-drone (LAD) était également activé. L’Antenne du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (AGIGN) de Reims était engagée pour la sécurisation des visites officielles de chefs d’États étrangers. « Nous avons eu de nombreuses visites d’autorités et de VIP, précise le colonel Roche. Mais cette composante intervention spécialisée était aussi là pour pouvoir être engagée sur tout événement majeur. » En outre, la Section aérienne de gendarmerie (SAG) de Vélizy est ponctuellement venue renforcer le dispositif.

L’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) a bénéficié des renforts de motocyclistes du GTG escortes pour cette mission : une trentaine en permanence et jusqu’à 80 les 3 et 4 août, quand, les Yvelines ont accueilli les deux courses de cyclisme sur route, dont le tracé cisaillait d’ailleurs le périmètre du golf. Le tout lors d’un week-end de chassé-croisé de vacanciers !

  • Deux cavaliers de la Garde républicaine en patrouille à proximité du trou n°6 du Golf National.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Patrouille de cavaliers de la Garde Républicaine et motocyclistes tout terrain (de dos)
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Patrouille de trois cavaliers de la Garde républicaine à proximité du Golf National.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Deux motocyclistes tout terrain en patrouille de sécurisation du Golf National.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Deux cavaliers de la Garde républicaine en patrouille à proximité du trou n°6 du Golf National.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Patrouille de cavaliers de la Garde Républicaine et motocyclistes tout terrain (de dos)
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Patrouille de trois cavaliers de la Garde républicaine à proximité du Golf National.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Deux motocyclistes tout terrain en patrouille de sécurisation du Golf National.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER

Enfin, l’apport de six cavaliers de la Garde républicaine a été extrêmement précieux, à la fois pour sécuriser la zone boisée, présentant un fort dénivelé, mais également les parties découvertes autour du parcours. « Nous faisions des patrouilles de quatre heures environ, en trinôme, de 8 heures à 20 heures, décrit l’adjudante Fanny, du Régiment de cavalerie de la Garde. Nous avons organisé ces patrouilles en lien avec les motocyclistes tout terrain, afin de nous répartir les secteurs. Grâce au cheval, on pouvait voir très loin dans les zones découvertes, emprunter les chemins de terre le long des clôtures et couper si besoin à travers champ. Et dans la partie forestière, nous étions difficilement détectables, car le cheval est peu bruyant, ce qui constituait un vrai atout pour sécuriser cette zone. »

Les gendarmes d’active du GGD ont bien sûr pu compter sur l’appui de leurs camarades réservistes opérationnels, entre 120 et 180 chaque jour. « À la fois sur les dispositifs de filtrage en journée, mais aussi de nuit, avec une capacité de constitution d’un Détachement de surveillance et d'intervention de la réserve (DSIR) en totale autonomie, avec son encadrement, son armement, ses caméras-piéton et ses moyens radios », souligne le colonel Roche.

Des transmissions capitales

Pour coordonner une telle manœuvre, avec autant de moyens sur le terrain, il était nécessaire d’avoir un Poste de commandement opérationnel (PCO), situé dans un bâtiment prêté par la communauté d’agglomération à côté du golf, où a également été installée la Base logistique avancée (BLA). Sur les écrans, les images prises par les caméras de la CNOEIL et des drones. Chaque matin s’y déroule un point de situation avec les représentants des différents groupes de forces et des moyens spéciaux. Il est organisé en miroir de celui installé à la Région Île-de-France, avec une structure otanienne en J : génération de forces, renseignement, conduite des opérations et planification courte, logistique et alimentation et transmissions.

Gendarmes au Poste de commandement opérationnel du dispositif de sécurisation de l'épreuve de golf des Jeux Olympiques de Paris.
© GEND/SIRPA/GND J. PERRIER

Ce dernier point était capital car, pour que tout fonctionne correctement, sur un site vallonné, avec des zones urbanisées et d’autres boisées, il fallait un système de communication opérationnelle entre toutes les forces engagées sur le terrain : gendarmes d’active et de réserve, gendarmes mobiles, unités d’intervention spécialisée et militaires de l’opération Sentinelle. Dans le petit local technique à proximité du PCO, posée par terre, se trouve celle qui a permis cette interconnexion. Dans cette valise arrivent deux flux, ceux des réseaux radios Rubis de la gendarmerie et Corail de l’armée de Terre. Deux flux très différents, qui n’en font plus qu’un à la sortie.

« C’est un peu comme si on avait des pommes et des poires, et qu’on voulait faire une bonne salade de fruits, résume le capitaine Fabrice Gaston, chef de la Section opérationnelle de lutte contre les cybermenaces (SOLC) du GGD des Yvelines. Cette valise permet ce mélange. Ensuite, le réseau Storm étant lui-même relié au système Rubis par une passerelle au niveau des Centres d’opérations et de renseignement de la gendarmerie (CORG), les trois réseaux étaient connectés, et des personnels avec des équipements différents pouvaient communiquer. Storm nous a permis d’avoir une couverture quasiment parfaite sur toute la zone à sécuriser, à l’intérieur et à l’extérieur du golf. »

Sécurité et fluidité

Jeudi 8 août, 9 heures, deuxième journée du tournoi féminin. Alors que les spectateurs commencent à converger vers l’entrée du Golf National, les gendarmes sont déjà en place depuis longtemps sur les axes et les différents ronds-points. Le chef d’escadron Laurent Flouriot, commandant de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Rambouillet, et chef du Groupe de forces périmétrie large fait le tour du dispositif. « Notre mission est de permettre l’arrivée des spectateurs dans les meilleures conditions depuis les gares de Massy-Palaiseau et Saint-Quentin-en-Yvelines par les navettes, puis leur cheminement à pied jusqu’au site, résume-t-il. Assurer la sécurité des spectateurs, mais aussi permettre aux gens qui travaillent dans les entreprises ou les exploitations agricoles autour du golf, ou qui habitent dans les zones résidentielles, d’être le moins impactés possible. Nous verbalisons également les taxis en dehors de leur zone de maraude et les VTC qui viennent chercher des clients sans avoir préalablement reçu de commande, ce qui est formellement interdit. »

Au sein de ce Groupe de forces, sont mobilisés des gendarmes des trois compagnies du GGD des Yvelines - Rambouillet, Saint-Germain-en-Laye et Mantes-la-Jolie -, avec un renfort de la réserve opérationnelle du groupement. Ils ont pour mission de filtrer l’arrivée des véhicules en faisant respecter les zones d’accès : la zone rouge, qui nécessite un laissez-passer, afin de limiter au maximum le nombre de véhicules et laisser la priorité au passage des navettes, et la zone bleue, accessible, sur présentation d’un justificatif, aux personnes qui y vivent, qui y travaillent, les livreurs, les gardes d’enfants, etc. « Notre action complète celles du GTG et du Groupe de forces mobilité, poursuit le commandant Flouriot. Les CdM sécurisent les gares, et les motocyclistes du Groupe de forces mobilités s’occupent des abords extérieurs, avec des patrouilles dynamiques et des contrôles en profondeur, et nous renseignent sur l’arrivée des navettes et leur taux de remplissage. Et nous assurons la fluidité et la sécurité de l’arrivée des spectateurs avant qu’ils entrent sur le golf. »

  • Le chef d'escadron Laurent Flouriot (à gauche), commandant de la Compagnie de gendarmerie départementale de Rambouillet, échange avec un carabinier italien engagé en renfort sur le dispositif.

    Le chef d'escadron Laurent Flouriot (à gauche), commandant de la Compagnie de gendarmerie départementale de Rambouillet, échange avec un carabinier italien engagé en renfort sur le dispositif.

    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Le chef d'escadron Laurent Flouriot briefe les gendarmes de la Compagnie de gendarmerie départementale de Rambouillet.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Les gendarmes assurent la fuidité de l'arrivée des navettes de spectateurs.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Trois gendarmes au dernier filtrage, au niveau du ticketing du Golf National.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Quatre gendarmes au premier filtrage, à l'entrée du Golf National.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Motocycliste de la gendarmerie sur le dispositif de sécurisation de l'épreuve de golf des Jeux Olympiques.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Le chef d'escadron Laurent Flouriot (à gauche), commandant de la Compagnie de gendarmerie départementale de Rambouillet, échange avec un carabinier italien engagé en renfort sur le dispositif.

    Le chef d'escadron Laurent Flouriot (à gauche), commandant de la Compagnie de gendarmerie départementale de Rambouillet, échange avec un carabinier italien engagé en renfort sur le dispositif.

    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Le chef d'escadron Laurent Flouriot briefe les gendarmes de la Compagnie de gendarmerie départementale de Rambouillet.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Les gendarmes assurent la fuidité de l'arrivée des navettes de spectateurs.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Trois gendarmes au dernier filtrage, au niveau du ticketing du Golf National.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Quatre gendarmes au premier filtrage, à l'entrée du Golf National.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER
  • Motocycliste de la gendarmerie sur le dispositif de sécurisation de l'épreuve de golf des Jeux Olympiques.
    © GEND/SIRPA/GND J. PERRIER

C’est là, au niveau des quais de débarquement des navettes, que le Groupe de forces spectateurs prend le relais. « Les six militaires du Groupement ont pour mission d’orienter les spectateurs et de détecter les éventuels comportements suspects pour les signaler aux gendarmes du second point de filtrage », décrit le capitaine Stéphane Quertinier, commandant en second de la compagnie de Rambouillet. Sur ce deuxième poste, les gendarmes contrôlent le contenu des sacs et, en cas de contenus illicites ou prohibés, peuvent procéder à des fouilles plus poussées et, en cas d’infraction, remettre la personne au pool police judiciaire pour un éventuel placement en garde à vue.

Les spectateurs parviennent enfin au troisième point de filtrage, au niveau du ticketing, dernier endroit où ils verront des gendarmes en uniforme, et où a été placé un dispositif mobile de recueil de plainte, armé par des militaires de la Maison de protection des familles (MPF) de Versailles, avec l’appui de six membres de forces de l’ordre étrangères – deux Britanniques, deux Italiens et deux Espagnols – pour apporter principalement un soutien linguistique.

Ensemble, toutes ces forces de l’ordre ont permis, ici comme ailleurs pendant ces Jeux Olympiques, le parfait déroulement des épreuves, en toute sécurité.

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