Nouvelle-Calédonie : les gendarmes obtiennent la reddition des principaux suspects de la tribu de Saint-Louis

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 01 octobre 2024
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Ce lundi 30 septembre 2024, après plusieurs jours d’intenses négociations, les gendarmes ont obtenu la reddition de cinq individus suspectés d’être à l’origine de plusieurs crimes et délits commis sur la Route provinciale néo-calédonienne 1. Une nouvelle reddition est intervenue ce 1er octobre 2024.

Depuis plusieurs mois, la Route provinciale néo-calédonienne 1 (RP1) est coupée entre Saint-Michel et La Coulée en raison des exactions commises par la tribu de Saint-Louis. Plusieurs de ses membres sont en effet suspectés d’être à l’origine de tentatives de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique (coups de feu tirés en direction des gendarmes sécurisant l’axe), de destruction de biens par incendie ou moyens dangereux et de car-jackings. La gendarmerie a en effet enregistré 60 plaintes en ce sens. Deux « verrous » ont donc été installés au nord et au sud de la RP1. Tenus par des gendarmes mobiles, avec l’appui de véhicules blindés, ils empêchent la circulation des véhicules, à l’exception des véhicules d’urgence. Les piétons sont autorisés à passer à condition de se soumettre à une fouille et de présenter leurs documents d’identité. Depuis plusieurs semaines, des négociations étaient en cours avec les suspects identifiés.

Des gendarmes en treillis, gilet pare balles et casque, en ligne en travers de la chaussée, face à une foule de manifestants.
© SIRPA-G - MDC B. LAPOINTE

Des négociations menées avec détermination

Dans la nuit du 18 au 19 septembre dernier, des gendarmes avaient été pris à partie par un groupe d'individus armés alors qu'ils se trouvaient en mission à Saint-Louis. Les militaires du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) avaient été contraints d'ouvrir le feu pour les neutraliser. À l'issue de cet événement, la gendarmerie avait accentué les négociations afin d'obtenir la reddition des individus et d'éviter d'avoir à recourir à des interpellations dans la tribu.

Rapidement, trois individus s’étaient rendus, alors que les obsèques des deux personnes décédées devaient se tenir le dimanche 29 septembre. Respectant le besoin de se recueillir des familles et des proches, la gendarmerie avait fixé un ultimatum au lundi 30 septembre matin avant de déclencher une opération.

C’est au cours de la matinée qu’un premier suspect s’est rendu. Les discussions en cours ont rapidement permis d’obtenir la reddition de quatre autres principaux suspects. Ceux-ci se sont en effet livrés aux forces de gendarmerie présentes au « verrou nord » en fin de journée.

Une nouvelle reddition est intervenue ce 1er octobre 2024.

Alors que les investigations vont désormais pouvoir se poursuivre, le procureur de la République a tenu à souligner « le rôle des autorités coutumières, qui ont appelé les personnes recherchées à cesser la logique d’affrontement avec les forces de l’ordre et à venir s’expliquer devant les enquêteurs sur les faits qui leur sont reprochés. » Les autorités coutumières étaient en permanence en lien avec différentes unités de gendarmerie, qui ont conduit un véritable travail d’équipe.

Rondache noire avec des broderies argentées représentant un sphinx, avec les mentions gendarmerie nationale, négociation, GIGN.
© SIRPA-G - MDC B. LAPOINTE

Un travail d’équipe augurant d’une normalisation de la situation

« Nous sommes tous satisfaits de ce résultat d’équipe, souligne le général Nicolas Matthéos, commandant la gendarmerie pour la Nouvelle-Calédonie.Il est à la fois le fruit du travail réalisé par les gendarmes connaissant les coutumiers et les familles et de la persévérance des unités de police judiciaire. Ce résultat est l’œuvre de toute la gendarmerie, qu’il s’agisse de la gendarmerie mobile, qui tient bon depuis des mois, du GIGN dans toutes ses composantes ou de la gendarmerie territoriale et départementale. Je tiens à souligner l’apport du Coordinateur du renseignement administratif et judiciaire (CRAJ). Créé dans chaque compagnie depuis le troisième référendum d’autodétermination, ce sous-officier originaire du territoire conseille le commandant de compagnie et réalise des rapprochements entre renseignements administratifs et judiciaires en s’appuyant sur sa connaissance de la Nouvelle-Calédonie. Nous avons démontré que nous étions déterminés à présenter les suspects à la justice, ce qui nous a permis d’obtenir la reddition des principaux meneurs. J’ai désormais bon espoir d’un apaisement de la situation et d’une réouverture prochaine de la route. Il faudra encore un peu de temps, car nous devons nous assurer que les usagers de la route soient en sécurité, mais nous avons de bonnes raisons de croire que ceux qui tirent sur les gendarmes et qui commettent des car-jackings sont désormais hors d’état de nuire. »

« Ces redditions constituent un très bon signal envoyé à toute la population de Nouvelle-Calédonie, estime Bertrand, référent négociateur national du GIGN. Nous avons pleinement joué notre rôle de coordination, en nous appuyant sur les gendarmes locaux qui connaissent les traditions et les coutumes. Nous avons construit une opération humaine reposant sur le respect de l’adversaire et de sa famille. Nous avons trouvé un compromis nous permettant d’aller dans le même sens. L’interpellation de ces personnes constitue une étape importante, l’objectif étant la réouverture de l’axe routier afin que les gens puissent reprendre un cours de vie normal. »

Une dizaine de gendarmes mobiles, en t-shirt et pantalon d'intervention noirs, casque sur la tête, vus de dos. Face à eux, quelques manifestants, dont l'un brandit un drapeau.
© SIRPA-G - MDC B. LAPOINTE

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