JOP 2024 : retour sur le dispositif exceptionnel de sécurisation maritime de Marseille

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 13 août 2024
Contrôle d'une embarcation par le PSMP.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

Du vendredi 26 juillet au dimanche 11 août 2024, se sont tenus les Jeux Olympiques de Paris 2024. Une partie des épreuves était délocalisée en Province, à l’image de la ville de Marseille, qui a notamment accueilli les épreuves de voile. Un dispositif exceptionnel de sécurisation maritime était mis en œuvre pour l’occasion.

En rade de Marseille, les voiles qui flottent au vent ne sont pas celles des habituels plaisanciers mais bien celles des bateaux engagés dans le cadre des épreuves de voile des Jeux Olympiques. Pour l’occasion, un Field of play (FOP, ou terrain de jeu en français) a été délimité. Située dans la baie d’Endoume, au Sud de Marseille, entre les Îles du Frioul, l’île du château d’If et l’île Maire au sud, cette zone fait l’objet d’une bulle de sécurité visant à protéger les athlètes de comportements involontaires ou volontaires pouvant nuire au déroulement de la compétition. Au regard de la sensibilité de celle-ci, des moyens exceptionnels de différentes administrations sont engagés sur terre, en mer et dans les airs. Ce déploiement nécessite une coordination inédite, assurée depuis le Poste de commandement (P.C.) maritime « Orion ». Sa parfaite réussite est le fruit de la préparation menée en amont.

Un dispositif éprouvé à l’occasion des « Test Events » et d’exercices spécifiques

Afin de préparer au mieux les Jeux Olympiques, le comité d’organisation a planifié des « Test Events » en 2023. Ces épreuves, prenant la forme d’une répétition générale, ont donné l’opportunité aux athlètes de se familiariser avec les sites olympiques et de se jauger par rapport à leurs futurs adversaires. Les « Test Events » de voile, qui se sont tenus du dimanche 9 au dimanche 16 juillet 2023, ont également permis de consolider l’organisation des Jeux, en donnant l’occasion à tous les acteurs de la sécurité de tester leurs procédés.

« Les Test Events nous ont permis d’éprouver le dispositif de sécurisation maritime prévu pour les Jeux Olympiques, explique le lieutenant-colonel Bossuyt, adjoint au commandant de la Gendarmerie maritime (GMAR) de Méditerranée. Celui-ci s’est avéré concluant. »

Le premier maître Emmanuelle au PC maritime.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

« Nous avions gréé le P.C. maritime de manière identique à ce qui était prévu pendant les Jeux, complète le premier-maître Emmanuelle, sémaphoriste à Camarat et détachée au poste de commandement le temps de la compétition. Cette répétition a facilité la coordination entre les différentes administrations. »

Cette préparation a permis d’effectuer des ajustements tout en donnant la possibilité aux nombreuses unités engagées, quel que soit leur niveau d’intervention, de se préparer afin de garantir leur parfaite opérationnalité dès l’ouverture de la compétition. Dans cette perspective, des entraînements ont également été fréquemment organisés jusqu’au lancement des Jeux. Un exercice de Contre-terrorisme maritime (CTM), engageant la Gendarmerie maritime, le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et des moyens aériens, a notamment été mené.

Bateau de la GMAR engagé à Marseille.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

« Nous avons pu nous organiser et nous perfectionner afin d’être pleinement opérationnels, souligne le major Pascal, commandant la brigade de surveillance du littoral de la gendarmerie maritime de Marseille et responsable de la coordination des administrations de l’un des quatre secteurs de la course. Nous travaillions depuis un an en vue des Jeux, tant dans le domaine du renseignement, de la logistique que de la coordination. »

Pendant la compétition, des moyens nautiques provenant de toute la France ont été engagés sous la coordination du P.C. maritime.

Sur l’eau, une bulle de sécurité rendue possible par une coopération inédite

L’ensemble du dispositif est placé sous l’autorité du vice-amiral d’escadre Gilles Boidevezi, Préfet maritime de la Méditerranée. Quatorze administrations provenant de six ministères différents sont mobilisées. Sont ainsi représentés la gendarmerie nationale, la marine nationale, les affaires maritimes, les douanes, la police municipale ou encore les marins-pompiers de Marseille. La police du plan d’eau est confiée à la Gendarmerie maritime (GMAR), qui coordonne les différents moyens nautiques engagés afin de garantir le caractère hermétique de la bulle de sécurité mise en place.

Le colonel Bossuyt depuis le PC maritime.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

« Nous assurons la sûreté du dispositif et des usagers, explique le lieutenant-colonel Bossuyt. Je dirige les opérations à partir d’un poste de commandement composé de quatre gendarmes maritimes. Ils assurent la conduite, le reporting, la remontée d’information et le soutien informatique. Nous utilisons nos propres applications mais également des logiciels interministériels afin de faciliter la coordination. Nous nous appuyons également sur la numérisation du plan d’eau et la géolocalisation des embarcations auxquelles les unités engagées ont toutes accès. L’engagement se fait sur ordre du Préfet maritime, mais la cellule engage d’initiative tous les moyens inter-services afin d’assurer l’intégrité du FOP. Le dispositif est inédit, avec au maximum, 51 moyens nautiques et 420 personnels de l’État. Nous avons connu une montée en puissance progressive, notamment avec l’arrivée de la Flamme à Marseille. »

Semi-rigide du PSMP engagé sur Marseille.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

Des moyens exceptionnels ont été déployés. Se côtoient ainsi des navires de plusieurs administrations, disposant de caractéristiques différentes. Les groupes d’intervention (GIGN et Pelotons de sûreté maritime et portuaire – PSMP), qui disposent d’embarcations sur-motorisées, sont les seuls à naviguer à l’intérieur du FOP. Les unités nautiques de gendarmerie départementale, en provenance de toute la France, ont acheminé leurs moyens jusqu’à Marseille. À l’image du major Pascal, des responsables de secteur ont été identifiés afin d’assurer la coordination sur le plan d’eau.

« Nous travaillons en inter-administrations, ce qui pallie l’absence de gardes-côtes », précise le major.

Outre les nombreux matériels, l’événement a nécessité des moyens humains conséquents. Les unités nautiques de la gendarmerie départementale s’appuient ainsi sur de nombreux réservistes, déjà présents lors des « Test Events ». Leur renfort permet de tenir le niveau d’engagement nécessaire, tout en permettant aux unités de conserver la ressource indispensable à leur fonctionnement dans les territoires. Des Mécaniciens vedette (Mecaved) du Centre de soutien automobile de la gendarmerie (CSAG) de Marseille sont également détachés le temps de la compétition. Ils vérifient les embarcations chaque matin et sont en mesure d’effectuer les réparations nécessaires à tout moment. Les unités sont engagées dès 08 h 00. La fin de mission dépend des horaires des épreuves de voile, qui sont déterminés par le Comité d'organisation des Jeux Olympiques (COJO) en fonction des conditions météorologiques. En conséquence, un système de rotation a été mis en œuvre depuis les îles du Frioul. Le port permet d’y amarrer les moyens nautiques quand ils ne sont pas engagés. Un restaurant nourrit une partie des gendarmes départementaux engagés au cours de l’événement.

Mécanicien vedette effectuant des vérifications avant l'engagement de l'embarcation.
© GEND/ SIRPAG/ V.MARTIN

Les embarcations forment une ligne autour du FOP et sont en mesure d’inviter les plaisanciers à s’éloigner de la zone, voire à les intercepter s’ils n’obtempèrent pas. En raison des « Test Events » et de la préparation des Jeux, qui s’est déroulée pendant plus d’un an, les Marseillais sont relativement au fait de la réglementation.

« Ce qui est complexe, c’est qu’aux abords du FOP, la ville a tenu à conserver des zones à destination des habitants, explique le major Pascal. Il existe ainsi sept réglementations différentes le long du littoral. On a des zones interdites aux engins motorisés, des ZRUB (Zones Réservées Uniquement aux Baignades) et des zones pour les véliplanchistes. Il nous faut maîtriser ces règles. »

À l’image du GIGN, engagé en mer comme dans les airs, la sécurisation maritime est complétée par un dispositif aérien.

 

Dans le ciel, l’engagement de moyens complémentaires

Dans le cadre des épreuves se tenant à Marseille, un Dispositif particulier de sûreté aérienne (DPSA) a été activé sous le commandement de l’armée de l’Air et de l’Espace. Destiné à prévenir tout acte malveillant depuis les airs, qu’il soit d’origine terroriste, militaire ou encore contestataire, il forme une bulle de protection comprenant une zone interdite temporaire, dans laquelle aucun aéronef ne peut pénétrer.

La gendarmerie engage plusieurs moyens aériens. Deux hélicoptères et dix militaires de la Section aérienne de gendarmerie (SAG) de Hyères sont ainsi prêts à intervenir en permanence depuis Carpiagne et Aubagne. Chaque matin, un appareil AS350 Écureuil est déployé avant le début des épreuves. Chargé de procéder au blanchiment du FOP, il embarque à son bord un tireur du GIGN.

Pilotes de la SAG de Hyères procédant au blanchiment du plan d'eau.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

« Ce vol permet de détecter des comportements suspects ainsi que des risques pour la navigation, comme des troncs d’arbre ou des filets de pêche », explique le colonel Martin Patier, commandant la Force aérienne de la gendarmerie nationale (FAGN) Sud.

Aux côtés des aéronefs, la gendarmerie déploie également un drone DJI Matrice 300 emportant un zoom optique H20T, un phare et un haut-parleur. Les images réceptionnées sont retransmises en direct au P.C. maritime et permettent de procéder à des levées de doute.

Gendarmes engageant un drone au dessus de la rade de Marseille.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

« La complémentarité du drone et de l’hélicoptère, dont nous avions déjà pu bénéficier lors de l’arrivée de la Flamme à Marseille, nous permet de gagner en efficacité et de disposer d’une expertise dans les vols en mer, souligne le colonel. Les conditions météorologiques font qu’un outil peut être plus adapté qu’un autre. Les télépilotes sont issus de la SAG et ont l’habitude de correspondre avec les équipages des hélicoptères. »

Les épreuves de voile se sont achevées le vendredi 9 août. Les unités, qui se désengagent progressivement, ne seront pas remobilisées à l’occasion des Jeux Paralympiques, qui se dérouleront uniquement en Île-de-France.

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