JOP 2024 : un dispositif d’escorte exceptionnel déployé par la gendarmerie pour sécuriser les déplacements des chefs d’État et des délégations

  • Par Hélène THIN
  • Publié le 08 août 2024
De mombreuses motocyclettes de la gendarmerie sont garées les unes à côté des autres dans une vaste cour. on aperçoit en arrière plan de nombreux gendarmes qui sont réunis.
© SIRPA-G / GND Jérémy PERRIER

Afin de sécuriser les déplacements des autorités durant les JOP 2024, la gendarmerie nationale a créé une force spéciale officiant sur la plaque parisienne. Composée de 650 gendarmes motocyclistes placés sous l’autorité du Groupement tactique gendarmerie Escorte, cette unité est pleinement opérationnelle depuis le 22 juillet dernier. Immersion à la caserne de Rose, à Dugny (93), où sont hébergés deux des neuf escadrons de ce dispositif d’exception.

Dugny, Seine-Saint-Denis (93), Caserne de Rose. Ce jeudi 1er août 2024, en début d’après-midi, 75 gendarmes motocyclistes prennent place dans la cour de la caserne, aux ordres du capitaine Thierry Scudellaro, commandant de l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) JO 2. Détaché pour emploi le temps des Jeux Olympiques, l’officier s’apprête à effectuer le rapport, le second de la journée. Le capitaine transmet ses ordres et ses consignes aux militaires de son escadron avant leur départ en mission. Les règles de sécurité sont systématiquement rappelées. « La sécurité des personnels engagés sur la mission, celle des personnalités escortées ainsi que celle des autres usagers de la route », souligne le capitaine.
Engagés à titre volontaire dans le cadre des Jeux Olympiques de Paris 2024, ces gendarmes motocyclistes ont pour mission d’accompagner et de sécuriser les nombreux déplacements des personnalités sensibles ainsi que des délégations, 24 heures sur 24. Un enjeu de premier ordre, alors que les autorités et les touristes du monde entier affluent dans la capitale, où le réseau routier est soumis à de nombreux aménagements (voies réservées, zones interdites, etc.), modifiant radicalement le plan de circulation.
« Ces militaires venant de toute la France forment aujourd’hui une unité constituée. Soit un contingent de 650 gendarmes, répartis au sein de neuf escadrons de sécurité routière. Ces personnels, qui ne se connaissaient pas il y a encore quelques jours, sont mobilisés et engagés ensemble dans un esprit de cohésion », explique le colonel Olivier Dubois, commandant du Groupement tactique gendarmerie (GTG) Escorte, durant les J.O.

Qautre gendarmes se tenant debout dans une cour sont réunis. L''un d'eux parle, tout en regardant les papiers qu'il tient des papiers dans ses mains. En arrière plan, on paerçoit des motocyclettes de la gendarmerie, ainsi que des gendarmes se tenant à côté.
© SIRPA-G / GND Jérémy PERRIER

Une organisation pyramidale

La mise en œuvre de ce dispositif hors du commun a débuté bien en amont. Structuration de la force et organisation de l’acheminement des motocyclettes ont en effet nécessité une lourde préparation au sein du Commandement des forces de Gendarmerie (COMFORGEND) pour les Jeux Olympiques en Île-de-France, en coordination avec les autres régions de gendarmerie.

Depuis le 8 juillet dernier, le Groupement tactique gendarmerie (GTG) Escorte, organe de commandement, est opérationnel. « Composé de quatorze militaires, trois officiers et onze sous-officiers, il s’organise suivant le même schéma qu’un Groupement de gendarmerie départementale (GGD). Le GTG commande toutes les missions d’escorte, de la planification au suivi », indique le colonel Dubois. Détaché de ses fonctions de commandant en second du Groupement de gendarmerie départementale de Saône-et-Loire (71) durant les J.O., ce dernier est motocycliste de formation et il a également, par le passé, commandé l’Escadron départemental de sécurité routière de Dordogne (24).

Dans sa mission à la tête du GTG, il est secondé par le lieutenant-colonel Cyrille Cousi, commandant en second du Centre national de formation à la sécurité routière (CNFSR) de Fontainebleau (77), structure endémique chargée de la sélection, de la formation, de l’évaluation et du perfectionnement de tous les motocyclistes de la gendarmerie depuis 1967. Le troisième officier du GTG est le lieutenant-colonel Nicolas Rosalie, commandant de l’Escadron départemental de sécurité routière de la Côte-d'Or (21).

Le GTG assure la supervision tactique du dispositif d’escorte de la gendarmerie dans toutes ses composantes. Dimension opérationnelle des missions, gestion des ressources humaines, travail en étroite collaboration avec les partenaires extérieurs et coordination avec les entités de soutien logistique font ainsi partie de ses prérogatives. Le GTG agit également en symbiose avec la Division régionale motocycliste (DRM) de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la Préfecture de Police (P.P.) de Paris, qui supervise toutes les missions d’escorte.

Le GTG a accompagné la montée en puissance du dispositif jusqu’au déploiement complet de la force, pour être en mesure de remplir toutes les missions confiées dès le 22 juillet. Chacun des neuf escadrons motocyclistes composant le dispositif a été placé sous l’autorité d’un commandant d’EDSR. Chargé de réceptionner les ordres de mission émanant du GTG, ce dernier désigne un chef d’équipe au sein de son escadron, pour chaque personnalité. « Le chef d’équipe se voit confier une mission à responsabilité, et il est conforté dans la confiance placée en lui. Chaque chef d’équipe contribue ainsi à la réussite générale de la manœuvre », précise le colonel Dubois.

Si le GTG est en charge du commandement tactique, chaque acteur, à son niveau, tient un rôle déterminant dans le bon déroulement des missions. « Ce dispositif pyramidal s’appuie sur un agrégat de compétences techniques et d’expériences complémentaires, qui permettent d’accomplir les missions avec efficacité, poursuit le colonel Dubois. Tandis que le GTG répond à une logique d’action centralisée, la déclinaison opérationnelle de la mission s’inscrit quant à elle dans un schéma décentralisé. Ce modèle est totalement inédit au regard du volume important d’escortes à réaliser de manière simultanée, et dans un contexte à fort enjeu. »

Un officier de gendarmerie se tient face à l'objectif. Il porte un calot noir sur la tête et une chemise bleu ciel ornée de diverses insignes.

Colonel Olivier Dubois, commandant du Groupement tactique gendarmerie (GTG) Escorte

© SIRPA-G / GND Jérémy PERRIER

« Une mission réussie est une mission bien préparée »

Chaque mission s’articule suivant un schéma identique. Pour chaque personnalité prise en compte, un quadrinôme de motocyclistes est fidélisé. Le chef d’équipe désigné a pour consigne de créer une relation professionnelle et de proximité avec l’officier de sécurité dédié à la personne escortée.

« Chaque mission est planifiée, organisée et suivie selon un processus précis, explique le colonel Dubois. Le chef d’équipe se voit remettre une fiche de mission, et il doit respecter des itinéraires bien précis. » Une reconnaissance préalable est ensuite réalisée sur le terrain. L’itinéraire est ainsi vérifié, afin d’éviter tout aléa. La progression fluide et continue du cortège est un point essentiel. C’est pourquoi l’équipe prend en compte, en amont, l’itinéraire et son environnement. Les gendarmes ont pour rôle d’ouvrir la voie, ainsi que d’éviter que le convoi ne s’étire, au risque de laisser quelqu’un s’infiltrer. Ils analysent en permanence le flux de circulation, et s’adaptent en conséquence.

Si tous les militaires intégrés dans le dispositif ont été formés au CNFSR de Fontainebleau, la plupart a dû s’acculturer à nouveau à la conduite parisienne. Un défi majeur, ayant nécessité quelques jours de préparation. « La bonne appréhension de l’environnement, de ses spécificités et de ses contraintes, est primordiale afin de remplir la mission dans des conditions de sécurité et d’efficacité optimales, observe le colonel Dubois. Une mission réussie est une mission bien préparée. Notre objectif est d’être au plus proche du terrain, pour répondre le plus précisément possible au besoin. Nous travaillons en synergie avec les officiers de sécurité et l’ensemble des acteurs concourant à la sécurisation des déplacements. »

Au programme officiel viennent s’ajouter des missions de dernière minute, qui complexifient la manœuvre, et requièrent l’adaptation constante des militaires.

Entre le 22 juillet, date de mise en place du dispositif d’escorte, et le 7 août, plus de 1 800 escortes ont été réalisées par les motocyclistes de la gendarmerie. Deux séquences majeures ont été couvertes durant cette période. Celle du dîner des dirigeants étrangers au Carrousel du Louvre, en présence du chef de l’État français, le 25 juillet, suivie de la cérémonie d’ouverture des J.O, le 26 juillet. Aucun incident n’a été à déplorer. « Le dispositif s’appuie sur une manœuvre totalement intégrée et coordonnée, portée par des militaires pleinement engagés », estime le colonel Dubois.

Deux gendarmes motocyclistes réalisant un eescorte arrivent Place Vendôme, à Paris, au guidon de leur véhicule. Nous les apercevons de dos. Autour d'eux se trouvent des voitures et des camionnettes.
© SIRPA-G / GND Brice LAPOINTE

Le soutien logistique au service de la pleine réussite opérationnelle

Véritable clé de voûte du dispositif opérationnel, les fonctions logistiques s’articulent autour de deux axes. « Le premier concerne le soutien apporté à la force. Il regroupe tout ce qui tourne autour de l’homme (hébergement, restauration…), tandis que le second se rapporte à la machine (opérabilité des liaisons radio, réparation des véhicules, etc.). Ces fonctions support jouent un rôle direct dans la réussite opérationnelle des missions », souligne le colonel Dubois.

La caserne de Rose héberge un Centre de soutien automobile de la gendarmerie (CSAG).
Pour le capitaine Lionel Cloarec, commandant du CSAG de Dugny depuis cinq ans, les Jeux Olympiques représentent un événement totalement inédit, doublé d’un défi hors norme. « Nous assurons l’entretien et la réparation de l’ensemble des motocyclettes du dispositif d’escorte, sans oublier les missions de dépannage, dans la capitale et à ses abords, indique-t-il. Pour ce faire,nous disposons de vingt-six mécaniciens, dont onze ont été affectés en renfort le temps des J.O. Deux d’entre eux sont détachés sur la base logistique avancée de la Villette, constituant un camp de base situé au plus près des forces engagées sur le terrain. »

C’est dans un vaste hangar, situé au fond de la caserne, que les mécaniciens œuvrent sans relâche afin de remettre en état les véhicules endommagés ou défaillants. « Engagées au maximum de leur puissance et de leurs capacités, les motos sont soumises à rude épreuve, indique le maréchal des logis-chef (MDC) Pierre, détaché de ses fonctions au sein de la Mécanique générale de Dijon, en Côte-d'Or (21), pour toute la durée de l’événement. Pour l’heure, les interventions concernent principalement la remise en état des pneus crevés, ou des défaillances du système de refroidissement, liées aux fortes chaleurs enregistrées depuis le début des J.O. »

Ici, les réparations peuvent s’effectuer 24 heures sur 24, grâce au système de permanence mis en place la nuit, le temps des J.O.
Véritable socle du dispositif, le CSAG est un maillon clé de la chaîne, concourant à la continuité et à la pleine réussite des missions.

Un mécanicien répare une moto bleue de la gendarmerie. Il tient un tournevis dans la main, pointé en direction de la roue avant, et tourne la tête en souriant vers l'objectif
© SIRPA-G / GND Jérémy PERRIER

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