Guyane : le major Aurélien Coutant, capitaine de la vedette La Charente, raconte sa passion pour la mer

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 13 octobre 2024
Le major Aurélien Coutant à la barre de la VCSM.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

En Guyane, nous avons embarqué pendant plusieurs jours à bord de la Vedette côtière de surveillance maritime (VCSM) P613 La Charente, basée à Cayenne. Entretien avec son commandant, le major Aurélien Coutant.

Major, pouvez-vous retracer votre carrière ?

Je suis entré à l’École des sous-officiers de la gendarmerie nationale de Libourne en 2005. À l’issue de ma scolarité, j’ai rejoint la Brigade territoriale autonome (BTA) de Brignoles. J’ai obtenu plusieurs qualifications au cours de cette affectation, notamment mon examen d’Officier de police judiciaire (OPJ) et mon certificat militaire d’anglais. J’ai également commencé ma formation de plongeur enquêteur subaquatique, mais j’ai été victime d’un accident de décompression. En 2011, j’ai eu l’opportunité de suivre la formation de chef de quart au sein du Centre national d’instruction de la gendarmerie maritime (CNIGM). J’ai effectué ma confirmation sur le Patrouilleur côtier gendarmerie (PCG) La Jonquille, basé à Toulon, de 2012 à 2013, avant de devenir chef de quart confirmé sur le même navire. J’ai ensuite obtenu une première affectation en outre-mer pour servir sur le PCG La Violette, positionné à la Guadeloupe, pendant trois ans. À l’issue, je suis revenu en métropole en tant que commandant en second de La Jonquille. De 2019 à 2020, j’ai été chargé des mêmes fonctions sur la Vedette côtière de surveillance maritime (VCSM) Odet, avant de prendre le commandement du sister-ship Verdon, toutes deux étant basées à Dzaoudzi, à Mayotte. En août 2022, j’ai été muté à la tête de La Charente, en Guyane. Il s’agit de ma troisième affectation outre-mer.
Ces différents postes m’ont permis de découvrir des objectifs et des missions différentes. Le sujet principal à Mayotte est la question migratoire, alors que les missions prioritaires assignées à la gendarmerie maritime en Guyane sont la police des pêches et la sécurisation des lancements opérés par le centre spatial. Mes différentes affectations m’ont fait grandir.

Les conditions de votre affectation en Guyane ont, semble-t-il, été un peu particulières. Pouvez-vous nous en dire plus ?

À mon arrivée, j’aurais dû prendre la tête de la VCSM La Mahury. Néanmoins, celle-ci avait subi des dommages structurels qui nécessitaient de la convoyer en métropole. Nous ne disposions donc plus de navire. Pendant six mois, nous avons occupé le terrain avec notre Embarcation fluviale rapide (EFR). Ces patrouilles nous ont permis de reconnaître les fleuves, les criques et les adversaires, tant dans le domaine de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (pêche INN), qu’en matière de Lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI). Nous avons notamment pu hydrographier de nombreuses zones qui ne l’étaient pas. La Charente est arrivée depuis la métropole en décembre 2022. Les navires portent en principe le nom des fleuves qui traversent les départements où ils sont positionnés. Cette VCSM, qui se trouvait à la brigade de gendarmerie maritime de La Rochelle, a été désignée par le Commandement de la gendarmerie maritime (COMGENDMAR) pour remplacer la Mahury en Guyane. Celle de Boulogne-sur-Mer venait de recevoir l’une des nouvelles VCSM nouvelle génération. Son navire, La Scarpe, a été réaffecté à La Rochelle.

À l’arrivée de La Charente, nous avons eu quinze jours pour procéder à sa tropicalisation, c’est-à-dire l’adapter aux conditions de mer de la Guyane et la doter de climatiseurs et de ventilateurs. Nous avons ensuite réalisé deux semaines d’entraînement. L’équipage n’avait pas navigué depuis un an, mais sa solide expérience lui a permis de devenir rapidement apte à la mer. Nous avons ensuite obtenu notre qualification opérationnelle en janvier 2023.

Pour en savoir plus sur la qualification opérationnelle

 

Pourquoi avez-vous souhaité rejoindre la gendarmerie maritime ?

Depuis tout petit, j’ai toujours été passionné par la mer. Mon père m’emmenait faire de la voile en Méditerranée. J’ai découvert la Manche - Mer du Nord au gré de ses mutations. Les conditions n’avaient rien à voir avec le sud. J’ai navigué sur différents types de bateaux, du Laser à l’habitable, en passant par la planche à voile. J’ai été séduit par la navigation hauturière. Lorsque je vivais à Canet-en-Roussillon, j’observais les marins de la gendarmerie maritime manœuvrer. J’ai également effectué un convoyage de voilier vers Tahiti. J’ai pu voir les gendarmes du patrouilleur Le Jasmin alors qu’ils s’exerçaient. C’est cette rencontre qui a fait naître ma vocation. L’association de la navigation, de la passion de la mer et des activités de contrôle et de protection de l’environnement m’a séduit. Je me suis engagé en gendarmerie avec l’objectif d’intégrer la gendarmerie maritime.

La Charente naviguant sur un fleuve.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

Comment en êtes-vous venu à occuper des postes à responsabilité ?

Je ne cherchais pas nécessairement les responsabilités. Mais lors de mon affectation à la BTA de Brignoles, j’ai rapidement compris l’intérêt de gagner en autonomie, notamment en obtenant l’OPJ. Ma qualité d’enquêteur m’a permis d’insuffler une dynamique qui m’a incité à devenir gradé. J’ai intégré la gendarmerie maritime au grade de maréchal des logis-chef. Le reste est venu naturellement. La formation de chef de quart est celle qui implique le plus de responsabilités et qui conduit vers l’exercice du commandement.
Aujourd’hui, je m’épanouis dans mon métier. Le rythme d’emploi est très soutenu, mais je connais mon domaine d’action et le commandement à la mer. Souhaitant évoluer, j’ai réussi le concours d’Officier de gendarmerie issu du rang (OGR). La scolarité aura lieu en 2025. Ce changement de corps constitue un aboutissement. Je souhaite poursuivre en gendarmerie maritime et commander des unités navigantes plus conséquentes.

À titre personnel, comment vivez-vous votre séjour en Guyane ?

La Guyane, c’est l’aventure. En 2014, ma femme et moi, on disait qu’on ne demanderait jamais une affectation dans ce département. Aujourd’hui, je considère que c’est le meilleur des outre-mer que j’ai fait. La Guyane souffre d’une réputation qui ne lui rend pas justice. Il y a certes quelques dangers et précautions à connaître, comme partout, mais l’aventure est exaltante. On a affaire à des paysages qu’on ne voit nulle part ailleurs. Les missions sont diversifiées et épanouissantes.
La Guyane offre de nombreuses possibilités d’activités et de nombreuses structures. Avec ma femme et mon fils, nous aimons dormir en carbet, admirer la forêt équatoriale qui se réveille dans la brume, aller au lac de Petit-Saut, effectuer des randonnées et découvrir la vie des gens du fleuve, la culture amérindienne, l’histoire du bagne de Guyane et des Hmongs. Mon fils pratique le rugby et fait de la voile ainsi que de la natation.

Une fois officier, je demanderai un maintien sur place. Je suis un mordu de découvertes et d’outre-mer.

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