Tour de France 2024 : au cœur du dispositif de sécurisation de la Grande Boucle
- Par Hélène THIN
- Publié le 04 août 2024
Alors que la 111e édition du Tour de France 2024 s’est achevée ce dimanche 21 juillet 2024, à Nice, GendInfo revient sur le dispositif exceptionnel déployé tout au long du parcours, afin d’assurer la sécurité des coureurs et du public. Focus sur l’action du Groupement de gendarmerie départementale des Hautes-Alpes (05) lors de l’étape 18, ayant relié Gap à Barcelonnette.
Savines-le-Lac, département des Hautes-Alpes (05). Ce jeudi 18 juillet, aux abords du pont de Savines, surplombant le lac de Serre-Ponçon, une centaine de militaires se rassemble en demi-cercle autour du lieutenant-colonel Pierre Bichon, commandant en second du Groupement de gendarmerie départementale des Hautes-Alpes (GGD 05). Le briefing des gendarmes engagés sur le dernier tronçon de l’étape 18 du Tour de France 2024 peut alors commencer, en cette fin de matinée estivale. Consignes et objectifs de la mission du jour sont ainsi rappelés aux militaires.
Au même moment, la caravane publicitaire du Tour, convoi de 150 véhicules, précédant les coureurs, s’élance au départ de Gap en direction de Barcelonnette, point d’arrivée de la course. L’étape du jour compte 179,5 kilomètres, dont 156,4 se situent en zone gendarmerie, et 132,6 dépendent du ressort du GGD 05. À quelques heures du passage de la caravane et des cyclistes, les gendarmes se déploient sur le terrain, prenant possession des points stratégiques. Course légendaire, parmi les plus suivies de la planète, la Grande Boucle attire chaque été une foule de spectateurs. Installés sur le bord des routes, ces derniers tentent d’approcher les cyclistes, mais aussi de récolter les cadeaux publicitaires distribués par les marques présentes dans la caravane.
Si l’événement est avant tout festif, le danger n’est pas moins présent. Afin de sécuriser cette course hors norme, quelque 13 000 gendarmes, d’active et de réserve, ont été déployés tout au long du Tour de France, notamment pour l’exécution de missions d’escorte et d’ordre public.
L’officier de liaison, au cœur du dispositif
La préparation du dispositif de sécurité déployé pour la 111e édition du Tour de France a commencé plusieurs mois en amont. La course, qui s’est déroulée du 29 juin au 21 juillet 2024, a traversé 30 départements français. Plus de 90 % du tracé de la Grande Boucle se situant en zone gendarmerie, l’Institution a joué un rôle de premier plan dans l’élaboration du plan de sécurisation de l’événement, en lien avec Amaury Sport Organisation (ASO), l’entreprise organisatrice.
Les 13 000 militaires mobilisés étaient issus des différentes formations de la gendarmerie nationale : escadron motocycliste et peloton d’intervention de la Garde républicaine, unités de la gendarmerie départementale (brigades, pelotons de surveillance et d’intervention, escadrons départementaux de sécurité routière), escadrons de gendarmerie mobile, écoles de gendarmerie ou encore gendarmeries spécialisées (GIGN, équipes cynophiles, forces aériennes, pelotons de gendarmerie de haute montagne…).
Ce dispositif exceptionnel a été placé sous la responsabilité d’un homme. Le lieutenant-colonel Frédéric Beretti, spécialiste de la sécurité publique générale et des mobilités, assurant la fonction d’officier de liaison. C’est lui qui, dès l’automne 2023, a piloté les opérations de conception du dispositif de sécurisation, et exercé un rôle de conseil auprès d’ASO. Détaché le temps de l’événement de ses fonctions au sein de la section des flux terrestres (Direction générale de la gendarmerie nationale), il a coordonné le dispositif de l’intérieur, assurant l’interface entre les unités de terrain et le centre de coordination. Une mission à la fois centrale et stratégique, au vu de la portée internationale et des enjeux de cette compétition.
Mouvements contestataires, action terroriste, infractions routières, troubles à l’ordre public, comportements à risque, évacuation des blessés … sont autant de risques à anticiper et à couvrir afin de garantir le bon déroulement de la compétition. Les forces et moyens engagés sur chacune des étapes ont été déterminés selon les besoins identifiés au préalable, avec l’appui des groupements de gendarmerie départementale situés sur le tracé de la course, et chargés de la mise en œuvre opérationnelle des dispositifs. « Le dispositif de gendarmerie est à la hauteur des exigences de sécurité constatées. Il associe la gendarmerie départementale des Hautes-Alpes, les renforts des départements limitrophes, les divers appuis de la gendarmerie mobile, mais également les moyens spéciaux, tels que le peloton de gendarmerie de haute montagne, la section aérienne de gendarmerie, et l’ensemble des forces qui nous sont allouées sur les quatre étapes traversant le département », précise le lieutenant-colonel Pierre Bichon, commandant en second du GGD des Hautes-Alpes.
Un important travail de renseignement a également été mené par les unités locales, en liaison avec les groupements de gendarmerie limitrophes, la police nationale et le Service départemental du renseignement territorial (SDRT). Des actions de contrôle et de surveillance ont été conduites sur le terrain les jours précédant l’épreuve, afin de dissuader ou neutraliser toute entreprise malveillante.
Des moyens de sécurité exceptionnels, à la hauteur de l’événement
Après un départ donné à Gap (zone police) le jeudi 18 juillet, la course rejoint la portion du tracé située en zone gendarmerie. À partir de cet instant, la Gendarmerie reprend la main sur la sécurisation de la compétition.
Plus tôt dans la matinée, une réunion sécurité s’est tenue au village de départ du Tour de France. « Un point quotidien est ainsi organisé chaque matin, auquel sont associés l’officier de liaison de la gendarmerie, le commandant de groupement, le haut fonctionnaire du Tour, Amaury Sport Organisation, des représentants de la direction départementale de la sécurité publique, de la préfecture, du conseil départemental et du service départemental d'incendie et de secours, explique le lieutenant-colonel Frédéric Beretti. Nous évaluons alors la menace du jour, selon les dernières informations en notre possession, et effectuons les réajustements nécessaires. » Conçus depuis plusieurs mois, les dispositifs de sécurité sont ainsi réévalués quotidiennement, afin de coller au plus près de la menace.
À Savines-le-Lac, à l’issue du point matinal marquant le coup d’envoi de l’étape 18, chaque militaire rejoint son poste. À l’instar de chacune des étapes, les militaires du groupe de forces de jalonnement, composé de gendarmes issus du GGD 05 et d’autres unités affectées en renfort, embarquent à bord de véhicules pour être déposés sur leur lieu de mission. Rattachés à un chef de secteur, dont ils recevront les consignes, ces militaires sont positionnés aux différents emplacements stratégiques du parcours. Statiques durant toute la durée de la course, ils ont pour mission de tenir les points névralgiques, d’assurer le passage en toute sécurité des coureurs et de la caravane, d’empêcher toute intrusion, de détecter les comportements suspects, de fluidifier le trafic, de rendre compte de tout incident, ainsi que de renseigner sur la viabilité des axes. Ils procéderont à la fermeture des voies, une heure avant le passage de la caravane, le Tour de France bénéficiant de l’usage privatif exclusif de la chaussée. Constitué de 258 militaires ce 18 juillet, le groupe de forces de jalonnement constitue le plus gros des effectifs.
Il est complété par des équipes mobiles d’intervention, capables d’intervenir à tout moment sur les points menacés. Un groupe de forces de police judiciaire, placé sous la responsabilité d’un chef de secteur, se tient prêt à intervenir sur tous les points de l’itinéraire, pour la prise en compte d’une enquête.
Le dispositif se compose également d’un groupe de forces « bulle de course », constitué de motocyclistes de la Garde républicaine et de l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR 05). Ce dernier est chargé des manœuvres de fermeture et de réouverture des routes, d’alerter les membres du dispositif du passage imminent de la caravane et de la course, ou encore d’établir les constatations en cas d’accident. Engagés sur le Tour de France depuis 1953, les motocyclistes de la Garde républicaine sont quant à eux chargés de constituer une bulle hermétique autour de la caravane et de la course, afin de garantir la viabilité de l’itinéraire. « Clé de voûte du dispositif de sécurité, la Garde républicaine dispose d’une expertise et d’un savoir-faire unanimement reconnus. Sa présence sur le Tour de France représente une véritable plus-value », estime le lieutenant-colonel Frédéric Beretti.
Enfin, un groupe de forces contre le terrorisme, composé de militaires du GIGN, a pour rôle de neutraliser ou fixer toute menace à caractère terroriste. Le dispositif est aussi complété par plusieurs unités spécialisées. Lors de l’étape 18, la brigade nautique de la gendarmerie a ainsi été mobilisée pour la prise en compte des risques sur le lac de Serre-Ponçon.
Ce dispositif est réarticulé chaque jour, selon les spécificités de l’étape. Le lendemain, le GGD 05 mobilisera ainsi 350 militaires sur les 42,6 kilomètres dépendant de son ressort, à l’occasion de l’étape 19. Une séquence particulièrement sensible, marquée notamment par la sécurisation du départ de la course sur la commune d’Embrun (05), lieu de rassemblement important du public.
La gestion des spectateurs, point cardinal du dispositif de sécurité
La mission des GGD tout au long du Tour s’articule autour de quatre axes que sont le renseignement, le contrôle des flux, la sécurisation et l’intervention. Outre les personnes (coureurs, membres des équipes, personnalités officielles et public), le dispositif de sécurité couvre également l’itinéraire de la course, les convois logistiques et les lieux d’hébergement. Une tâche colossale pour les forces de sécurité intérieure, au vu de l’ampleur et de la durée de l’événement.
L’objectif est d’assurer la sécurité des concurrents, comme celle des spectateurs, notamment sur les sites dits sensibles. S’ils sont dix à douze millions à se retrouver chaque été sur le bord des routes afin de profiter du spectacle qu’offre la Grande Boucle, une concentration particulièrement forte de personnes est observée aux intersections, ainsi qu’aux principaux points d’intérêt de la course (sprint, descentes, traversées de villages, cols…) ou dans les zones étroites, nombreuses en montagne.
Les spectateurs s’approchant au plus près des cyclistes ou de la caravane, afin d’obtenir une photo ou un cadeau publicitaire, représentent un danger à la fois pour eux-mêmes et pour les coureurs, dont ils peuvent gêner la progression. Générateurs d’incidents divers (congestion du trafic, débordement de foule, troubles à l’ordre public, alcoolisation…), les grands rassemblements requièrent la vigilance absolue des gendarmes. La canalisation du public, notamment lors des phases d’installation et d’évacuation des sites, constitue un élément central de la sécurisation de la course. En témoignent les nombreux rappels à l’ordre des gendarmes à l’adresse du public, ce jeudi 18 juillet, sur la commune de Savines-le-Lac, à quelques minutes du passage de la caravane. À l’affût du moindre mouvement suspect, les miliaires veillent à ce que personne ne quitte la zone protégée.
« La réussite de notre mission repose sur notre capacité d’anticipation, ainsi que notre rapidité d’action, souligne l’officier de liaison. Chaque jour est différent, et nous devons nous préparer à toute éventualité. Nous devons être en mesure de traiter tout événement, quelle qu’en soit la nature. »
Parallèlement aux manœuvres de sécurisation des étapes du Tour de France, les capacités d’intervention du groupement doivent en outre être préservées, afin d’assurer sa mission quotidienne au service de la population, notamment en cas d’événement inopiné.
« Le département des Hautes-Alpes a accueilli quatre étapes du Tour de France 2024. Un défi de taille pour notre groupement, aussi bien pour planifier que pour conduire l’opération. La manœuvre a nécessité un fort engagement des militaires du GGD 05, appuyés par ceux d’autres départements de la zone de défense et de sécurité Sud (Alpes-de-Haute-Provence, Var, Bouches-du-Rhône). Situé en zone montagneuse, notre département présente des particularités géographiques induisant d’importantes contraintes de circulation, lesquelles ont grandement complexifié la mission, précise le colonel Jérôme Grange, commandant du GGD05. Les gendarmes ont répondu présent tout au long de l’événement, malgré la préparation, au même moment, des Jeux Olympiques de Paris, qui ont mobilisé d’importants moyens et effectifs de gendarmerie. Leur esprit d’initiative et leurs capacités de réaction ont directement contribué à la pleine réussite de cette mission majeure. »
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