Intelligence artificielle : double récompense pour un projet d’assistance aux enquêteurs en matière de détection d’images pédopornographiques

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 28 juin 2024
Datacraft remise prix IA.jpeg

Ce lundi 24 juin 2024, le projet ODIP, porté par le Commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace, avec le soutien de l'Unité nationale cyber de la Gendarmerie nationale et du Service de la transformation, a été doublement distingué parmi une sélection de projets particulièrement compétitifs et innovants en matière d’intelligence artificielle. Visant à assister les enquêteurs dans la détection d’images particulièrement sensibles, ce projet collaboratif a reçu le « Datacraft Award de la Transformation de l’entreprise », décerné par un panel d’experts, tandis que le plébiscite du public lui valait le « Datacraft Award 2024 ».

Les Datacraft Awards, organisés par l'entreprise Datacraft, récompensent les plus belles initiatives en matière de data et d’Intelligence artificielle (I.A.). Cinq prix viennent ainsi mettre à l'honneur les experts dans ces domaines. Le jury 2024, composé d’un panel d’experts (Amal El Fallah Seghrouchni, directrice du Centre International d’Intelligence Artificielle du Maroc, Nicole El Karoui, mathématicienne, Maïlys Ferrère, Directrice du pôle Large Venture de Bpifrance, et Amric Trudel, diplômé du master MVA de l’École normale), a dû examiner une soixantaine de dossiers de haute qualité afin de désigner les cinq lauréats de cette année. Ces derniers ont été dévoilés ce lundi 24 juin 2024, lors d’une cérémonie officielle organisée dans la salle Wagram, à Paris.

Une double récompense

Le projet ODIP, porté par le Commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace (COMCYBER-MI), avec l'Unité nationale cyber de la Gendarmerie nationale (UNCyber) et le Service de la transformation (S.T.) de la Gendarmerie, s’est ainsi vu décerner le « Datacraft Award de la Transformation de l’entreprise » de cette seconde édition, parmi une sélection de projets particulièrement compétitifs et innovants en matière d’I.A. Ce projet a par ailleurs été plébiscité par le public de spécialistes présent lors de cette soirée, dont les votes ont permis également de lui attribuer le « Datacraft Award 2024 ».

Assister les enquêteurs dans la détection d'images particulièrement sensibles

C’est une équipe pluridisciplinaire, composée de Romain Gémignani et Jérémy Billuart, pour le volet développement, du capitaine Julien Caumond et de l’adjudant Maxime Dumortier, pour l’aspect métier, et de Mme Ysens de France, pour la dimension juridique, rassemblée autour du général Patrick Perrot, coordonnateur I.A. pour la gendarmerie et conseiller IA auprès du Comcyber-MI, qui est à l’origine de ce projet collaboratif.

La finalité d’ODIP est d’assister les enquêteurs dans la détection d'images (photos et vidéos) particulièrement sensibles (d’ordre pédopornographique), dans le cadre de l'analyse d'un disque dur, d'un ordinateur ou d’un téléphone. L'objectif étant de réduire considérablement le temps d'analyse des contenus suspects - le temps étant un facteur essentiel dans le cadre d’une enquête -, afin de pouvoir matérialiser l’infraction. Outre cette fonction d’analyse, il s’agit dans le même temps de protéger psychologiquement les enquêteurs, en limitant leur temps d’exposition à des images traumatisantes, dont le caractère insidieux peut conduire à des arrêts temporaires d’activité.

Une I.A. en assistance de l'enquêteur

Le projet ODIP comprend deux étapes majeures. La première consiste à créer, au moyen d’un algorithme, les représentations numériques d’images pédopornographiques (c’est-à-dire la transformation de l’image en nombre, éliminant ainsi toute représentation visuelle) à partir d’une collecte de photos ou de vidéos constituant un corpus autorisé par le magistrat. L’intérêt est double : travailler avec des vecteurs de l’image sans être exposé à la vue de celle-ci, éliminant ainsi le caractère personnel comme sensible, et permettre d'entraîner un modèle de classification.

La deuxième étape consiste donc à entraîner le modèle d’intelligence artificielle à partir des représentations vectorielle, afin qu’il puisse discriminer les images pédopornographiques de celles qui ne le sont pas. Ainsi, lors de l'analyse d'un disque dur, le programme pourra classer les images selon ces deux catégories. Un résultat qui sera ensuite nécessairement validé par l’expertise de l’enquêteur ou de l’analyste.

Cette approche responsable, prônant une I.A. en assistance de l’enquêteur, qui conserve la supervision et la décision finale, est au cœur de la stratégie Cap I.A., mise en œuvre depuis 4 ans, et dans laquelle s'inscrit le Comcyber-MI.

Contacter la gendarmerie

Numéros d'urgence

  • Police - Gendarmerie : 17
  • Pompier : 18
  • Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) : 15
  • Sourds et malentendants : www.urgence114.fr ou 114 par SMS
  • Urgence Europe : 112

Sécurité et écoute

  • Enfance en danger : 119
  • Violences conjugales : 39 19
  • Maltraitance personnes âgées ou en situation de handicap : 39 77

Ces contenus peuvent vous intéresser