Le général d’armée Christian Rodriguez fait ses adieux aux armes

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 24 septembre 2024
AAA GAR Rodriguez - dernier salut au Drapeau.jpg
Dernier salut au drapeau du général d'armée Christian Rodriguez en tant que directeur général de la gendarmerie nationale, dans la cour d'honneur de l'Hôtel des Invalides.

La cour d'honneur de l’Hôtel national des Invalides a accueilli, ce lundi 23 septembre 2024, la cérémonie militaire d’adieu aux armes du général d’armée Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie nationale, placée sous la présidence du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et du ministre des Armées, Sébastien Lecornu.

C’est dans la cour d'honneur de l’Hôtel national des Invalides, à Paris, sous un ciel capricieux, que le général d’armée Christian Rodriguez, Directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), a fait ses adieux aux armes, ce lundi 23 septembre 2024, lors d’une cérémonie militaire présidée par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et le ministre des Armées, Sébastien Lecornu.

Retour sur 41 ans de carrière

À l’issue de sa scolarité à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, de 1983 à 1986, dont il sortira avec un diplôme d’ingénieur en poche, Christian Rodriguez intègre l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN), devenue Académie militaire de la gendarmerie nationale le 1er septembre 2024. En 1987, au terme de sa scolarité, il commence sa carrière d’officier en gendarmerie mobile, comme lieutenant au sein de l’escadron de Dijon. Trois ans plus tard, alors capitaine, il prend le commandement de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) de Thionville, en Moselle. En 1993, il est affecté à la tête de la compagnie de gendarmerie départementale de Pornic pour trois ans et demi. À l’issue, il rejoint pour la première fois la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN), où il traitera pendant trois ans de formation et de doctrine de formation. Il réussit alors le concours de l’école de guerre, et à l’issue de cette formation militaire supérieure, il intègre, pour trois ans, le centre de prospective et d’études de la gendarmerie. En 2002, il est affecté comme adjoint au commandant de Groupement de gendarmerie départementale de Haute-Savoie (GGD 74), poste alors occupé par Denis Favier, auquel il succède l’année suivante. Ces quatre années en Haute-Savoie sont notamment marquées par l’organisation de la sécurisation du G8 d’Évian-les-Bains en 2003, mais aussi par l’affaire de la tuerie du Grand-Bornand.

L'officier effectue ensuite son deuxième passage à la DGGN, cette fois comme chargé de mission au sein du cabinet du directeur général. Il travaillera notamment à la préparation et à l’accompagnement du transfert de la gendarmerie nationale du ministère de la Défense vers le ministère de l’Intérieur, qui surviendra en 2009. Quatre ans plus tard, il prend la tête de la région de gendarmerie de Corse, qu’il quittera au bout de deux ans et demi pour intégrer, en 2013, le cabinet du ministre de l’Intérieur, à la suite du départ de Denis Favier, nommé directeur général de la gendarmerie nationale. Cette période est notamment marquée par plusieurs crises, au premier rang desquelles les attentats de novembre 2015 ainsi que le crash d'un avion de la Germanwings dans les Alpes-de-Haute-Provence en mars de la même année. En septembre 2016, tandis que Richard Lizurey est nommé DGGN à la suite de Denis Favier, Christian Rodriguez lui succède comme major général, et ce jusqu’au 1er novembre 2019, date à laquelle il prend à son tour la tête des 130 000 gendarmes d’active et de réserve.

Dès le mois de décembre 2019, il insuffle une nouvelle dynamique à travers son projet GEND 20.24, qui pose des jalons et des objectifs pour les cinq années à venir, afin de bâtir la gendarmerie de demain et la mettre en position de faire face aux enjeux sécuritaires, mais également sociétaux et technologiques. Une politique de la transformation qui met l’humain au cœur de toute décision, qu’il s’agisse de la mission au service de la population ou du cadre de vie professionnel et privé des personnels de l’Institution. Pour répondre aux besoins opérationnels et aux évolutions sociétales, GEND 20.24 se nourrit notamment des avancées technologiques et des capacités d’innovation internes, mais surtout de l’adhésion de tous.

Dès printemps suivant, survient la crise de la COVID-19. D’ampleur internationale, elle s’installe dans la durée, impliquant une nécessaire manœuvre R.H. et une adaptation opérationnelle à tous les échelons. Au-delà de la mission première de sécurité, l’engagement exceptionnel de chaque gendarme a alors donné corps à l’opération #RépondrePrésent.

En octobre 2023, tandis que la gendarmerie est pleinement engagée dans la sécurisation de la coupe du Monde de rugby, grand galop d’essai avant la tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, le général d’armée Christian Rodriguez est maintenu dans la première section des officiers généraux et dans ses fonctions jusqu’au 29 septembre 2024, à l’issue des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris.

Le directeur général de la gendarmerie, entouré du ministre des Armées et du ministre de l'Intérieur, salue les troupes lors de la revue dans la cour d'honneur des Invalides.
© SIRPA Gendarmerie - GND Jérémy Perrier

« L’engagement de toute une vie »

Selon le protocole militaire, la cérémonie, mise en musique par la garde républicaine, a débuté par les honneurs au drapeau, suivis de la revue des troupes, réunissant sur les rangs seize détachements incarnant la variété de corps, de statuts, de grades et de métiers de la gendarmerie : gendarmeries départementale et mobile, garde républicaine, école de gendarmerie, GIGN, gendarmerie maritime, gendarmerie de l’Air, gendarmerie des transports aériens, forces aériennes de la gendarmerie nationale, commandement de la gendarmerie prévôtale, gendarmerie de l’armement, gendarmerie de la sécurité des armements nucléaires, centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie, corps de soutien de la gendarmerie nationale, mais également un détachement de militaires de Pelotons de gendarmerie de haute montagne, des motocyclistes d’escadrons départementaux de sécurité routière et un détachement de réservistes.

Puis, après une courte cérémonie de remise de décorations, le ministre de l’Intérieur a rendu un hommage appuyé au « parcours exemplaire, exceptionnel » de ce « fils de gendarme, frère de gendarme », qui a fait le choix, il y a 41 ans, « de servir en gendarmerie », « jusqu’à en assumer la plus haute responsabilité, comme chef (...) Pour vous, comme pour beaucoup d’autres, la gendarmerie est un engagement familial, l’engagement de toute une vie ».

Efficacité, proximité et modernité

Devant une assistance nombreuse, composée de hautes autorités militaires, administratives, judiciaires et civiles, françaises et étrangères, ainsi que de nombreux personnels de la gendarmerie, Bruno Retailleau a particulièrement insisté sur l’action du général d’armée Rodriguez à la tête de l’Institution : « Répondre présent, pour la population, par le gendarme. (…) Trois promesses intensément républicaines, passionnément françaises. Trois promesses qui s’incarnent dans l’engagement d’un officier exceptionnel et dans celui d’une Institution au service de toute une nation. Trois promesses dont vous avez fait une devise, pour toute la gendarmerie, un cap, une mission. »

Revenant sur les différentes crises et temps forts survenus au cours de ces cinq dernières années, à l’instar de la pandémie de Covid, quelques mois seulement après la nomination du général d’armée Rodriguez à la tête de la gendarmerie, le ministre de l’Intérieur a loué la vision et l’ambition portées par la stratégie GEND 20.24, dont la pandémie est rapidement venue démontrer concrètement la pertinence : « Ce projet fédérateur que vous portez, c’est celui d’une plus grande efficacité, d’une plus grande modernité, mais au service d’une identité, celle de la gendarmerie, afin qu’elle soit pleinement fidèle à ce qu’elle est, au plus profond d’elle-même. Une force humaine, enracinée, proche, bienveillante. Une force armée aussi, réactive, robuste, aguerrie face aux menaces. Une force moderne enfin, saisissant toutes les opportunités numériques, technologiques (…) Tout ce que vous avez poursuivi, construit, transformé, l’a été à l’aune de ces trois grandes lignes directrices. L’enracinement dans nos territoires, la proximité avec les Français, vous les avez renforcés. Vous avez ainsi participé au réarmement des services publics dans tous nos territoires, en portant la création de 239 nouvelles brigades, en développant le « aller vers », en passant d’une logique de guichet à une logique de « pas-de-porte », pour être toujours au plus près du citoyen. Cette proximité de chaque gendarme avec la population est l’expression concrète d’une conviction que vous vous plaisez à répéter : « être gendarme, c’est d’abord aimer les gens », et il faut aimer les gens pour mieux les servir. Aimer pour servir et anticiper pour s’adapter. »

Allocution du ministre de l'Intérieur, debout derrière un pupitre transparent, sous un chapiteau blanc. A sa gauche, le drapeau français jouxte le drapeau européen.
© SIRPA-Gendarmerie - ADC F. Bourdeau

Un esprit de transformation

Bruno Retailleau a également rendu hommage à l’esprit de transformation insufflé par le général d’armée Rodriguez : « Pour conserver une supériorité technologique face aux nouvelles formes de menaces et de délinquance, vous avez su insuffler votre culture scientifique à tous les échelons, c’est l’un de vos succès majeurs. Vous avez ainsi mis en ordre de bataille la gendarmerie pour répondre aux défis du cyberespace. Sous votre impulsion, le COMCYBER-MI est aujourd’hui un outil puissant du ministère. Sous votre impulsion également, le Commandement pour l’environnement et la santé (CESAN) a été créé. À chaque fois, vous avez su placer la gendarmerie à l’avant-garde. »

Le ministre de l’Intérieur n’a pas non plus manqué de souligner le « rôle essentiel » joué par la gendarmerie « dans les grands rendez-vous de la Nation », au premier rang desquels la sécurisation des Jeux Olympiques et Paralympiques, manœuvre qualifiée de « beau succès ». Des événements parfois marqués du sceau de l’adversité, « de la tempête Alex jusqu’aux violences de Sainte-Soline, ou encore aux émeutes urbaines de l’été 2023 », décrivant à cette occasion le général d’armée Rodriguez comme un « chef présent, exigeant, mais rassurant aussi. (...) Dans tous ces moments, vous avez incarné cette force sereine de l’officier, celle qui tire le meilleur de chacun et assure la cohésion de tous. »

S’arrêtant enfin sur les drames qui ont frappé l’Institution ces dernières années, et auxquels « la gendarmerie a fait face avec le courage et l’esprit de sacrifice qui font son honneur », le ministre a exprimé « une pensée émue et reconnaissante pour tous les gendarmes tombés dans l’exercice de leur mission durant toutes ces années », insistant sur la nécessité de juguler par la fermeté la montée des violences dont sont régulièrement victimes les forces de l’ordre.

Le directeur général de la gendarmerie au garde-à-vous au milieu de la cour d'honneur de l'Hôtel national des Invalides. Derrière lui, un gendarme en grande tenue porte le drapeau tricolore de la gendarmerie nationale. Dans le fond à gauche, une partie des troupes au garde-à-vous ; à droite, un motocycliste. En arrière-plan, les arches de la cour d'honneur.
© SIRPA-Gendarmerie - ADC F. Bourdeau

Puis Bruno Retailleau de conclure son allocution en remerciant une nouvelle fois le général d’armée Rodriguez : « Voici 41 ans, vous avez prêté (…) le serment de servir et de protéger. Vous avez honoré votre serment, et aujourd’hui, c’est bien toute la Nation qui, par ma voix, vous exprime son profond respect et son immense reconnaissance. »

C’est ensuite dans une solennité toute particulière que le général d’armée Rodriguez s’est retrouvé une dernière fois face au drapeau de la gendarmerie en tant que directeur général, ce même drapeau devant lequel il avait prêté serment en début de carrière, celui-là même qui lui avait été confié il y a cinq ans. Rompant ce face-à-face silencieux, sa main gantée de blanc est enfin venue se poser délicatement sur ses plis, comme un dernier geste empreint d’un profond respect à l’égard d’un ami de toujours, comme un véritable adieu aux armes, adieu à l’arme, celle de la gendarmerie.

Au premier plan, le directeur général de la gendarmerie nationale, en buste, esquisse un sourire en effectuant un salut de sa main droite gantée. Au second plan, à gauche, flou, le ministre des Armées le suit.
© SIRPA-Gendarmerie - ADC F. Bourdeau

Contacter la gendarmerie

Numéros d'urgence

  • Police - Gendarmerie : 17
  • Pompier : 18
  • Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) : 15
  • Sourds et malentendants : www.urgence114.fr ou 114 par SMS
  • Urgence Europe : 112

Sécurité et écoute

  • Enfance en danger : 119
  • Violences conjugales : 39 19
  • Maltraitance personnes âgées ou en situation de handicap : 39 77

Ces contenus peuvent vous intéresser