Les gendarmes sécurisent les commémorations du 80e anniversaire du Débarquement de Provence

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 23 août 2024
Photo montrant deux gendarmes de dos devant un journal titrant "Débarquement de Provence : une semaine pour se souvenir"
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

Dans la nuit du 14 au 15 août 1944, les troupes alliées débarquaient sur les côtes provençales dans le cadre de l’opération « Dragoon ». 80 ans après, la France commémore cet évènement dans la continuité des cérémonies organisées quelques semaines auparavant en Normandie. Un dispositif de sécurisation conséquent a été mis en œuvre, au sein duquel la gendarmerie a joué un rôle majeur.

Le 14 août 1944, la BBC diffuse le message codé « Nancy a le torticolis ». Pour les réseaux de résistance français, c’est le signal. L’opération « Dragoon » est imminente. Quelques heures plus tard, les premiers combattants prennent d’assaut les plages de Provence et ouvrent un second front après l’opération « Overlord » menée en Normandie. Les premiers à fouler le sol sont les commandos d’Afrique, unité parachutiste de l’armée de Terre française. En deux semaines, la Provence est reprise à l’Allemagne nazie. La libération du reste du territoire peut commencer.

80 ans après, la France et ses alliés célèbrent cet évènement au cours d’une semaine de commémorations. Chefs d’État et de gouvernement, associations d’anciens combattants et spectateurs français et étrangers participent aux cérémonies, dont la sécurisation est tout ou en partie assurée par la gendarmerie nationale. Un dispositif d’ampleur intégrant de nombreux moyens spéciaux est mis en place sous la coordination d’un Centre opérationnel départemental (COD) et d’un Poste de commandement (P.C.) gendarmerie.

Une manœuvre conséquente

Les commémorations débutent le mercredi 14 août en zone gendarmerie. Après La Motte, premier village libéré de Provence, Patricia Mirallès, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, se rend au Rayol-Canadel-sur-Mer afin de rendre hommage aux commandos d’Afrique. Cet évènement mobilise 220 gendarmes et se conclut par un feu d'artifice et une reconstitution du débarquement par des commandos parachutistes provenant du porte-hélicoptères Le Dixmude, amarré dans la baie du Canadel pour l’occasion.

Gendarmes devant le feu d'artifice du Raol-Canadel.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

Le lendemain, une importante cérémonie se tient sur le site de la Nécropole de Boulouris, à Saint-Raphaël, en présence de chefs d’État, de gouvernement et d’autorités ministérielles africaines. Présidée par le Président Emmanuel Macron, elle permet notamment d’honorer l’armée B. Commandée par le général de Lattre de Tassigny, et essentiellement composée de soldats originaires d’Afrique, elle joua un rôle important dans la libération de la Provence, et devint la Première Armée française. Cette cérémonie mobilise pas moins de 580 gendarmes en renfort de la police nationale. Outre l’engagement de trois Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) et de plusieurs autres unités, l’escorte des autorités est confiée à la gendarmerie nationale. Plus de 100 motocyclistes, provenant de tout le territoire national, sont ainsi présents afin d’assurer cette mission stratégique au profit du Président de la République, Emmanuel Macron, escorté depuis le Fort de Brégançon, et de plusieurs chefs d’État ou de gouvernement étrangers et de ministres.

Le samedi 17 août, le Président de la République se rend à Bormes-les-Mimosas afin de célébrer les 80 ans de la libération de la ville par les alliés et de rendre hommage aux communes de l'arrière-pays varois engagées dans la résistance. 280 gendarmes sont mobilisés, dont des tireurs d’élite de la Garde républicaine.

Plusieurs autres commémorations sont également prévues au cours de la semaine. Une partie d’entre elles sont néanmoins annulées en raison des conditions météorologiques, à l’image de la reconstitution prévue sur les plages de Toulon, le jeudi 15 août.

La sécurisation de cet évènement ne peut être possible sans l’engagement d’effectifs de gendarmerie conséquents, habituellement essentiellement pourvus par des EGM. Nombre d’entre eux étant indisponibles en raison de leur engagement sur les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, une compagnie de marche a spécifiquement été créée. Constituée en quasi-totalité de gendarmes départementaux d’active issus d’unités de la région zonale sud, la compagnie de marche est structurée de manière similaire à un escadron. Composée de quatre pelotons, elle est commandée par le capitaine Jean-Sébastien Kleindienst, d’ordinaire à la tête du Peloton de surveillance et d’intervention (PSIG) de Gassin-Saint-Tropez et détaché pour l’occasion.

Le capitaine Jean-Sébastien Kleindienst, commandant la compagnie de marche.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

« Il s’agit d’un outil assez fort, spécialement créé afin d’assurer la sécurisation du 80e anniversaire du débarquement de Provence, explique l’officier. Les militaires viennent majoritairement des régions PACA et Occitanie. Les ordres sont transmis par les commandants de compagnie des différents secteurs sur lesquels nous agissons. Je les décline ensuite à mon niveau en employant ma ressource de manière à pouvoir sécuriser l’ensemble des cérémonies. »

En raison de la dimension de l’évènement, de son étalement dans la durée et des nombreuses administrations engagées en zone police comme en zone gendarmerie, un centre de commandement est structuré afin d’assurer la coordination du dispositif.

Coordonnée par le COD et le P.C. « Harpon »

À la préfecture de Toulon, sont installés un Centre opérationnel départemental (COD), au sein duquel se trouve un Poste de commandement (P.C.) Air, ainsi qu’un P.C. gendarmerie dénommé « Harpon », afin de coordonner le dispositif de sécurité mis en œuvre à l’occasion de la cérémonie du 15 août. Les autres jours, seul le P.C. « Harpon » est activé.

« Le COD est une cellule inter-services de crise, précise le lieutenant-colonel Stéphane Bontemps, commandant en second le groupement de gendarmerie départementale du Var. Placé sous l’autorité du préfet, le COD réunit les différents services de l’État que sont la police et la gendarmerie nationales, les pompiers, le SAMU, l’Agence régionale de santé, l’armée de l’Air ou encore le délégué militaire départemental. En raison de l’ampleur de l’évènement, il est complété par un dispositif purement gendarmerie calqué sur la structure du Centre zonal opérationnel (CZO) de la RGPACA (Région de Gendarmerie de Provence-Alpes-Côte d'Azur). Le général de corps d’armée Arnaud Browaëys, commandant la RGPACA, a en effet été désigné Commandant des forces de gendarmerie (COMFORGEND) par le Directeur général de la gendarmerie nationale à l’occasion du 80e anniversaire du Débarquement de Provence. Il a renforcé le groupement de gendarmerie départementale du Var par des spécialistes intégrés au sein du P.C. « Harpon ». Déjà activé sur le ressort du département à l’occasion du dernier Grand Prix de France de Formule 1 en juillet 2022, la parfaite complémentarité entre le travail inter-services mené au sein du COD et la manœuvre opérationnelle conduite depuis le P.C. « Harpon » n’est plus à démontrer. »

Centre opérationnel départemental déployé à l'occasion du 80e anniversaire du débarquement.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

Aux côtés du commandant de groupement ou de son représentant, plusieurs acteurs de la gendarmerie participent au COD et notamment au P.C. Air, qui associe les acteurs agissant dans le domaine aérien.

L’adjudant-chef Stéphane est le référent sécurité aérienne pour la région zonale sud. « J’apporte un conseil en matière de réglementation et je fais le lien entre l’armée de l’Air et la gendarmerie, explique-t-il. Je participe à la coordination des différents acteurs agissant dans le domaine de la lutte anti-drone (groupement de gendarmerie du Var, police nationale, armée de l’Air, etc.) afin de pouvoir discriminer les drones ennemis de ceux amis. »

À l’occasion des cérémonies, plusieurs Zones interdites temporaires (ZIT) et Zones réglementées temporaires (ZRT) ont été créées dans le cadre du Dispositif particulier de sûreté aérienne (DPSA). Depuis le P.C. Air, le capitaine Philippe Gadot, commandant la compagnie de gendarmerie des transports aériens de Nice, coordonne ses équipes engagées sur le terrain afin de faire respecter les précédents périmètres.

Le chef d’escadron Pierre Gourlot, commandant en second de la Force aérienne de la gendarmerie (FAG) sud, dans le COD.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

Le chef d’escadron Pierre Gourlot, commandant en second de la Force aérienne de la gendarmerie (FAG) sud, assure les fonctions de coordinateur 3D pour la gendarmerie. « Je coordonne les moyens gendarmerie, constitués de deux hélicoptères et d’un drone, avec les autres moyens de l’État et notamment ceux de l’armée de l’Air et de l’Espace qui a déployé un DPSA. Je suis en mesure de les déclencher sur demande ou d’initiative. Le drone gendarmerie offre la possibilité de disposer d’images diffusables au COD permettant de connaître la situation tactique en temps réel. »

Deux gendarmes servant au sein du PC Harpon.
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Le P.C. « Harpon », qui a été déployé plus d’une trentaine de fois depuis 2021, est commandé, pour cet évènement, par le colonel Éric Luzet, chef de la division zonale des opérations et de l’emploi de la RGPACA. Le P.C. est organisé selon la nomenclature de l’OTAN. Les différentes fonctions nécessaires à la manœuvre opérationnelle sont ainsi représentées (renseignement, logistique, planification, etc.). Se trouve également au sein du P.C., le commandant de l’escadron départemental de sécurité routière du Var, qui pilote la manœuvre escorte. Dans le cadre de la cérémonie se déroulant à Boulouris, un officier de réserve est positionné au plus proche de l’évènement afin de faciliter la remontée d’information et la coordination avec la police nationale.

Le COD comme le P.C. « Harpon » s’appuient sur les nombreux moyens spéciaux déployés à l’occasion des commémorations.

Avec l’appui de moyens spéciaux

En amont des cérémonies, les lieux appelés à recevoir des autorités et du public font l’objet d’une inspection. Équipes cynophiles et EOR (Explosive ordnance reconnaissance) agissent de manière complémentaire.

Gendarme EOR effectuant une vérification dans une église.
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« Les équipes cynophiles traitent les zones basses et les odeurs avec des chiens spécialisés dans la recherche d’explosifs, explique le gendarme Rémy, qualifié EOR depuis le début d’année. Nous complétons leur action, notamment en nous focalisant sur les parties hautes. »

 

Au même moment, l’équipe de Lutte anti-drone (LAD) s’installe sur les hauteurs. Équipée d’un fusil et d’un pistolet brouilleur ainsi que d’un aéroscope de la marque DJI, sa mission consiste à intercepter les drones non autorisés pénétrant dans les zones dédiées aux cérémonies.

Gendarme tenant un fusil brouilleur au Rayol Canadel.
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Ils ne sont pas les seuls à agir dans ce domaine. Outre les hélicoptères déployés par la Section aérienne de gendarmerie (SAG) de Hyères, deux télé-pilotes de drone de la SAG de Vélizy-Villacoublay sont déployés à proximité des lieux de commémoration. Leur drone DJI Matrice 300 leur permet de disposer d’images de haute qualité qu’ils retransmettent au COD et au P.C. « Harpon » grâce à un émetteur Starlink. Cet outil est également utilisé afin de reconnaître des itinéraires ou des lieux, en complément de l’action des aéronefs.

Télépilote de drone exploitant les images.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

Des moyens spéciaux dédiés au maintien de l’ordre sont également déployés. La Cellule nationale d’appui à la mobilité (CNAMO) Sud a été créée dans le cadre du Relais de la Flamme. Elle a été engagée à l’occasion du Tour de France, des Jeux Olympiques et aujourd’hui du 80e anniversaire du Débarquement de Provence. Structurée sur le modèle de la CNAMO, cellule nationale créée en 2011 et implantée à Versailles-Satory, elle présente la spécificité de n’être à ce jour qu’expérimentale.

Gendarme de la CNAMO Sud se déplaçant avec son matériel.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

« La CNAMO Sud est une unité fonctionnelle et non organique, explique le major Fabrice, commandant le PSIG de Vauvert et détaché à la tête de cette unité. Les gendarmes armant la CNAMO Sud sont issus de différents escadrons de la RGPACA et de quelques unités de gendarmerie départementale. Nous sommes tous qualifiés en Franchissement opérationnel (F.O.) et intégralement formés par la CNAMO. Nous agissons essentiellement en réponse à des actions contestataires. Nos missions principales consistent à désentraver des personnes au sol ou à intervenir sur des individus accrochés en altitude (arbres, etc.). Une réflexion est en cours sur l’avenir de cette unité expérimentale. »

Le samedi 17 août, les EGM ont également été renforcés par la Cellule nationale d’observation et d’exploitation de l’imagerie légale (CNOEIL).

 

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