Jeux Paralympiques de Paris 2024 : Thomas Jakobs n'a rien laissé au hasard

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 24 août 2024
INSEP-05-03=2024@BRC ARRIGHI Frédéric-60.jpg

Du 29 août au 2 septembre 2024, Thomas Jakobs va disputer, à 32 ans, ses deuxièmes Jeux Paralympiques, en badminton. Sportif de haut niveau de la Défense – gendarmerie (SHND-G) depuis 2021, il espère faire mieux qu’à Tokyo, et peut-être décrocher une médaille.

Sur les six terrains de badminton de l’Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (INSEP), dans le bois de Vincennes, en ce début de mois de mai, la séance touche à sa fin. Mais Thomas Jakobs fait durer le plaisir. Tandis que le volant suit sa courbe ascendante, puis descendante, Thomas manie son fauteuil d’avant en arrière, d’une main, l’autre tenant la raquette. Son match est accroché, mais il n’est pas du genre à laisser filer les points, compétiteur dans l’âme. Il est alors en pleine préparation pour le tournoi des Jeux Paralympiques de Paris, qui se déroule du 29 août au 2 septembre 2024, à l’Arena Porte de la Chapelle.

« J’étais mauvais et ça m’énervait ! »

Thomas a découvert le para-badminton à l’âge de 26 ans. Trois ans plus tôt, un accident de voiture lui avait causé une fracture de la colonne vertébrale et une compression de la moelle épinière, entraînant une paraplégie incomplète. Pour ce jeune homme très sportif, pratiquant notamment le tennis et le football, la reconstruction passait forcément par la reprise rapide d’une activité physique.

« J’ai commencé par le hockey fauteuil, huit mois après l’accident, raconte-t-il. C’est là que j’ai rencontré quelqu’un qui pratiquait le « bad » et qui m’a proposé d’essayer. Comme j’aimais les sports de raquette, je me suis dit que ce serait parfait pour moi, mais au début je n’ai pas vraiment accroché. J’étais mauvais et ça m’énervait ! Petit à petit, j’y ai pris goût, j’ai progressé, mais tout s’est vraiment accéléré en 2018. J’ai commencé à m’entraîner sérieusement pour prendre part à une compétition au Brésil. »

Thomas enchaîne, toujours en double, par un quart de finale aux championnats d’Europe. La Fédération française de badminton le contacte alors, en 2019, pour lui proposer de faire équipe avec David Toupé pour les qualifications pour les Jeux Paralympiques de Tokyo, où le badminton doit faire son entrée. « Nous nous sommes qualifiés assez facilement, mais aux Jeux, ça a été un peu plus compliqué. Je manquais d’expérience, pas assez en tout cas pour prétendre rapporter une médaille. »

Mais les choses pourraient se passer différemment cette fois. Pas seulement parce que les Jeux se déroulent à Paris, à l’Arena Porte de la Chapelle, un nouveau complexe sportif flambant neuf, avec le soutien du public français. Mais aussi parce que Thomas et David ont beaucoup progressé depuis Tokyo. Médaillés de bronze aux championnats du Monde en 2022, vice-champions d’Europe à l’été 2023, quart de finalistes aux championnats du Monde qui se sont disputés en Thaïlande en février 2024, battus à l’issue d’un match très serré par les numéros un au classement mondial. « C’est la première fois qu’on arrive à accrocher une équipe de ce niveau, relève Thomas. On les a vraiment fait douter. C’est très encourageant pour la suite. Il a fallu qu’on joue un maximum ensemble avant les Jeux. Je suis également parti en solo à Hong-Kong pour m’entraîner avec un athlète hongkongais. Les meilleurs joueurs sont asiatiques, il faut se mesurer à eux. »

INSEP-05-03=2024@BRC ARRIGHI Frédéric-55.jpg

« L’objectif, c’est la qualité de jeu »

Thomas ne veut rien laisser au hasard. Outre le jeu, avec ses aspects techniques et tactiques, il s'est préparé physiquement, avec des séances de musculation spécifiques, mais aussi mentalement. « On envisage tous les scénarios : quand je mène, quand je suis mené, quand c’est très serré… On se projette sur l’échéance des Jeux, en cas de victoire ou de défaite au premier match. Plus largement, je travaille sur le joueur que je veux devenir, et le cheminement pour y parvenir. » Il a aussi beaucoup bossé sa respiration. « Notre sport, c’est du stop-and-go permanent, décrit-il. On perd de l’énergie à arrêter le fauteuil, puis à le relancer, et ça, sans s’arrêter pendant potentiellement une heure. C’est très cardio comme effort. »

Sélectionné en simple et en double avec David Toupé, Thomas sait que, pour un athlète, disputer des Jeux dans son pays est une opportunité rare. « Il faudra vivre ce moment à fond, mais sans se disperser. On jouera la première semaine (le tournoi se déroule du 29 août au 2 septembre, NDLR), ça nous laissera la seconde pour profiter de l’ambiance. Je suis assez confiant, mais je ne me fixe aucun objectif de médaille. L’objectif, c’est la qualité de jeu. Ça ne sert à rien de se focaliser sur un résultat. Il faut uniquement se concentrer sur la manière, qui elle seule peut permettre d’obtenir un résultat. »

En 2021, juste après les Jeux de Tokyo, Thomas a signé un contrat de Sportif de haut niveau de la Défense (SHND) avec la gendarmerie nationale, d’une durée de quatre ans. « C’est un réel plaisir de faire partie des sportifs de la gendarmerie. Ce soutien m’apporte une grande sérénité, qui me permet de me concentrer uniquement sur le sport. Cet accompagnement, c’est une chance exceptionnelle, une bouffée d’oxygène. Et même si nous n’avons pas l’occasion de nous croiser très souvent, on forme une vraie équipe avec les autres sportifs. Cela m’a permis de rencontrer des athlètes de haut niveau, comme Clarisse Agbégnénou. Ce sont des sportifs inspirants, qui me tirent vers le haut. »

Contacter la gendarmerie

Numéros d'urgence

  • Police - Gendarmerie : 17
  • Pompier : 18
  • Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) : 15
  • Sourds et malentendants : www.urgence114.fr ou 114 par SMS
  • Urgence Europe : 112

Sécurité et écoute

  • Enfance en danger : 119
  • Violences conjugales : 39 19
  • Maltraitance personnes âgées ou en situation de handicap : 39 77

Ces contenus peuvent vous intéresser