Tour de France 2024 : le lieutenant-colonel Frédéric Beretti, officier de liaison, coordonnateur de la sécurisation de la course

  • Par Hélène THIN
  • Publié le 24 juillet 2024
Un gendarme, vêtu d'un polo bleu ciel, et d'un tour de cou jaune portant la mention "Tour de France" au bout duquel est accroché un badge, se tient de bout, face à l'objectif. Derrière lui, on distingue une voiture et de nombreuses personnes regroupées dans un hangar.
© SIRPA-G / BRC Eugénie TAUPIN

La 111e édition du Tour de France s’est déroulée du 29 juin et 21 juillet 2024. Course mythique, parmi les plus suivies au monde, la Grande Boucle attire chaque année une foule d’amateurs de cyclisme, affluant au bord des routes pour profiter du spectacle. Afin de sécuriser l’événement, quelque 13 000 gendarmes étaient déployés tout au long du parcours. Rencontre avec le lieutenant-colonel Frédéric Beretti, officier de liaison de la gendarmerie nationale, en charge de la coordination du dispositif.

176 coureurs au départ du Tour, 21 étapes, une distance totale de 3 498 kilomètres, 30 départements français traversés … Après un grand départ donné le 29 juin dernier à Florence, en Italie, la plus célèbre des courses cyclistes a fait son entrée dans l’Hexagone le 2 juillet. Tandis que les coureurs s’affrontent pour remporter le maillot jaune, plusieurs millions de spectateurs se massent au bord des routes pour assister au spectacle et tenter d’approcher les sportifs. Autre temps fort, provoquant également la ferveur du public : le passage de la caravane publicitaire, convoi d’une dizaine de kilomètres, composé de 150 véhicules, précédant l’arrivée des coureurs.

Afin d’assurer la sécurisation de cet événement hors norme, et faciliter le passage de la course, pas moins de 13 000 gendarmes, d’active et de réserve, sont déployés tout au long du parcours. Au cœur de ce dispositif exceptionnel, le lieutenant-colonel Frédéric Beretti coordonne les actions de sécurité, d’ordre public et de police judiciaire, en lien étroit avec les organisateurs et les acteurs locaux. Détaché le temps de l’événement, ce spécialiste de la sécurité publique générale et des mobilités occupe la fonction stratégique d’officier de liaison auprès d’ASO (Amaury Sport Organisation), organiseur du Tour de France.

Une préparation au long cours

L’édition 2024 du Tour de France compte 8 étapes de plaine, 4 accidentées et 7 de montagne. Chacune de ces étapes présente des caractéristiques et des contraintes qui lui sont propres, et nécessite un dispositif adapté.
Pour le lieutenant-colonel Beretti, la préparation du Tour de France débute à l’automne dernier, après qu’il a pris connaissance du parcours. Objectif : concevoir le plan de sécurisation de l’événement, en lien avec les organisateurs, qu’il accompagne et conseille. Un état des lieux est d’abord réalisé, avec l’appui des représentants de la Gendarmerie départementale (G.D.). Prérequis indispensable à l’évaluation des besoins, cette première étape permet à l’officier de liaison de formuler les demandes officielles de renforts.

Parmi les unités ainsi mobilisées figurent l’escadron motocycliste et le peloton d’intervention de la Garde républicaine, les unités de la gendarmerie départementale (brigades, pelotons de surveillance et d’intervention, escadrons départementaux de sécurité routière), plusieurs escadrons de gendarmerie mobile, les écoles de gendarmerie ou encore les gendarmeries spécialisées (GIGN, équipes cynophiles, forces aériennes…).

« La préparation s’est étalée tout au long de l’année. Nous avons procédé au calibrage des forces et des moyens engagés sur chacune des étapes, à partir des besoins identifiés en amont, explique le lieutenant-colonel Beretti. Les dispositifs ont ensuite été conçus avec le soutien des Groupements de gendarmerie départementale (GGD) concernés, chargés de leur mise en œuvre opérationnelle. Gestion des flux, régulation du trafic automobile, évacuation de la foule, organisation des secours, etc. ont fait l’objet d’un cadrage minutieux. Rien n’a été laissé au hasard. L’objectif est aussi d’anticiper les contraintes et les difficultés potentielles, pour être en mesure de réagir au plus vite lors de la course. »

Une fonction hautement stratégique

« Chaque jour qui passe sur le Tour apporte son lot d’impondérables. Le moindre grain de sable peut à tout moment enrayer la machine. C’est pourquoi nous devons nous tenir prêts, afin de répondre présent, quelle que soit la situation », explique l’officier de liaison.
Et de poursuivre : « La sécurisation du Tour de France présente deux enjeux principaux. La sécurité routière, tout d’abord, constitue un risque majeur. Les nombreux spectateurs, en quête d’une photo ou d’un cadeau publicitaire, s’approchent au plus près des cyclistes et des véhicules de la caravane, au risque de gêner le passage des coureurs ou d’être renversés. La fluidité du trafic est en outre essentielle au bon déroulement de l’épreuve. L’autre grand enjeu pour les forces de sécurité intérieure concerne le maintien de l’ordre public. » Car le Tour, à l’image de la société, est aussi le théâtre de comportements à risque et d’infractions diverses, nécessitant l’intervention immédiate des gendarmes. S’ajoutent enfin la prise en charge et l’évacuation des personnes malades ou blessées.

Confronté à des enjeux pluriels, l’officier de liaison tient un rôle central. Il veille à garantir la viabilité de l’itinéraire, caravane et coureurs devant évoluer dans une bulle parfaitement hermétique.
Au carrefour entre le terrain et le centre de coordination, le lieutenant-colonel Beretti est en contact permanent avec l’organisateur, les directeurs sportifs et l’ensemble des unités concourant à la sécurisation du Tour.

Sur le pont dès 8 heures du matin, il débute sa journée par une réunion « sécurité ». La menace du jour est alors évaluée et les derniers réajustements effectués. « Le cas échéant, le dispositif est réarticulé, afin de coller au plus près de la menace. » Environ deux heures après le départ de la caravane, l’officier prend place dans un véhicule, aux côtés du chef de mission du GIGN. Les deux hommes se situent alors à seulement trois minutes du premier coureur. L’axe sur lequel ils circulent est sanctuarisé. Véritable tête de pont de la course, le lieutenant-colonel Beretti se tient prêt à réagir et à relayer l’information à chaque instant. « Le terme d’officier de liaison prend alors tout son sens. Je suis dans l’interaction permanente », indique-t-il. Une fois la ligne d’arrivée franchie par les coureurs, la journée se poursuit pour le militaire, déjà entièrement tourné vers l’étape du lendemain. Afin de tenir le rythme durant les vingt et un jours que compte la course, il s’astreint à une discipline et une hygiène de vie rigoureuses. L’une des clés, selon lui, pour tenir la distance !

Deux gendarmes discutent, assis, entourés de plusieurs hommes. La réunion se tient en plein air. on aperçoit des arbres en arrière plan.

Gap, 18 juillet 2024. Le lieutenant-colonel Frédéric Beretti (à droite) lors de la réunion sécurité quotidienne, aux côtés du colonel Jérôme Grange (au centre), commandant du Groupement de gendarmerie départementale des Hautes-Alpes (05).

© SIRPA-G / BRC Eugénie TAUPIN

Une solide expertise dans le domaine des courses cyclistes

Originaire d’Arles, dans les Bouches-du-Rhône, Frédéric Beretti commence sa carrière en gendarmerie en 2003. D’emblée, il est intéressé par une carrière de gendarme motocycliste. Dès sa sortie de l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN), il intègre ainsi l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) du Pas-de-Calais. Il acquiert alors une première expérience dans le domaine des courses cyclistes, dans ce département où se déroulent plusieurs compétitions, à l’instar du Grand Prix Cycliste d'Isbergues, des 4 Jours de Dunkerque ou du Tour de l’Avenir. Il rejoint ensuite l’EDSR de l’Allier, puis celui de la Seine-et-Marne, où il est confronté à des problématiques spécifiques liées à la densité urbaine, au mouvement des Gilets jaunes et à la crise sanitaire. En 2020, il rejoint la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN), où il intègre la section des flux terrestres, aériens et nautiques de la gendarmerie nationale. Il travaille durant trois ans aux côtés du lieutenant-colonel Joël Scherer, chef de section. Au départ de ce dernier, à l’été 2023, le lieutenant-colonel Beretti prend sa succession. Il hérite alors de la fonction d’officier de liaison durant le Tour de France, pour laquelle il dispose déjà d’une certaine expérience. « L’an passé, j’ai secondé le lieutenant-colonel Scherer sur le Tour de France, avant de gérer, en solo, l’édition féminine », confie-t-il.
L’occasion pour lui d’appréhender les différents enjeux, ainsi que d’être identifié par les organisateurs et partenaires du Tour.
« Le Tour de France, ce sont environ 75 000 personnes, soit l’équivalent du Stade de France, qui chaque jour se déplacent au gré des étapes. Cela nécessite une logistique colossale ! », souligne Frédéric Beretti.

Cette première expérience sur le Tour de France, l’été dernier, lui a permis d’aborder sa mission avec calme et détermination. « Garder la tête froide, pour ne pas se laisser prendre par l’événement, et ainsi faire face aux nombreux aléas. Mais aussi faire preuve d’une rigueur irréprochable ! », conclut-il.
Du 12 au 18 août prochains, l’officier sera également aux manettes du Tour de France Femmes, préparé tout au long de l’année, parallèlement à l’édition masculine, et dont le grand départ sera donné à Rotterdam, aux Pays-Bas.

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