Charlotte Bonnet, sportive de la gendarmerie, se prépare pour ses quatrièmes Jeux olympiques

  • Par Hélène THIN
  • Publié le 05 juillet 2024
Une jeune femme nage dans un bassin, crawlant sur le dos. Elle porte un bonnet de bain bleu marine et des lunettes de nage.
© SIRPA-G / BRC Eugénie TAUPIN

Sportive de haut niveau de la Défense – gendarmerie (SHND-G), la maréchale des logis – cheffe Charlotte Bonnet s’apprête à disputer ses quatrièmes Jeux Olympiques. Un rendez-vous majeur, à domicile, qui signera la fin de la carrière sportive de cette championne d’exception, qui a porté haut les couleurs de la France sur les podiums du monde entier. À deux mois des J.O, Gendinfo a rencontré la nageuse de 29 ans sur son lieu d’entraînement, à Carouge, en Suisse.

Mardi 14 mai 2024, centre sportif des Vernets, à Carouge, dans le canton de Genève. Il est 15 heures lorsque Charlotte Bonnet apparaît au bord du bassin olympique de ce vaste complexe, dédié notamment aux sports aquatiques, qu’elle longe avant de se diriger vers une pièce attenante. L’ambiance ici est tout autre. Dans cette vaste salle rectangulaire aux cloisons vitrées, le calme règne, tandis que les six membres du groupe de nageurs entament leur échauffement sur les tapis disposés au sol. Seuls un fond musical et la voix de Clément Bailly, entraîneur de Genève natation, viennent rompre le silence. Ce dernier est secondé de Yvan Roustit, qui participe à l’encadrement des six sportifs de haut niveau.

Nageurs et coachs arborent un teint hâlé. Tous reviennent d’un séjour d’une quinzaine de jours à Tenerife, sur l’archipel espagnol des Canaries, où ils ont participé à un stage intensif de natation, loin de leur environnement et des contraintes de la vie courante. Objectif : booster la motivation des nageurs et créer une émulation collective, dans un cadre privilégié. « Véritable parenthèse, ce moment m’a permis de m’investir à 200% dans l’entraînement. Lorsque l’esprit est libéré de toute contrainte quotidienne, le niveau d’engagement est meilleur », reconnaît Charlotte. Rentré à Genève six jours plus tôt, le groupe a renoué avec le programme habituel : cinq heures d’entraînement, six jours sur sept. Deux séquences ont ainsi lieu quotidiennement. La première, de 7 h  à 9 h 30. La seconde, de 14 h 30 à 17 h.

Chaque séance d’entraînement débute par une demi-heure d’échauffement, visant à réduire les risques de blessure. Chacun travaille alors librement, selon ses besoins spécifiques, sous l’œil attentif des deux coachs. Les sportifs rejoignent ensuite le bassin, où les longueurs s’enchaînent durant deux heures, au rythme des exercices, dans une eau à vingt-six degrés. Des sous-groupes sont alors constitués. Les nageurs sont regroupés en fonction de leurs objectifs individuels et des compétitions préparées, dont dépend la stratégie d’entraînement. Depuis le bord du bassin qu’ils arpentent sans relâche, les deux entraîneurs donnent de la voix pour transmettre les consignes, chronomètre en main. Vitesse de course, enchaînement entre les différentes nages - papillon, dos, brasse, crawl -, niveau de relâchement… rien n’est laissé au hasard. Pas moins de dix à douze kilomètres de nage sont ainsi parcourus chaque jour.

Une nageuse sort d'un bassin olympique, en remontant sur le bord de la piscine.Elle porte un maillot bleu et blanc, un bonnet bleu marine et des lunettes de nage, ainsi qu'un tatouage sur le haut de la cuisse représentant le symbole des Jeux olympiques
© SIRPA-G / BRC Eugénie TAUPIN

Changement de cap à quelques mois des J.O de Paris 2024

Six fois championne d’Europe, médaillée de bronze aux Jeux Olympiques et aux championnats du monde, Charlotte Bonnet est également capitaine de l’équipe de France de natation. Actuellement en pleine préparation des Jeux Olympiques de Paris 2024, quatrièmes et derniers d’un parcours hors norme, la française défendra les couleurs de la France lors de cette compétition historique, avant de mettre un terme définitif à sa carrière sportive.

Après avoir décroché sa place pour les relais 4 x 100 mètres nage libre et 4 x 100 mètres 4 nages, elle s’est aussi qualifiée en individuel, en remportant le 200 mètres 4 nages lors des championnats de France, le 21 juin, à Chartres. Elle devient ainsi la première nageuse française de l’histoire à disputer quatre Jeux olympiques, faisant montre d’une longévité exceptionnelle.

Née à Enghiens-les-Bains, en 1995, Charlotte débute la natation dès son plus jeune âge, sous l’impulsion de ses parents, tous deux-maîtres-nageurs. Elle pratique également le judo, qu’elle est contrainte d’abandonner plus tard pour se consacrer pleinement aux compétitions de natation. À l’âge de six ans, elle emménage à Brest (Finistère) et intègre le Club Nautique Brestois. En 2010, la jeune nageuse met le cap sur Nice (Alpes-Maritimes), pour pratiquer la nage de haut niveau. Elle rejoint alors l'Olympic Nice Natation, un club auquel elle est encore affiliée. 2012 est l’année des premières compétitions à l’international. À 17 ans, la Niçoise décroche une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Londres, sur le 4 × 200 mètres nage libre. En mai 2014, elle intègre les rangs des Sportifs de haut niveau de la Défense – gendarmerie (SHND – G), rejoignant ainsi l’Armée des champions. La nageuse poursuit alors sa progression, et engrange les titres. En 2021, après les Jeux Olympiques de Tokyo, Charlotte s’établit à Martigues (Bouches-du-Rhône), où elle s’entraîne sous la houlette de Philippe Lucas, ancien coach de Laure Manaudou. Début 2024, elle rejoint donc le groupe d'entraînement de Genève, au sein duquel s’entraîne également son mari, le nageur suisse Jérémy Desplanches.

Avec ce changement de coach, Charlotte a dû s’adapter à un nouveau rythme d’entraînement. Un défi pour la nageuse, à quelques semaines des J.O. « Chaque entraîneur a une méthode qui lui est propre. Avec mon coach, j’alterne séries lentes et rapides. Ces dernières sont très intenses pour l’organisme », confie t-elle. Trois séances de musculation au minimum ont également lieu chaque semaine.

Une fois l’entraînement terminé, place à la récupération. Au programme : bains chauds, bains froids, relaxation, séances de kinésithérapie ou d’ostéopathie... sans oublier les temps de déconnexion, essentiels à l’équilibre des sportifs. « Après l’entraînement, je veille à mettre le travail de côté. Je me détends en faisant des choses que j’aime, comme lire ou regarder un film », explique Charlotte.

Véritable clé de voûte de la performance, le sommeil tient une place centrale dans la préparation de la nageuse. En témoigne la bague connectée qu’elle porte à son doigt, analysant les paramètres de son sommeil : mouvements, fréquence cardiaque, saturation d’oxygène… « Je bénéficie aussi de conseils en nutrition, qui m’aident à d’adapter mes apports énergétiques à l’entraînement », ajoute t-elle.

« Finir ma carrière sur les J.O, à la maison, je ne pouvais pas rêver mieux ! »

Charlotte aborde les quatrièmes Jeux de sa carrière avec sérénité. « J’ai la chance d’avoir déjà vécu trois Jeux Olympiques. Trois rendez-vous que j’ai appréhendés de manière très différente. Les derniers J.O., à Tokyo, en 2021, durant la pandémie de Covid-19, se sont déroulés en l’absence du public. C’était une ambiance très spéciale. Aujourd’hui, à 29 ans, j’ai davantage de recul sur les choses. Mon expérience et ma maturité font ma force », estime t-elle. À Paris, dans quelques jours, c’est devant 17 000 spectateurs que la nageuse disputera les épreuves de natation, dans le bassin de l’Arena, transformée pour l’occasion en site olympique. « En tant que sportive française, participer aux Jeux olympiques à domicile représente à mes yeux un enjeu majeur, ainsi qu’une immense fierté ! Je compte bien profiter au maximum de ce moment unique. Finir ma carrière sur les J.O, à la maison, je ne pouvais pas rêver mieux ! », se réjouit-elle.

Malgré les changements qui sont intervenus en ce début d’année, 2024 a commencé sous de bons auspices pour la sportive, avec de bons résultats enregistrés lors des dernières compétitions. Lorsque nous l’avions rencontrée, Charlotte était encore dans l’attente de sa qualification. Elle nous avait alors confié se focaliser sur cette étape cruciale, plutôt que sur la perspective des J.O. « Chaque chose en son temps. Je veille à ne pas sauter d’étapes. Mon objectif est simple : donner le meilleur de moi-même, en me concentrant sur ma performance quotidienne ». Une stratégie qui se révélera gagnante.

Outre un travail acharné et une discipline irréprochable, la performance sportive repose aussi sur la préparation mentale. « Vie professionnelle et vie personnelle sont étroitement liées, observe Charlotte. Depuis 2016, je suis suivie par une préparatrice mentale, avec laquelle je réalise un travail global. Un accompagnement qui m’aide à gérer mon stress, et être plus forte lors des compétitions ».

Après les J.O. de Paris 2024, Charlotte tirera sa révérence, ainsi qu’elle l’a annoncé il y a plusieurs mois. « Une décision mûrement réfléchie. Je suis bien entourée et me suis préparée à cette échéance ». C’est donc sereinement que la championne aborde cette nouvelle page de vie, ouvrant le champ à de nouveaux challenges. « Pour l’heure, je n’ai pas de projet pré-défini », souffle t-elle. Mais déjà quelques idées semblent se frayer un chemin dans l’esprit de la sportive, entre son désir de transmettre à la jeune génération son expérience de nageuse de haut niveau et son engagement pour la protection de l’environnement.

  • Une sportive vêtue d'un maillot de bain blanc et bleu, ainsi que d'un short noir court, réalise des exercices d'étirement, allongée sur le dos, sur un tapis de sol de couleur bleue. Sa nuque repose sur un appui tête rose.
    © SIRPA-G / BRC Eugénie TAUPIN
  • Une sportive vêtue d'un maillot de bain blanc et bleu, ainsi que d'un short noir court, réalise des exercices d'étirement, allongée sur le dos, les yeux fermés, sur un tapis de sol de couleur bleue. Sa nuque repose sur un appui tête rose.
    © SIRPA-G / BRC Eugénie TAUPIN
  • Un groupe de nageurs sont assis sur des tapis au sol de couleur bleue dans une vaste salle rectangulaire. Tous regardent en direction de leur coach, qui se tient debout face au groupe, auquel il s'adresse. Derrière lui, on aperçoit divers équipements sportifs
    © SIRPA-G / BRC Eugénie TAUPIN
  • 4 - @BRC TAUPIN-12.jpg
  • On aperçoit les deux bras d'une nageuse émergent de l'eau d'un bassin olympique. Sa tête est totalement immergée dans l'eau.
    © SIRPA-G / BRC Eugénie TAUPIN
  • Une nageuse revêtant un bonnet bleu marine ainsi que des lunettes de nage, récupère, au bord du bassin, les mains posées sur le rebord de la piscine
    © SIRPA-G / BRC Eugénie TAUPIN
  • Une nageuse nage le crawl dans un bassin olympique. Sa tête est immergée dans l'eau. Elle porte un bonnet bleu marine.
    © SIRPA-G / BRC Eugénie TAUPIN
  • Une nageuse revêtant un bonnet bleu marine ainsi que des lunettes de nage, récupère, au bord du bassin, les mains posées sur le rebord de la piscine. Derrière elle, on aperçoit une autre nageuse, dont le visage est floutée,  qui porte un bonnet vert, et se tient dans la même position qu'elle.
    © SIRPA-G / BRC Eugénie TAUPIN
  • Une sportive vêtue d'un maillot de bain blanc et bleu, ainsi que d'un short noir court, réalise des exercices d'étirement, allongée sur le dos, sur un tapis de sol de couleur bleue. Sa nuque repose sur un appui tête rose.
    © SIRPA-G / BRC Eugénie TAUPIN
  • Une sportive vêtue d'un maillot de bain blanc et bleu, ainsi que d'un short noir court, réalise des exercices d'étirement, allongée sur le dos, les yeux fermés, sur un tapis de sol de couleur bleue. Sa nuque repose sur un appui tête rose.
    © SIRPA-G / BRC Eugénie TAUPIN
  • Un groupe de nageurs sont assis sur des tapis au sol de couleur bleue dans une vaste salle rectangulaire. Tous regardent en direction de leur coach, qui se tient debout face au groupe, auquel il s'adresse. Derrière lui, on aperçoit divers équipements sportifs
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  • On aperçoit les deux bras d'une nageuse émergent de l'eau d'un bassin olympique. Sa tête est totalement immergée dans l'eau.
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  • Une nageuse revêtant un bonnet bleu marine ainsi que des lunettes de nage, récupère, au bord du bassin, les mains posées sur le rebord de la piscine
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  • Une nageuse nage le crawl dans un bassin olympique. Sa tête est immergée dans l'eau. Elle porte un bonnet bleu marine.
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  • Une nageuse revêtant un bonnet bleu marine ainsi que des lunettes de nage, récupère, au bord du bassin, les mains posées sur le rebord de la piscine. Derrière elle, on aperçoit une autre nageuse, dont le visage est floutée,  qui porte un bonnet vert, et se tient dans la même position qu'elle.
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