GIGN : 50 ans d’histoire

  • Par Par le commandant Céline Morin et la capitaine Marine Rabasté, avec le GIGN
  • Publié le 13 juin 2024
Trois militaires du GIGN en tenue d'intervention en 1987.
© GIGN

1974-2024. 50 ans d’engagements en métropole, en outre-mer, mais aussi à l’étranger, avec pour priorité absolue le respect de la vie humaine, comme l’exprime la devise du groupe : « S’engager pour la Vie ». Depuis sa création, le GIGN a ainsi conduit des milliers d’opérations, certaines plus médiatiques que d’autres, exerçant dans un champ d’action de plus en plus large, avec une expertise toujours plus pointue. Aujourd’hui, 1 000 femmes et hommes incarnent au quotidien cette excellence au service des Français et des intérêts de la France, en métropole, dans tous les outre-mer et en permanence dans une dizaine de pays sensibles.


Avant la création du GIGN, en 1974, la France ne dispose pas d’unité d’intervention capable de libérer les otages sans effusion de sang. Deux prises d’otages dramatiques, survenues en France en 1969 et 1971, viennent mettre ce manque en exergue. Cependant, le déclencheur se produit en 1972, lorsque les Jeux olympiques de Munich sont le théâtre d’une sanglante prise d’otages. La création d’une unité capable de faire face à des événements d’une telle ampleur et de défendre les intérêts de la France devient urgente. La gendarmerie, qui s’est elle-même engagée dans une profonde transformation face à l’évolution de la société et de la criminalité, décide de spécialiser le domaine de l’intervention.

En avril 1973, une ECRI (Équipe Commando Régionale d’Intervention) est mise en place au sein du groupe d’escadrons I/2 de gendarmerie mobile de Maisons-Alfort, où elle s’implante le 3 décembre 1973. Ils seront dix-sept gendarmes au total, chefs compris, sous les ordres du lieutenant Christian Prouteau. En octobre 1973, à Mont-de-Marsan, une autre unité d’intervention est créée au sein de l’escadron parachutiste, prenant le nom de Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). Très rapidement, le 16 avril 1974, les deux unités sont nommées GIGN 1 pour Maisons-Alfort et GIGN 4 pour Mont-de-Marsan, le numéro correspondant à celui de la région militaire de rattachement. En juin 1976, l’unité de Mont-de-Marsan est dissoute et une partie de ses effectifs rejoint celle de Maisons-Alfort, qui prend le nom de GIGN.

Tireur d'élite du GIGN en position couchée en 1974
© GIGN

50 ans d’engagements

Depuis sa première opération à Ecquevilly, en mars 1974, sur un forcené retranché, le GIGN a multiplié les engagements, sur le territoire national, en métropole et en outre-mer, mais aussi à l’étranger, permettant l’interpellation d’un grand nombre de criminels et surtout la préservation de nombreuses vies humaines, au prix de celle de treize des siens, décédés en opération ou à l’entraînement. Certains de ces engagements ont marqué les esprits, comme la libération des otages de Loyada, en février 1976, la prise d’otages de La Mecque, en novembre 1979, les événements de la grotte d’Ouvéa, en avril 1988, l’assaut de Marignane, en décembre 1994 (en cinquante ans, le GIGN a été engagé sur huit détournements d’avion, NDLR), la libération des otages du Ponant en 2008, la traque des frères Kouachi en janvier 2015 ou encore l’évacuation des ambassades de Libye (2011), de la République de Côte d’Ivoire (2011) et plus récemment d’Ukraine (2022) et du Soudan (2023). D’autres opérations, moins médiatiques, mais tout aussi singulières et risquées, et surtout plus nombreuses, à l’instar de son appui aux opérations judiciaires ou encore son engagement en Afghanistan (2001-2014), ont également contribué à forger l’histoire du GIGN, son identité et surtout une solide expertise, mondialement reconnue. Aujourd’hui, le Groupe réalise quelque 2 800 engagements par an (2023) et assure une présence continuelle dans une dizaine de pays extrêmement sensibles.

Une évolution permanente

De dix-sept militaires à sa création, en 1974, à Maisons-Alfort, à 1 000 membres en 2024 à Satory et dans les quatorze antennes, le GIGN n’a jamais cessé d’évoluer et de se transformer structurellement, tactiquement, technologiquement, élargissant progressivement son champ d’action, en mettant par exemple son expertise au service des unités de police judiciaire, et intensifiant ses actions de coopération internationale à travers des échanges nourris avec ses unités sœurs. Au cours de son histoire, plusieurs étapes ont ainsi modifié en profondeur l’unité.

En 1980, le groupe intègre ainsi une équipe médicale. La même année, le « tir de confiance » est instauré. Toujours réalisé aujourd’hui, la veille de la remise des brevets, ce rituel visant à renforcer la cohésion des hommes se traduit par un tir réel, avec un MR73, sur un pigeon d’argile suspendu au cou d’un des équipiers muni d’un gilet pare-balles.
Au début des années 1980, Christian Prouteau est également chargé de créer une unité afin d’assurer la sécurité du président de la République. Le Groupe de sécurité de la Présidence de la République (GSPR) voit le jour. Aujourd’hui, c’est une unité mixte à parité Police/Gendarmerie et, depuis 2007, les gendarmes du GSPR sont membres à part entière du GIGN.

En 1982, le GIGN, alors fort de 70 gendarmes, s’implante à Versailles-Satory, dans les Yvelines, au sein de la caserne Pasquier. L’organisation permet dès lors la mise en œuvre d’un groupe dit « 30 minutes » dans la demi-heure lors d’une alerte, un deuxième pouvant venir le renforcer en deux heures, tandis que le troisième peut prendre ses repos.
En 1984, la gendarmerie décide de regrouper plusieurs unités agissant dans les domaines de l’intervention et de la protection au sein d’un même état-major : le Groupement de sécurité et d’intervention de la gendarmerie nationale (GSIGN). Celui-ci comprendra le GIGN, l’escadron parachutiste de la gendarmerie mobile (Mont-de-Marsan), qui devient l’Escadron parachutiste d’intervention de la gendarmerie nationale (EPIGN), et la mission instruction au profit des partenaires, notamment étrangers. En 1986, le GSPR intègre à son tour le GSIGN.

Deux militaires du GIGN sur le toit d'un immeuble commencent une descente en rappel.
© GIGN

Le GIGN 2.0 : une réponse à l’ère de la terreur

Les attentats du 11 septembre 2001 signent le début d’une ère nouvelle en matière de terrorisme, obligeant les forces de sécurité intérieure à intégrer ces nouvelles menaces. Deux autres événements vont venir secouer la communauté internationale : les prises d’otages de masse en Russie, en 2002 dans le théâtre de Moscou, puis en 2004 dans l’école de Beslan. Des actions de type militaire face auxquelles le GIGN n’est alors pas pleinement dimensionné. Frédéric Gallois, alors à la tête du GIGN et de ses 122 hommes, étudie le profil de ces nouveaux adversaires et conduit une réflexion poussée sur un nouveau GIGN, anticipant l’avènement du GIGN 2.0.

C’est en 2007 que cette transformation d’ampleur sera conduite, sous la houlette de Denis Favier, de retour à la tête du Groupe. Le GSIGN est dissous, laissant place au GIGN, qui absorbe toutes les autres composantes : le GIGN proprement dit, l’EPIGN, le GSPR et le Groupe instruction. L’unité se définit désormais à travers trois métiers : l’intervention, la protection et l’acquisition du renseignement. Un état-major opérationnel pilote l’ensemble des opérations de l’unité, qui passe de 120 à 400 militaires, dont 200 opérationnels, placés sous un même commandement opérationnel. Le soutien logistique et financier, ainsi que la gestion des personnels sont également intégrés à l’unité et de nombreuses cellules spécialisées (dépiégeage d’assaut, NRBC, ouverture fine, innovation, etc.) voient le jour. Si la négociation fait partie intégrante de l’action du GIGN depuis sa création, la restructuration de 2007 en fait une force de frappe incontournable, en mettant en place une cellule négociation à part entière. Aujourd’hui, outre son engagement opérationnel sur les crises le nécessitant, celle-ci sélectionne, forme et supervise près de 450 négociateurs régionaux répartis sur tout le territoire national.

Création des antennes, pour une capacité d’intervention permanente en tout point du territoire

En 2006, sous l’impulsion du GIGN, un Peloton d’intervention interrégional de la gendarmerie (PI2G) voit le jour à Toulouse. Même si son spectre d’intervention est en deçà de celui du GIGN, l’objectif est de garantir une capacité d’intervention permanente et durcie dans le sud de la France. Un second PI2G est créé en 2007 à Orange, puis un troisième en 2012 à Dijon. Ce maillage territorial en termes d’intervention existe également en outre-mer, et ce depuis près de 40 ans, avec des unités dédiées implantées dans les six principaux DROM-COM, successivement appelées Groupes de pelotons mobiles (GPM), puis Groupes de pelotons d’intervention d’outre-mer (GPI∕GPIOM).

Parallèlement, dans le domaine de la protection, une cinquantaine de TEASS (Techniciens en Escorte d’Autorités et de Sécurisation de Sites), affectés alors au sein des EGM ou de la Garde Républicaine et détachés de leur unité pour chaque engagement, assurent des missions de protection, principalement des ambassadeurs français dans des pays sensibles, le GIGN assurant cette même mission au profit des autorités les plus menacées.

Au lendemain des attentats de 2015, un nouveau schéma national d’intervention permet désormais, en cas d’urgence et de gravité des situations, de s’affranchir des zones police et gendarmerie. Dans le même temps, les PI2G et les GPI sont rebaptisés antennes GIGN (AGIGN) et quatre nouvelles unités sont créées à Nantes, Reims, Tours et Mayotte en 2016, puis une dernière à Caen en février 2021, portant leur nombre à quatorze : sept en métropole et sept en outre-mer.

GIGN 3.0 : la force de frappe

À la suite des attaques terroristes de Carcassonne et Trèbes, en mars 2018, et de la mort du colonel Arnaud Beltrame, le colonel Laurent Phélip, à la tête du GIGN depuis 2017, entame une réflexion sur le rattachement des antennes au GIGN central. Cette profonde restructuration « verticale » sera engagée dès 2020 par son successeur, le général Ghislain Réty, et sera effective dès 2021. Afin de toujours mieux répondre aux exigences opérationnelles, les quatorze antennes sont ainsi rattachées au GIGN et les TEASS, rebaptisés PHP (Protection des Hautes Personnalités), aux sept antennes métropolitaines. Le groupe passe ainsi de 400 à 1 000 hommes et femmes.
Formidable levier opérationnel, l’interopérabilité accrue entre le GIGN et ses antennes permet notamment d’engager simultanément le GIGN central et une, voire plusieurs antennes sur des missions d’envergure, et de bénéficier d’une plus grande élongation, sans toucher ni à sa précision ni à sa souplesse d’emploi. Cette nouvelle organisation va rapidement prouver son efficacité, par exemple lors des différentes traques conduites en métropole en 2021 et en Guyane en 2023, ou encore lors des violences urbaines à la Guadeloupe et à la Martinique en 2021.

Cette réorganisation voit également la mise en place d’une Division technique (D.T.), regroupant toutes les capacités rares à forte valeur ajoutée pouvant être mises en œuvre au profit des différentes forces ou en autonomie, pour le groupe ou d’autres services de la gendarmerie ou de l’État. On trouve notamment dans cette D.T., une cellule innovation prospective (centralisation, recherche de financements, etc. des innovations pilotées ou suivies par le GIGN), une section guerre électronique (déploiement opérationnel des moyens de communication), une cellule infrastructure SIC (soutien des réseaux, des moyens informatiques...), une section moyens spéciaux (mise en œuvre des drones et robots, pose de balises, micros et caméras...), une cellule intrusion (ouverture/fermeture de tous types de porte, neutralisation des alarmes, etc.), une cellule technique d’adaptation opérationnelle (intégration de capteurs, développement de prototypes...), une cellule cyber, etc.

Militaire du GIGN avec un drone volant au-dessus de sa main gauche.
© GIGN

L’innovation, une activité essentielle

Outre ses transformations structurelles successives, le GIGN a également su mettre à profit chaque épreuve pour se renforcer, chaque expérience pour s’améliorer. Élément déterminant dans la réussite de ses missions, l’innovation, tant tactique que technologique, est d’ailleurs une activité essentielle au sein du Groupe, lui garantissant un temps d’avance dans tous les domaines : de la prise d’otages à la séquestration de données informatiques (ransomware), du tir coordonné au tir depuis hélicoptère, du chien explo au chien dirigement, de la grappe à la nacelle d’extraction, de la CX au sherpa, du bouclier pare-balles à l’exosquelette.

Ce travail d’innovation n’est pas seulement le fait de la R et D, mais d’une approche croisée au sein de l’unité, où les personnels disposent d’une grande marge de manœuvre pour travailler en interaction en interne ou avec des partenaires extérieurs. Un esprit d’initiative qui se retrouve aussi en mission, où cette créativité, cette capacité d’adaptation, cette intelligence collective font que les personnels vont savoir réagir. Le GIGN a ainsi été précurseur dans beaucoup de domaines, en termes d’équipements comme de doctrines…
 

Pour en savoir plus, découvrez le Gendinfo n°420 consacré aux 50 ans du GIGN.

 

 

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