Jeux Paralympiques de Paris 2024 : Margot Boulet, une confiance à toute épreuve

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 26 août 2024
La sportive de haut niveau de la Défense - gendarmerie Margot Boulet sur son skiff monoplace.
© GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE

Gravement blessée lors du stage de formation du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), en 2017, Margot Boulet s’est reconstruite notamment grâce à la pratique de l’aviron. Première para à avoir obtenu le statut de Sportive de haut niveau de la Défense – gendarmerie (SHND-G), en 2020, elle vise à Paris une deuxième médaille olympique, après celle de bronze à Tokyo. Rencontre à Nogent-sur-Seine avec une championne résiliente et conquérante.

Sur le quai de Garlinville, à Nogent-sur-Seine ce 24 juin 2024, les rayons de soleil ont enfin fait leur apparition et paillettent le bras de fleuve. Margot Boulet et son père, président du Cercle aviron nogentais, peuvent sortir le skiff monoplace du hangar à bateaux. L’été a commencé depuis trois jours, mais il a tardé à s’annoncer. Printemps pluvieux, Seine en crue et interdite à la navigation… Pour préparer un événement aussi important que les Jeux Paralympiques de Paris, il y a mieux comme conditions.

« Heureusement que nous avons plusieurs lieux pour nous entraîner, notamment dans le Lot-et-Garonne, parce que si je m’étais préparée uniquement ici, ça aurait été très compliqué, relève Margot. Nous avons aussi un partenariat avec la centrale nucléaire, qui me permet de naviguer sur le bassin, où il n’y a aucun courant. Mais la pluie tous les jours, ça crée une fatigue et donc un stress supplémentaire et, dans le sport de haut niveau, on n’a vraiment pas besoin de ça ! »

« Les secouristes me disaient d’arrêter de bouger mes orteils »

Margot Boulet n’aurait pas dû faire d’aviron. Elle préférait la natation, sport qu’elle a pratiqué en compétition de 15 à 19 ans. « Je côtoyais alors des Sportifs de haut niveau de la Défense – Gendarmerie (SHND-G) comme Alain Bernard, Charlotte Bonnet et Hugues Duboscq, qui m’avaient parlé de cette possibilité. Mais j’avais atteint mon plus haut niveau en natation, je ne progressais plus. » Après une licence de biologie, elle décide donc de passer le concours de sous-officier de la gendarmerie et entre à l’école de Tulle en 2012. Cavalière, elle réussit les tests pour entrer au Régiment de cavalerie de la Garde républicaine. Elle y restera quatre ans. Mais elle a d’autres projets en tête. « Le GIGN m’a toujours intéressée, notamment l’observation recherche. J’étais trop jeune en 2012 et je voulais découvrir la gendarmerie avant, mais je me souviens que lors d’un déplacement en Nouvelle-Calédonie, fin 2014, début 2015, je préparais déjà les tests. » Margot valide le pré-stage à l’automne 2016 et commence sa formation au début de l’année 2017. Mais à Pau, lors d’un saut en parachute, le temps va s’arrêter.

« Il fallait atterrir sur une zone matérialisée au sol, raconte-t-elle. On était en limite haute au niveau du vent, mais ça passait. On saute en formation assez serrée, et comme je suis la plus légère, je pars en dernier. À l’atterrissage, la voile du camarade qui me précédait est restée gonflée à cause du vent, et s’est déportée sous moi. Ma voile se ferme alors partiellement et je fais les 10 derniers mètres beaucoup trop rapidement. Je me souviens de l’impact et surtout de la sensation de ne plus sentir mes jambes. Je me suis dit tout de suite : "J’ai 26 ans et je suis paraplégique". C’est un sentiment de panique. J’avais très mal au dos, mais quand les secours militaires sont arrivés, j’ai senti une autre douleur, intense, au niveau de ma cheville, qui m’a rassurée. Les secouristes me disaient d’arrêter de bouger mes orteils, mais ça me faisait tellement de bien psychologiquement ! »

« Au-delà de toutes mes espérances »

Margot est opérée du dos dès le lendemain. Six autres opérations suivront, avant une période de rééducation en Seine-et-Marne, puis des soins à domicile, chez ses parents. Elle reprend le travail au GIGN sur un poste sédentaire, au Bureau relations internationales. « C’était très intéressant, mais j’ai senti, après quelques semaines, que mon état de santé se dégradait. » Une imagerie faite à l’hôpital de Percy détecte que la vis posée au niveau du dos est cassée, et qu’une fracture qui s’était consolidée au niveau de la cheville s’est rouverte. Nouvelles opérations, puis finalement pose d’une prothèse de cheville en titane et plastique. « J’en suis très contente. Je ne sais pas combien de temps je pourrai la garder, mais je n’ai quasiment plus de traitement contre la douleur. Je marche normalement, je peux juste ni sauter ni courir. »

Et Margot va aussi pouvoir faire… de l’aviron. « Avec un père président et une mère secrétaire, j’entendais forcément parler de la vie du club ! J’avais repris la natation pour retrouver confiance en mon corps dans un milieu sécurisé et, en octobre 2019, un cadre de la Fédération française d’aviron, en visite à Nogent-sur-Seine, a parlé à mes parents du para-aviron et du fait que j’avais le profil. » En plein mois de décembre, Margot participe à un stage à Vaires-sur-Marne, site des épreuves des futurs Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris. « J’ai dû tout apprendre, se remémore-t-elle. Ce qui m’a plu, c’est de sentir que je pouvais progresser dans un sport, au lieu de courir après ce que j’étais avant l’accident. Ça m’a fait un bien fou. On parle souvent de Reconstruction des blessés par le sport (RBS), c’était exactement ça, au-delà de toutes mes espérances. » Avec l’aviron, Margot va déjouer tous les pronostics médicaux qui lui ôtaient tout espoir de reprendre un jour le sport de haut niveau. Elle remonte même sur le cheval dont elle est propriétaire. « Pour me promener, sans prendre de risques », sourit-elle.

En 2020, en plein confinement, elle candidate pour devenir SHND-G. « J’ai été la première para à intégrer le dispositif et, cette année, la gendarmerie vient de signer le cinquième (Hector Denayer, NDLR). Un nageur en plus, c’est super ! C’est important pour moi de faire partie de cette grande équipe de l’Armée des Champions. On échange, on apprend les uns des autres. »

  • La sportive de haut niveau de la Défense - gendarmerie Margot Boulet porte son skiff sur l'épaule avant de le mettre à l'eau
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • La sportive de haut niveau de la Défense - gendarmerie Margot Boulet rame sur la Seine.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • La sportive de haut niveau de la Défense - gendarmerie Margot Boulet rame sur la Seine.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • La sportive de haut niveau de la Défense - gendarmerie Margot Boulet rame sur la Seine.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • La sportive de haut niveau de la Défense - gendarmerie Margot Boulet rame sur la Seine.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Le logo de l'armée des champions sur le skiff de Margot Boulet.
    © GEND/SIRPA /MDC B. LAPOINTE
  • La sportive de haut niveau de la Défense - gendarmerie Margot Boulet porte son skiff sur l'épaule avant de le mettre à l'eau
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • La sportive de haut niveau de la Défense - gendarmerie Margot Boulet rame sur la Seine.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • La sportive de haut niveau de la Défense - gendarmerie Margot Boulet rame sur la Seine.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • La sportive de haut niveau de la Défense - gendarmerie Margot Boulet rame sur la Seine.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • La sportive de haut niveau de la Défense - gendarmerie Margot Boulet rame sur la Seine.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Le logo de l'armée des champions sur le skiff de Margot Boulet.
    © GEND/SIRPA /MDC B. LAPOINTE

« On est dans le game ! »

Jeudi 29 août 2024, aura lieu la première course du quatre barré mixte PR3 (PR3 Mix4+) aux Jeux Paralympiques de Paris, sur le plan d’eau du stade nautique de Vaires-sur-Marne. L’équipage est composé de quatre rameurs (deux femmes et deux hommes) et d’un barreur, dans la coque, qui peut être un para ou un valide, mais doit peser exactement 55 kg (s’il pèse moins, le bateau sera lesté avec des petits sacs de sable de 500 grammes, autant que nécessaire). « Il faut qu’on soit tous individuellement bien préparés pour pouvoir ensuite former un collectif, décrit Margot. Ce n’est pas simple, car nous avons des gabarits, des forces et des pathologies qui diffèrent. Ça prend du temps, chaque détail compte. On pense souvent que l’aviron est un sport de force, mais c’est avant tout un sport d’équilibre et de synchronisation, puis seulement après de force. »

Margot, elle, sera à la nage. « C’est le rameur le plus proche de la pointe arrière, sur le rythme duquel le reste de l’équipage va se caler, que ce soit lors de la phase de propulsion, quand la rame est dans l’eau, ou lors de la partie aérienne. Les garçons sont au milieu, ce sont les moteurs, ceux qui génèrent de la force et assoient par leur poids la coque dans l’eau pour avoir une bonne ligne de flottaison. Et le 4 a pour rôle d’anticiper et de compenser les fautes d’équilibre. »

Après la médaille de bronze obtenue aux Jeux Paralympiques de Tokyo, l’équipage tricolore espère monter à nouveau sur le podium. « Nous avons terminé cinquièmes lors des qualifications olympiques, rappelle Margot. Ça passait, certes, mais on savait qu’on s’était loupés. On a tiré le signal d’alarme, on s’est dit les choses, on s’est remis en question. Et après quelques changements, on a senti une montée en puissance. Lors de la dernière coupe du Monde, on termine troisièmes, devant les Allemands et les Australiens, qui sont nos principaux concurrents pour une médaille, et pas très loin des Américains. Les Anglais restent les grands favoris pour l’or mais, pour le podium, on est dans le game ! »

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