Préserver l’environnement des Bouches-du-Rhône - épisode 2 : les gendarmes protègent la montagne Sainte-Victoire des incendies

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 29 août 2024
Deux gendarmes de dos s'avançant vers le CCFF.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

Symbole du Pays d’Aix, le Grand Site de France Concors Sainte-Victoire fait l’objet d’une attention particulière des gendarmes et de leurs partenaires. Leur objectif : protéger ce site exceptionnel des incendies.

Situé aux portes d’Aix-en-Provence et de Marseille, le Grand Site de France Concors Sainte-Victoire constitue un espace naturel de près de 50 000 hectares. Au sommet de la montagne Sainte-Victoire, qui culmine à 1 011 mètres, se trouve la Croix de Provence, perchée sur sa pointe occidentale. Rendu célèbre par le peintre aixois Paul Cézanne qui l’a immortalisé plus de 80 fois, ce massif, qui accueille 1 200 000 visiteurs par an, est également tristement connu pour avoir brûlé à 60 % lors de l’incendie ravageur de 1989. C’est en réponse à ce drame qu'ont été créés les Comités communaux feux de forêts (CCFF) dans les Bouches-du-Rhône.

Aujourd’hui, de nombreux acteurs agissent quotidiennement afin de prévenir tout départ de feu. En premier lieu, les Services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) mais également les bénévoles du CCFF de la commune de Saint-Marc-Jaumegarde. Cette année, la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) d’Aix-en-Provence a également renforcé son action dans ce domaine, en y consacrant un Dispositif estival de protection des populations (DEPP) de quatre gendarmes. Ceux-ci sont renforcés par des unités locales, et notamment par la Brigade motorisée (B.Mo.) d'Aix-en-Provence. L’ensemble a été baptisé « détachement Sainte-Victoire ».

Un DEPP dédié à la prévention des incendies

En raison des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, les Dispositifs estivaux de protection des populations ont été adaptés. Les Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) étant essentiellement engagés sur la plaque parisienne, les DEPP sont armés par des gendarmes d’active provenant d’autres unités et par des réservistes, à l’image du DEPP Sainte-Victoire, mis en œuvre du 8 juillet au 18 août 2024. Composé de quatre gendarmes départementaux, ce dispositif est rattaché à la CGD d’Aix-en-Provence. Une relève est organisée tous les dix jours afin de ne pas faire peser la contrainte sur les mêmes unités. Les gendarmes organisent leur service en fonction des horaires d’affluence et des restrictions d’accès déterminées par la préfecture selon le risque incendie.

Tableau présentant la réglementation en matière d"accès aux massifs.
© Préfecture des Bouches-du-Rhône.

« Lorsque le massif est accessible, nous concentrons essentiellement nos patrouilles en fin de journée, au moment où les gens viennent pique-niquer, explique l’adjudante-cheffe Véronique, affectée à Brigade territoriale autonome (BTA) d'Éguilles et détachée au DEPP Sainte-Victoire. Si le niveau rouge a été décrété, nous nous positionnons à l’entrée du site en début de journée afin d’avertir le public. »

Gendarmes et bénévoles déployant une banderole massif interdit.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

Leur mission consiste notamment à sensibiliser les visiteurs sur les règles de conduite à adopter au sein du massif. Celles-ci permettent de réduire les risques de départ de feu accidentel mais aussi de préserver un environnement exceptionnel. Lorsque des individus contreviennent à la réglementation, la patrouille peut être amenée à les verbaliser.

« Les infractions que nous constatons sont l’apport de tout matériel susceptible de causer un départ de feu (réchaud, paquet de cigarettes, briquet, etc.), poursuit l’adjudante-cheffe. Nous menons également des actions contre les dépôts sauvages d’ordures, contre les comportements générateurs de pollutions ou encore contre la baignade, qui est interdite dans le lac de Bimont, en raison de sa dangerosité. »

Dans ce domaine, la patrouille peut compter sur le gendarme Anthony, du Peloton motorisé (P.Mo.) de Meyrargues. Détaché dans le cadre du DEPP, il est enquêteur environnement de niveau 2. « Ma formation me permet de déceler des infractions qu’on ne constaterait pas nécessairement en temps normal. Je m’appuie également sur le Détachement de l'office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (DOCLAESP) de Marseille ainsi que sur le CESAN (Commandement pour l’environnement et la santé). »

À l’heure du bilan, le commandant de compagnie, le lieutenant-colonel André-Vianney Espinasse, indique : « amendes forfaitaires délictuelles relatives aux stupéfiants, conduites sous stupéfiants, infractions relatives à la police route, etc. Ce sont plus 50 infractions « classiques » qui ont été relevées. À cela, il faut rajouter une trentaine d’infractions liées au champ des atteintes à l’environnement. C’est très positif. »

Les gendarmes mettent en œuvre plusieurs modes d’action afin d’accéder aux différentes zones du massif. Leur véhicule Dacia Duster leur permet d’emprunter les pistes consacrées à la Défense des forêts contre l'incendie (DFCI). Ils mènent ensuite des patrouilles pédestres, dont la discrétion facilite la découverte d’éventuels contrevenants.

Gendarmes du DEPP effectuant une patrouille pédestre.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

« Ce soir, nous allons monter à pied et en treillis à la croix de la Sainte-Victoire, complète la gradée. Nous allons passer la nuit là-bas pour surveiller les comportements. C’est une initiative que nous avons prise car nous avons constaté que les gens emportaient des réchauds pour bivouaquer. »

Le DEPP est renforcé par les motocyclistes de la B.Mo. d'Aix-en-Provence, qui agissent toute l’année en matière de lutte contre les incendies.

Complété par l’action de la B.Mo.

La B.Mo. d’Aix-en-Provence est une unité de sécurité routière, mais son action s'inscrit aussi dans la lutte contre les atteintes à l'environnement. S’appuyant sur deux Motos tout-terrain (MTT) et plusieurs enquêteurs environnement, les gendarmes de la B.Mo. d’Aix-en-Provence mènent de nombreuses actions en matière de prévention des incendies.

Deux motards de la Bmo sur une piste du massif.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

« Les motos tout-terrain nous permettent de lutter contre les atteintes à l’environnement et plus spécifiquement contre les feux de forêt l’été, explique le major Emmanuel, commandant la B.Mo. Nous sommes en mesure d’agir dans tous les massifs de la circonscription en acheminant les motos sur remorque. Le plus important est la Sainte-Victoire, qui est très fréquentée par les touristes. Les motos tout-terrain constituent un vecteur de mobilité particulièrement performant, qui nous permet d’accéder à la plupart des secteurs, qu’il s’agisse de chemins, de sentiers ou de zones forestières. Étant relativement discrètes, elles confèrent également un effet de surprise. Nous positionnons nos patrouilles en fonction des renseignements collectés et des risques identifiés, notamment lorsque la Sainte-Victoire est interdite d’accès. Nous pouvons également agir en soirée, par exemple à l’occasion des Nuits des étoiles. Nous nous engageons sur le massif toute l’année. »

Militaires de la Bmo à moto.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

L’action de la B.Mo. en matière de protection de l’environnement et de prévention des incendies s’est accentuée ces dernières années. De nouveaux outils sont ainsi développés.

« Des VTT sont en cours de déploiement, précise le major. Ils sont complémentaires aux motos. Ils nous permettent notamment d’effectuer des patrouilles en tenue civile et donc de constater plus facilement des flagrants délits. »

DEPP et B.Mo. mènent leurs actions en coopération avec les partenaires locaux.

Dans un cadre partenarial renforcé

Les gendarmes engagés dans le domaine de la prévention des incendies peuvent compter sur les acteurs locaux qui leur transmettent des renseignements précieux. Le Grand Site de France Concors Sainte-Victoire compte ainsi plusieurs points d’accueil tenus par des agents. Ceux-ci échangent quotidiennement avec les gendarmes et les aident à orienter au mieux leurs patrouilles en fonction de l’affluence constatée.

Gendarmes de la Bmo et bénévoles du CCFF en discussion.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

Outre les agents du site, les gendarmes agissent également fréquemment aux côtés des 60 bénévoles du CCFF de Saint-Marc-Jaumegarde, qui effectuent des patrouilles quotidiennes avec des véhicules porteurs d’eau afin d’être en mesure de réagir rapidement en cas de départ de feu. « Nous disposons des coordonnées téléphoniques du détachement Sainte-Victoire, précise Jean-Pierre Jeanne, adjoint au maire, chargé de la sécurité de la commune et cadre responsable du CCFF. Nous échangeons de nombreux renseignements avec les gendarmes. »

Jean-Luc, également bénévole, de compléter : « Nous aiguillons fréquemment les services de gendarmerie avec qui nous entretenons des liens étroits. Travailler à leurs côtés nous donne de l’autorité. Le seul fait que la gendarmerie soit présente sur le territoire se sait, et la donne est changée. »

Adjudante-cheffe Véronique désignant un objectif.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

Des actions coordonnées sont également menées par les différents services. « Nous organisons des actions régulières avec nos partenaires, souligne l’adjudante-cheffe Véronique. À l’occasion de la Nuit des étoiles, nous avons par exemple organisé des patrouilles avec l’ONF (Office National des Forêts) et les agents du site, afin de sensibiliser le public, notamment sur l’interdiction d’installer des barbecues. »

Ces opérations peuvent également être plus offensives, à l’image de celle conduite par la B.Mo. en matière de lutte contre les motocross. « De nombreux jeunes venant de Marseille bravent les interdictions et circulent à motocross dans les massifs, explique le major Emmanuel. Nous nous coordonnons avec les brigades locales et l’ONF afin de mettre en place un dispositif nous permettant de les intercepter. »

Enfin, lorsqu’un feu est constaté, le Centre opérationnel départemental d'incendie et de secours (CODIS) se met en lien avec le Centre d'opérations et de renseignement de la gendarmerie (CORG). En cas de doute concernant l’origine de l’incendie, le SDIS compétent dépose plainte et se constitue partie civile. Les Techniciens en identification criminelle (TIC) de la gendarmerie agissent alors en coopération avec les pompiers pour rechercher les causes et circonstances de l’incendie.

Ensemble des partenaires engagés dans la prévention des incendies.
© GEND/ SIRPAG/ MDC LAPOINTE

Le commandant de compagnie, lui-même arpenteur des sentiers qui mènent à la Sainte-Victoire, connaît bien son terrain et conclut : « je me suis inspiré de la gendarmerie de montagne pour planifier ce détachement, qui a déjà posé de nombreux jalons en matière d’actions de prévention liées à l’environnement. Cet été, dans son emploi, le détachement Sainte-Victoire constitue une innovation fondée sur le triptyque : tenir le terrain des bords de la Durance jusqu’à la Croix de Provence, sur les axes et sur les sentiers, investir le champ de la prévention en matière d’environnement sur l’un des sites emblématiques de la circonscription, et celui de l’action partenariale associée. La qualité des personnels issus du rang du groupement a sans doute concouru au succès de l’entreprise ; ces derniers trouvant la juste tonalité pour décliner au mieux l’esprit de la mission. »

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