Nouvelle-Calédonie : les gendarmes du Centre national d’expertise numérique (CNENUM) engagés au cœur de la crise

  • Par Hélène THIN
  • Publié le 30 mai 2024
© D.R.

Alors que la Nouvelle-Calédonie est le théâtre d’émeutes particulièrement violentes depuis le 13 mai, des moyens humains et matériels de métropole et de Polynésie française ont été projetés en renfort sur l’archipel du Pacifique. Trois experts du Centre national d’expertise numérique (CNENUM), sont ainsi détachés depuis le 19 mai, pour apporter leur expertise aux côtés des acteurs de la crise.

Unité spécialisée dans le traitement de la preuve numérique, le Centre national d'expertise numérique (CNENUM) apporte son soutien aux enquêteurs de toute la France. Rattaché à la Division des enquêtes spécialisées, de la donnée et des investigations techniques (DEDT) - COMCYBER-MI, située à Pontoise, dans le Val-d’Oise, le CNENUM emploie une trentaine de personnels, ingénieurs et techniciens, disposant d’une expertise en  forensique, rétroconception logicielle et attaques matérielles.

Sept jours après le déclenchement de la crise calédonienne, trois gendarmes de l’unité ont été projetés sur l’archipel, dans le but d’apporter leurs compétences à l’appui des unités locales.
Ces militaires sont rattachés à la task force police judiciaire, engagée sur place depuis le début de la crise. Cette unité compte trois pôles d’appui technique, dont un est dédié à l’investigation cyber.
« À leur arrivée à Nouméa, les gendarmes du CNENUM ont mis en place un laboratoire d’expertise de campagne. Dans un contexte d’intervention dégradée, rustique, et sous court préavis, ils ont déployé aussitôt un dispositif opérationnel in situ, en interaction constante avec les infrastructures de la métropole », rapporte le colonel Florian Manet, chef de la DEDT.

Une technicité au service de l’enquête judiciaire et de la gestion de crise

Afin d’appréhender au mieux les spécificités locales, les trois experts cyber ont au préalable réalisé une étude approfondie de l’écosystème numérique calédonien, puis dressé une cartographie des acteurs clés. Une opération indispensable à l’accomplissement de leur mission. Celle-ci s’articule autour de deux axes.

Les trois militaires sont d’abord chargés de conduire des expertises numériques, à l’appui des investigations judiciaires. « L’objectif consiste à extraire des données contenues dans des appareils numériques – serveur, ordinateur, tablette, clé USB, téléphone , quel que soit l’état du support, celui-ci pouvant être endommagé, incendié, ou encore sécurisé. Le rôle des experts est de déjouer les obstacles matériels ou logiciels, afin de récupérer la donnée (image, vidéo ou texte) puis la remettre en forme pour la rendre intelligible. Elle sera ensuite transmise aux enquêteurs, gendarmes ou policiers, à des fins judiciaires. Le but est de recueillir des éléments de preuve numérique permettant d’identifier les auteurs des infractions », explique le colonel Manet.  

Deuxième axe d’action des trois gendarmes experts, le conseil au commandement et aux directeurs d’enquêtes, sur toutes les questions afférent au support numérique. Les militaires ont ainsi élaboré des outils d’aide à la décision, tels que des fiches réflexes. Leur connaissance de l’environnement numérique local leur permet d’identifier les acteurs majeurs, afin d’agir dans des délais très courts, quelle que soit la situation. Ce fut le cas, notamment, lors de la cyber attaque du 21 mai, ayant visé le principal fournisseur d’accès à Internet de l’archipel, provoquant la saturation du réseau calédonien.

Implantés au cœur de la crise, au plus près de ses acteurs, grâce à un laboratoire projeté localement, les trois gendarmes sont également en relation permanente avec la DEDT – COMCYBER-MI. Ils peuvent ainsi solliciter le soutien des infrastructures métropolitaines, lorsque la situation nécessite un traitement plus poussé des matériels.

Une action coordonnée, dans un contexte de crise multidimensionnelle

Au-delà des troubles à l’ordre public, ayant nécessité l’instauration d’un état d’urgence du 5 au 28 mai, et la mobilisation massive des forces de sécurité intérieure, la crise calédonienne se joue  également sur les réseaux sociaux. Vecteurs de communication largement utilisés par les instigateurs des émeutes, les réseaux sociaux tiennent un rôle prépondérant dans la coordination des différentes actions, contribuant à relayer les appels à la violence. En témoigne l’interdiction temporaire du réseau social Tik Tok, à compter du 15 mai, sur décision du  gouvernement.

« En tant qu’experts cyber, nous intervenons sur le volet numérique d’une crise majeure et multidimensionnelle. Les renseignements que nous recueillons permettent d’orienter la stratégie de maintien de l’ordre. Nous participons ainsi à la gestion de la crise, en coopération avec les autres lignes d’intervention », observe le colonel Manet.  

Enfin, les compétences du CNENUM sont mises à la disposition d’autres services de l’État, à l’instar de l'Agence du numérique des forces de sécurité intérieure (ANFSI) et de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI), également en charge des questions de cyber sécurité.

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