Jeux Olympiques : les gendarmes du Nord sécurisent les compétitions de basket-ball et de handball

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 05 août 2024
Cinq gendarmes en mission de sécurisation du Palais des sports Saint-Sauveur de Lille.
© GEND/SIRPA/GND J. PERRIER

Les Jeux Olympiques de Paris se déroulent donc aussi en province et outremer : à Bordeaux, Lyon, Marseille, Nantes, Nice, Saint-Étienne, Châteauroux, Tahiti et surtout à Lille. Avec 52 matches, de basket-ball, puis de handball, et près de 500 athlètes concernés, Lille est en effet le deuxième pôle des J.O. après l’Île-de-France. Reportage dans le département du Nord, au cœur de la manœuvre.

Lundi 29 juillet 2024, 10 heures, Villeneuve-d’Ascq, Poste de commandement opérationnel (PCO) du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) du Nord

Armé depuis le 18 juillet 2024, date de l’ouverture du Village olympique de Villeneuve-d’Ascq, le Poste de commandement opérationnel (PCO) est situé au Groupement de gendarmerie départementale (GGD) du Nord. C’est le centre névralgique de la manœuvre J.O. de la gendarmerie dans l’agglomération lilloise. Sur le mur d’images, celles prises par les drones survolant le Village olympique et le Kipstadium de Tourcoing, où s’entraînent les équipes de basket-ball américaines. Un autre écran affiche le programme des escortes du jour. Punaisées au mur, les photographies aériennes des sites, avec tous les dispositifs mis en place, sont quadrillées pour permettre aux militaires sur le terrain d’indiquer précisément au PCO le lieu d’un fait constaté, comme dans le jeu de la bataille navale.

« Le PCO est organisé en groupes de forces selon la nomenclature OTAN, décrit le lieutenant-colonel Didier Michaud, officier adjoint commandement du GGD et chef du PCO. J1 gère les effectifs, avec un travail de préparation très important effectué en amont pour élaborer tous les dispositifs, du premier au dernier jour. En tout, nous avons entre 320 et 350 gendarmes sur le terrain quotidiennement, dont une soixantaine de réservistes. J2 s’occupe du renseignement et J3 de la conduite des opérations, avec trois groupes de forces dédiés à la sécurisation des sites d’hébergement, d’entraînement, et aux escortes. »

Poste de commandement opérationnel au Groupement de gendarmerie départementale du Nord avec des écrans montrant les images de drones.
© GEND/SIRPA/GND J. PERRIER

« Nous assurons entre 60 et 90 escortes par jour, des lieux d’hébergement vers les sites d’entraînement ou le stade Pierre Mauroy, aller et retour, précise le chef d’escadron Robin Condette, commandant de l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) du Nord. Les patrouilles sont composées de deux, trois ou quatre motocyclistes, en fonction de la sensibilité du convoi et du flux de circulation annoncé autour du stade. Nous sommes deux officiers à nous relayer au PCO pour suivre les différents convois et gérer en conduite toute modification d’horaire ou d’itinéraire, afin de répercuter les éléments à nos patrouilles. Cette manœuvre de liaison est fondamentale. » 60 motocyclistes sont engagés chaque jour. Lors de cette première semaine, l’EDSR a reçu le renfort de 20 motocyclistes des GGD de la Somme, de l’Aisne, de l’Oise et du Pas-de-Calais. Ils seront 10 pour la seconde semaine, puisqu’il n’y aura plus que 16 équipes, et donc moins d’escortes.

Au sein de ce PCO, un détachement de six militaires du Centre zonal des opérations (CZO) de la Région de gendarmerie des Hauts-de-France assure également le suivi opérationnel et s'acquitte de la remontée des informations, en temps réel, vers le Centre national des opérations (CNO) de la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) et le Centre opérationnel départemental (COD) activé à la préfecture.

 

Lundi 29 juillet, 14 heures, Villeneuve-d’Ascq, Village olympique

Destiné à devenir une résidence étudiante après l’été, le Village olympique de Villeneuve-d’Ascq est un site flambant neuf. Terrains de sport, salle de musculation, pistes d’athlétisme et parcours en sciure pour détendre les jambes des sportifs… Dans le jardin, un écran géant installé pour la cérémonie d’ouverture permet de suivre les épreuves des Jeux.

Sur les 24 équipes de basket-ball engagées lors de la phase de poules de la première semaine des Jeux, 20 sont hébergées ici. Seules les deux équipes américaines, masculine et féminine, dorment, en alternance, à l’Hermitage Gantois, en plein centre de Lille, tandis que l’équipe de France masculine a choisi comme lieu d’hébergement et d’entraînement le Centre de ressources d’expertise et de performance sportive (CREPS), à Wattignies. Enfin, l’équipe belge féminine loge à domicile, de l’autre côté de la frontière.

Gendarmes du PSIG en sécurisation au Village olympique de Villeneuve-d'Ascq.
© GEND/SIRPA/GND J. PERRIER

« Ces trois sites sont en zone police, mais sont sécurisés par la gendarmerie, selon la répartition des blocs missionnels, explique la lieutenante-colonelle Johanna Di Pietro, commandante de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Lille et cheffe du groupe de forces hébergement du PCO. Ils ont fait l’objet de nombreuses visites afin d’en évaluer les points forts, les points faibles, voir ce qu’on pouvait améliorer en termes de sécurité. »

Le Village olympique est surveillé 24 heures sur 24 : deux binômes au filtrage aux deux entrées, deux gendarmes en patrouille en véhicule autour du site, deux à vélo et deux à pied à l’intérieur, et six militaires des Pelotons de surveillance et d'intervention gendarmerie (PSIG) de Valenciennes et d'Hallennes-lez-Haubourdin, sans oublier le chien Scar.

En permanence, un drone filaire survole le site. « Sa base fournit l’énergie et récupère le flux vidéo, précise le major de réserve Éric, l’un des deux télépilotes à se relayer aux commandes de l’appareil. On peut le manœuvrer en mode manuel, avec le joystick, ou le programmer pour qu’il fasse un mouvement de 360° en automatique. » D’autres drones, non filaires ceux-là, peuvent également être envoyés sur n’importe quel site, à la demande du PCO. Deux équipes de Lutte anti-drone (LAD) peuvent aussi être projetées en fonction des besoins opérationnels, comme ce 29 juillet, sur le toit du bâtiment du Village.

Patrouille à vélo de deux gendarmes au village olympique de Villeneuve-d'Ascq.
© GEND/SIRPA/GND J. PERRIER

Lundi 29 juillet, 18 heures, Lille, hôtel L’Hermitage Gantois

L’équipe américaine féminine de basket-ball s’apprête à quitter son hôtel cinq étoiles pour rejoindre le lieu de compétition, le stade Pierre Mauroy, où elle affronte le Japon. Dans la rue qui porte également le nom de l’ancien premier Ministre et maire de Lille, de nombreux curieux se sont rassemblés derrière les barrières, espérant apercevoir les joueuses. Rien à voir avec l’affluence qui se masse à chaque départ ou arrivée de l’équipe masculine, et de ses stars de la NBA, Lebron James ou Stephen Curry, mais un important dispositif est mis en place, à la fois par la gendarmerie et les polices nationale et municipale.

« Dix gendarmes sécurisent le site 24 heures sur 24 depuis la dépollution de l’hôtel, décrit la cheffe du groupe de forces hébergement. Ils sont renforcés à chaque départ ou arrivée d’une équipe par six militaires du Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (PSPG) de Gravelines. » Le PSPG est par ailleurs engagé pendant toute la durée des Jeux Olympiques en concours du RAID, l’unité d’intervention spécialisée de la police nationale.

Sous l’œil du beffroi de l’Hôtel de ville, les Américaines s’engouffrent dans le bus noir qui démarre immédiatement, escorté par les motocyclistes de l’EDSR.

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Mardi 30 juillet, 10 heures, Lille, rives de la Deûle

Rivière dont l’essentiel du cours a été canalisé, la Deûle traverse Lille, encerclant le parc de la Citadelle, le plus grand espace vert de la ville. Un lieu de promenade très agréable, mais pas de baignade, rigoureusement interdite, car très dangereuse. Lors des grands événements, comme la Fête nationale, la Grande braderie du mois de septembre, et bien sûr lors de ces Jeux Olympiques, l’affluence est forte et les risques de chute et de noyade augmentent en conséquence. La veille, les gendarmes de la Brigade fluviale de gendarmerie (BFG) de Douai ont d’ailleurs dû se jeter à l’eau pour secourir deux personnes.

Pour prévenir ces risques de noyade, ces gendarmes se relaient pour patrouiller à la fois sur le canal et sur les rives. « Deux sur le bateau et deux en patrouille pédestre, de 8 heures à 1 heure du matin, précise l’adjudant Alexandre, commandant adjoint de l’unité. Les quatre autres militaires restent dans les locaux de la BFG, et ensuite on inverse les rôles. Cette grande amplitude s’explique par les horaires de match, le premier commençant à 11 heures, le dernier se terminant vers 23 heures. Il y a donc beaucoup de monde, jusqu’à minuit environ. Nous faisons aussi de la prévention auprès des petits bateaux à moteur, qu’on peut louer sans permis, pour leur rappeler le danger qui peut se présenter lorsqu’ils arrivent sur le bras principal du canal, où naviguent des bateaux de 80 à 110 mètres qui ne peuvent pas s’arrêter facilement. »

Patrouille de la Brigade fluviale de gendarmerie de Douai.
© GGD 59

Mardi 30 juillet, 15 heures, Wattignies, Centre de ressources d’expertise et de performance sportive (CREPS)

Pour arriver au CREPS, il faut quitter Lille en direction du sud. On se retrouve vite à travers champs, presque à la campagne. Étendu et arboré, le site offre de nombreuses zones ombragées, particulièrement appréciables en cet avant-dernier jour de juillet caniculaire. C’est ici que l’équipe de France masculine de basket-ball a choisi de poser ses bagages, afin notamment de bénéficier d’une structure qui soit à la fois un lieu d’hébergement et d’entraînement. « En raison de sa superficie, les patrouilles se font à vélo, avec deux binômes de réservistes qui en couvrent chacun une moitié, explique la lieutenante-colonelle Di Pietro. Il y a également un binôme en filtrage et un autre qui patrouille en véhicule autour du site, ainsi qu’une réserve d’intervention de trois gendarmes d’active. »

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À l’heure du départ pour rencontrer le Japon, les joueurs sortent un par un de leur lieu de résidence. Au moment où les stars, comme Rudy Gobert, Nicolas Batum et surtout Victor Wembanyama, alias « Wemby », montent dans le superbe bus bleu blanc rouge, les trois motocyclistes de l’EDSR sont déjà en place, prêts à assurer la mission d’escorte. Le bus pourra ainsi circuler facilement dans le trafic déjà dense en direction du stade Pierre Mauroy. Les Bleus l’emporteront d’un souffle, après prolongation (94-90), s’ouvrant ainsi les portes des quarts de finale.

Lundi 5 et mardi 6 août, s’opère la bascule entre le basket et le hand. Les 16 équipes qualifiées pour la phase finale de handball découvriront à leur tour le stade Pierre Mauroy, le Village olympique, les différents lieux d’entraînement, et bénéficieront, elles aussi, de la protection des gendarmes, jour et nuit.

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