Transition énergétique : à l’école de Tulle, la gendarmerie déploie de nouveaux panneaux photovoltaïques

  • Par la lieutenante Floriane Hours
  • Publié le 26 mai 2024
Sur le toit d'un batiment assez récent, se trouve des panneaux photovoltaïques.
© Ecole de gendarmerie de Tulle

Afin de contribuer à limiter les effets du réchauffement climatique, la gendarmerie, inscrivant son action dans la mise en œuvre de la réglementation Éco Énergie Tertiaire et dans la circulaire Engagements pour la transformation écologique de l’État du 21 novembre 2023, s’est fixé pour objectif une réduction des consommations d’énergie de son parc immobilier tertiaire de 10 % en 2024, 25 % en 2027 et 40 % en 2030. L’un des leviers disponibles pour y  parvenir est la pose de panneaux photovoltaïques. Une première phase d’expérimentation vient d’être lancée à l’école de gendarmerie de Tulle, en Corrèze.

Au sein de l’école de gendarmerie de Tulle, qui accueille plus de 1 000 futurs sous-officiers et gendarmes adjoints volontaires depuis le début de l’année 2024, lorsqu’un élève allume la lumière, c’est une électricité un peu plus verte qui leur fournit désormais l’éclairage. Car depuis cette année, sont installés au-dessus de leurs têtes, 460 modules photovoltaïques recouvrant une surface de 880 m² (et pouvant possiblement atteindre les 1 500 m² à terme). Fruit d’une collaboration entre la gendarmerie et le pôle photovoltaïque de l’Agence de gestion de l’immobilier de l’État (AGILE), en charge de ces sujets pour l’ensemble des ministères, ce projet a été monté en un peu plus d’un an.

École de gendarmerie de Tulle : un terrain d’expérimentation idéal

Pour comprendre ce projet, et plus largement l’engagement de la gendarmerie sur la question des Panneaux photovoltaïques (P.V.), il est nécessaire de revenir quelques années en arrière, plus précisément en 2014. À cette époque, la gendarmerie se lance dans un nouveau modèle de valorisation de ses sites pour y produire de l’électricité. Pour équiper en panneaux photovoltaïques les toitures de cinq de ses casernes (l’escadron de gendarmerie mobile et le groupement de gendarmerie départementale de Perpignan, le groupement de gendarmerie départementale de Montpellier, celui de Marseille et la caserne de l’escadron de gendarmerie mobile de Hyères), elle passe alors un contrat avec la SOVAFIM (Société de Valorisation Foncière et Immobilière, devenue depuis AGILE), qui s’engage à restaurer à ses frais les toitures des casernes concernées en échange de la pose et de l’exploitation de panneaux ainsi que de la revente de l’électricité produite durant 28/30 ans.

Pour la gendarmerie, qui peut ainsi restaurer gratuitement les toitures de ces casernes tout en valorisant son patrimoine immobilier, le marché est gagnant et représente un premier pas vers les énergies renouvelables, comme l’explique Stéphane Kouyoumdjian, chef de projet à la SDIL (Sous-Direction de l’Immobilier et du Logement) : « Cette première vague d’équipements nous a ensuite poussés à envisager de nouvelles solutions d’implantation, mais qui auraient cette fois-ci un intérêt direct pour la gendarmerie en lien avec les P.V., c’est-à-dire en auto-consommant l’électricité produite à même le site. ll faut savoir que quand on parle d’autoconsommation, avec près de 1 000 m² de panneaux, cela peut contribuer à 20-25 % des besoins en électricité du site. Cela n’est pas négligeable. »

Se basant sur ce critère de 1 000 m² de superficie minimum (toiture-terrasse ou toiture à pans en bac acier, préalablement rénovée), plusieurs sites sont ciblés. Parmi eux, celui de l’école de gendarmerie de Tulle. Situé dans une zone tempérée avec bon ensoleillement (contrairement à ce que l’on pense, la chaleur ne permet pas un meilleur rendement, seule la lumière compte, ndlr), et ayant un toit plat, rénové et de taille suffisante, ce lieu a rapidement été retenu « comme un terrain d’expérimentation idéal ».
« S’agissant d’une école, le choix a aussi été motivé par le fait que l'électricité pouvait être directement consommée sur place par les élèves », précise Stéphane Kouyoumdjian. Après une phase d’étude préalable lancée début 2023, suivie d’une recherche de financement en interne, le contrat de développement a été signé par le commandant de l’école en août 2023. En décembre, le projet se concrétise avec la pose des panneaux photovoltaïques sur le toit de l’école et, début 2024, c’est l’aboutissement de ce projet co-financé par la gendarmerie et l’AGILE, avec le raccordement et la mise en service des installations.

Des économies directes à la clé

Sur un montant de travaux global de 302 000 euros TTC, l’AGILE a pris à sa charge 75 % des investissements (études comprises). Le coût résiduel pour la gendarmerie (25 % du montant global) est donc ramené à 63 000 euros. Un investissement, certes conséquent, mais qui devrait, selon les prévisions, être rentabilisé en seulement deux ans grâce aux économies réalisées. « Ces panneaux vont permettre de faire une économie moyenne de 30 000 € euros par an, d’où la rentabilité en presque deux ans. Cela veut aussi dire que dans trois ans, ce seront des économies nettes pour la gendarmerie. » Dans les calculs de la gendarmerie, les coûts d'entretien sont également pris en compte. Entièrement à la charge de l’Institution, ces derniers s’élèvent à environ 400 euros par an. Une somme elle aussi rapidement amortie par les économies réalisées. La durée de vie des panneaux photovoltaïques est estimée à 30 ans, rendant le projet d’autant plus rentable.

Ouvrir la voie aux énergies vertes en gendarmerie

Pour atteindre l’objectif cible de réduction de la consommation d’énergie de 40 % d’ici 2030, la gendarmerie nationale ne compte pas s’arrêter là. Ne pouvant compter sur la pose d'éoliennes, qui comportent de trop nombreuses problématiques (bruit, autorisation, voisinage, coût, etc.), elle a fait le choix de continuer à s’orienter vers le solaire, moyen de production d’énergie verte plus en phase avec les besoins et les obligations opérationnelles des casernes.

Pour concrétiser cette démarche, cinq projets de pose de panneaux photovoltaïques sur cinq nouveaux sites sont actuellement à l’étude. Parmi les lieux ciblés, se trouvent ainsi la caserne de Rosny-sous-Bois(93), la caserne Offner à Grenoble (38), le quartier Mohier à Maison-Alfort (94), la caserne Hetzel à Marseille (13) et une éventuelle autre caserne dont le choix reste encore à déterminer. Des casernes qui respectent toutes le critère de 1 000 m² de toitures rénovées et qui bénéficient également d’un bon ensoleillement.

Outre ces cinq casernes, ce projet d’équipement en panneaux solaires pourrait bientôt aller encore plus loin, avec, par exemple, la mise en place d'ombrières de parking équipées de panneaux photovoltaïques ou l’installation de ces panneaux sur de plus petits espaces (comme des brigades). « On a tout intérêt à développer en interne des solutions plus vertueuses qui coûteront beaucoup moins cher à l’usage et qui nous permettront de viser un semblant d’autonomie énergétique, en devenant nous-mêmes producteurs d’électricité, le tout à notre profit », précise Stéphane Kouyoumdjian, avant de poursuivre, « sur ces projets, il faut penser en termes d’investissements et non plus de dépenses. » Des investissements donc pour l’avenir, afin de penser, redessiner et surtout vivre la gendarmerie du futur.

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