80e Anniversaire du Débarquement en Normandie : la troisième dimension au cœur du dispositif de sécurisation

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 07 juin 2024
Photo d'un clocher avec le passage au dessus de deux hélicoptères gendarmerie.
© BCOM RGBRET - ADJ C. Hautier

Hélicoptères des forces aériennes de gendarmerie, drones, mais aussi dispositifs de lutte anti-drone et coordination de la manœuvre 3D, la maîtrise de la troisième dimension est indispensable à la conduite opérationnelle, notamment en termes d’acquisition et de transmission de l’information et des images dans le temps de l'urgence de la mission.

C’est à travers une itinérance mémorielle que la France célèbre en ce mois de juin 2024 le 80e anniversaire du Débarquement en Normandie. Près d’une vingtaine de cérémonies nationales et internationales sont ainsi planifiées, particulièrement dans le Calvados et la Manche, mais également dans l’Eure et le Morbihan.

C’est d’ailleurs dans ce département breton, et plus précisément à Plumelec, le 5 juin, qu’une première cérémonie, en présence du président de la République, nécessite la mise en œuvre du dispositif d’appui 3D de la gendarmerie. Ce jour-là, la manœuvre aéroterrestre est placée sous la responsabilité exclusive de la gendarmerie. « En revanche, les deux jours suivants, qui verront successivement la tenue de la cérémonie internationale à Omaha beach, le 6 juin, et de deux cérémonies majeures à Bayeux et Cherbourg, le lendemain, nous travaillerons au sein du cadre du Dispositif particulier de sûreté aérienne (DPSA), sous l’autorité de l’armée de l’Air et de l’Espace, en coopération avec le Dispositif particulier de sauvegarde maritime, qui déploiera également des moyens de détection aériens et de lutte anti-drone embarqués », explique le colonel Sébastien Clerbout, pilote , commandant les Forces aériennes de gendarmerie Ouest (FAGO) et responsable de la manœuvre 3D à l’occasion des commémorations.

Missions : l’observation recherche, l’information en temps réel, l’intervention

L’appui 3D à la manœuvre opérationnelle au sol passe naturellement par l’emploi des hélicoptères et l’engagement des gendarmes navigants, dont les missions vont être principalement d’observer, de déceler toute anomalie, et de transmettre en direct l’information et l’image aérienne aux échelons opératifs, tactiques et stratégiques, tant dans le cadre de la manœuvre de gestion des mobilités, primordiale pour s’assurer de la fluidité des axes, que sur la sécurisation des convois et des lieux de cérémonie.

Avec leur capacité de retransmission d'images en direct dans les différents postes de commandement et au sol, permettant d’alerter sur d’éventuels engorgements d’axes mais aussi d'objectiver et de matérialiser les faits délictuels, ils sont ainsi un outil essentiel à la prise de décision opérationnelle. Une plus-value d’autant plus évidente plus que le dispositif s’étend sur 90 km de long et 40 km à l’intérieur des terres. « Outre l’appui « images » dans le temps courant, nous sommes également en capacité d’apporter un appui phare ou un appui feu, ou encore d’effectuer une bascule de forces rapide, notamment grâce à la capacité d’emport des EC145 », précise le pilote.

En place dès le 3 juin, les équipages des FAGN interviendront ainsi depuis Caen sur l’ensemble de l’itinérance mémorielle jusqu’au 7 juin. « La montée en puissance du dispositif est échelonnée en raison du chevauchement avec le Relais de la Flamme Olympique. Au plus fort de la manœuvre, nous aurons trois EC135 (les SAG de Rennes, Tours, Villacoublay, Amiens, seront engagées NDLR), un EC145 du Centre national d’instruction des FAGN, employé pour le transport, ainsi que deux appareils, un Puma du Groupe interarmées d’hélicoptères (GIH) et un EC145 de la SAG de Villacoublay dédié au GIGN. »   

Moyens complémentaires et soutien FAGN

Les missions dédiées aux gendarmes navigants sont définies et réparties par le chef de détachement FAGN, qui est en outre le garant du respect de tous les aspects normatifs liés à l’emploi des hélicoptères et des drones (conformité de la météo, déclaration des missions…).

Outre les équipages et les aéronefs, le détachement FAGN comprend un chef de plot mécanique, afin d’assurer le maintien en condition opérationnelle ; un major de camp, chargé de la gestion des aspects logistiques ; un plot avitaillement, comprenant deux personnels chargés d’avitailler les hélicoptères à partir des deux camions avitailleurs projetés à Caen depuis Tours et Rennes ; un plot soutien dépannage pour la retransmission, en mesure d’intervenir sur les relais et de renforcer, au besoin les P.C. ; et enfin un camion de retransmission T6 zonal. Un hélicoptère (Écureuil) est déployé pour faciliter les mouvements de l’appui logistique, en mesure de renforcer les autres aéronefs engagés.

 

 

Acquisition de l’information opérationnelle et d'images par drones

Dans une logique de bulle tactique de proximité, la gendarmerie déploie également plusieurs équipes de télépilotes de drone travaillant en binôme. Offrant des capacités durcies et étendues, les  drones matrice 300  en dotation au COMFAG basé à Villacoublay et à la FAGSO (Force aérienne de gendarmerie du Sud-Ouest) sont associés à un véhicule de retransmission capable de recevoir en simultané les images des drones et des hélicoptères et de les retransmettre en direct. Les autres drones, ceux-là zonaux, chacun armé par un binôme, sont également dotés de capacités de retransmission directe.

Afin d’anticiper une éventuelle saturation des relais 4G, d’éventuels dysfonctionnements, voire une attaque cyber, un dispositif parallèle et confidentiel est mis en réserve.
Permettant l'acquisition de l’information et la retransmission de l'image aérienne dans un espace restreint et dans le temps de l'urgence opérationnelle, les drones sont déployés au profit des différents GTG, auxquels ils offrent un potentiel complémentaire à celui des hélicoptères.

Ce dispositif de captation d’images (photos et vidéos) est complété par les télépilotes de drones de la CNOEIL, Cellule Nationale d'Observation et d'Exploitation de l'Imagerie Légale, du Groupement blindé de gendarmerie mobile de Versailles-Satory.

Un gendarme de dos avec un gilet sur lequel on peut lire "Gendarmerie télépilote drone" et en fond, un drone entrain de voler.
© BCOM RGBRET - ADJ C. Hautier

Lutte anti-drone

Désormais incontournable sur la sécurisation de tous les grands événements, la problématique des drones non autorisés est incluse dans la manœuvre 3D globale. À charge exclusive de la gendarmerie le 5 juin, à Plumelec, elle est intégrée dans le DPSA à compter de son activation, les 6 et 7 juin. Au cours de ces deux journées, les moyens de la gendarmerie concourent à la manœuvre pilotée par l’armée de l’Air et de l’Espace, à hauteur de six équipes de la Région de gendarmerie zonale ouest (plus une septième en réserve, avec des militaires en capacité de renforcer les autres dispositifs) et deux équipes de la Section de protection appui drone (SPAD) du 2e régiment d'infanterie de la Garde républicaine, soit un total de 25 militaires.

Répartis autour des lieux de cérémonies, en fonction de l’intensité anticipée et en complémentarité du dispositif mis en place par l’armée de l’Air, les opérateurs, dotés de moyens spécifiques, auront pour mission de déceler toute intrusion de drone dans la zone interdite de survol, et, en cas de besoin, les brouiller, soit sur ordre de la Haute autorité de défense aérienne (armée de l’Air) dès lors que le DPSA est activé, soit d’initiative si la cinématique de vol du drone ne permet pas d’attendre l’ordre de brouillage. La SPAD étant quant à elle plus spécifiquement dédiée à la sécurité des convois et des lieux de cérémonies auxquelles assistent les plus hautes autorités gouvernementales.
La Gendarmerie des transports aériens (GTA) est également impliquée dans la lutte anti-drone du DDAY à différents niveaux.

Elle engage d’importants moyens de lutte anti-drone H.24 sur les aéroports impactés par les flux générés par les commémorations. De manière quasi-simultanée sur les infrastructures de Vannes, Saint-Malo, Cherbourg et Deauville, mais aussi à Caen et Rouen, emprises aéroportuaires sous la responsabilité de la police. Des moyens renforcés sont déployés sur le périmètre des pistes lors des arrivées et des départs d'autorités.

Elle est également présente dans la composante appui aux unités, en fournissant aux unités de la gendarmerie départementale et à la SPAD les matériels indispensables à l’intégration des données de détection dans le Système d’information étatique (SIE).

Pilotage de la manœuvre 3D au sein des postes de commandement

Côté préfecture, au sein du Poste de commandement interservices (PCIS), où se déroule la planification des opérations, la gendarmerie déploie un Coordonnateur de la manœuvre 3D (C3D), en la personne du colonel Sébastien Clerbout, pilote de gendarmerie et commandant de la FAGO ; un DL3D (Détachement de Liaison), en l’occurrence un officier pilote du COMFAG, inclus au sein du DPSA, dont la mission est de fluidifier les échanges s’agissant des manœuvres opérationnelles dans l’espace aérien (missions planifiées ou en conduite), et de faire passer les informations plus rapidement, en flux montant ou descendant ; un DL LAD (officier de la SPAD) inséré au sein du pool LAD du DPSA, avec pour mission d’informer des engagements et des détections des moyens gendarmerie, de recevoir des informations de l’armée de l’Air s’agissant de détections plus éloignées, voire de faciliter l’autorisation de brouillage le cas échéant ; enfin, un opérateur images, chargé de la gestion de tous les flux vidéos.

 

Côté Commandement des forces de gendarmerie (COMFORGEND), au sein du Poste de commandement opérationnel (PCO), où se passe la conduite des opérations, le pool manœuvre 3D est composé de deux DL3D qui assurent la conduite au contact des équipages (s’agissant des hélicoptères et des drones), recueillent les besoins en missions et les transfèrent pour planification ; d’un opérateur images ; d’un chef de détachement drones, conseiller de l’autorité s’agissant de l’emploi des drones, qui recueille les missions décidées par le C3D et les répartit à ses équipes ; et, enfin, d’un chef de détachement LAD, qui remplit les mêmes missions : recueil des besoins en missions et répartition après leur validation.

 

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