JOP 2024 : près de 2 200 gendarmes mobilisés pour sécuriser les transports en commun

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 06 août 2024
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Le général Monguillon est présent quotidiennement au Centre de coordination opérationnelle de sécurité, où son GOMO est articulé H24 pour prendre le relais sur tous les événements, en termes de renseignements et de comptes rendus, mais également pour réarticuler les dispositifs sur les gares ou les stations en fonction des besoins prioritaires.

Depuis le début des J.O. de Paris 2024, près de 700 patrouilles, dont 550 armées par des gendarmes mobiles et départementaux, arpentent quotidiennement les gares SNCF, ainsi que les stations et les lignes de métro, RER et Transilien de Paris et sa banlieue. À la tête du Groupement opérationnel de maintien de l'ordre « transports en commun », le général Dominique Monguillon explique les rouages de ce dispositif d'ampleur pour lequel la gendarmerie apporte son concours à la Préfecture de Police de Paris.

Mon général, quelle mission a été fixée au GOMO (Groupement Opérationnel de Maintien de l'Ordre) T.C. (Transports en Commun) ?

La mission principale est de sécuriser, en liaison avec la Sous-direction de la police régionale des transports (SDPRT), l’ensemble des transports en commun de Paris et sa banlieue, sur la compétence Île-de-France, jusque dans la grande banlieue. Il s’agit donc essentiellement du métro, des RER, des Transiliens, mais aussi, la nuit, du réseau de Noctilien. L’objectif est de faciliter la circulation des flux de personnes dans les transports, d’interpeller les auteurs d’infractions, de renseigner et rendre compte. Sur ce dispositif, où elle est concourante de la Préfecture de Police (P.P.) de Paris, la gendarmerie fournit le contingent le plus important, en armant actuellement, pendant la phase des J.O., 550 des 700 patrouilles engagées quotidiennement.

La sécurisation des transports en commun, que ce soit sur la plaque parisienne ou en régions, est une mission régulière, pour autant, elle a quand même nécessité une formation ou une sensibilisation préalable des militaires mobilisés ?

Effectivement, nos gendarmes, en fonction de leur lieu d’implantation, sont amenés, dans le cadre de leurs missions, à patrouiller dans les transports en commun, comme les TER et même les lignes TGV. Pour autant, nous agissons quotidiennement dans un milieu spécifique, qui ne nous est pas familier, au contact de véritables spécialistes des réseaux ferrés de la SDPRT ainsi que des partenaires que sont la RATP et la SNCF. Il était important de généraliser cette sensibilisation. C’est ce qu’a fait la Région de gendarmerie Île-de-France (RGIF), de façon massive, pendant plusieurs mois, en amont des JOP 2024, avec une instruction réalisée spécifiquement par la police des transports, mais aussi par la RATP et la SNCF. Concrètement, toutes les Compagnies de marche (CdM) fournies par l’Île-de-France ont bénéficié de cette formation. La RGIF a également formé des formateurs relais, qui ont dispensé ce savoir aux unités hors zone. Il est vrai que les gendarmes mobiles sont habitués à travailler dans les gares, mais pas dans les niveaux inférieurs, ni à monter dans les rames. Il était donc nécessaire que tous aient rapidement cette capacité à se repérer, s’identifier et donner du renseignement très précis. Cette sensibilisation à l’intervention en milieu ferroviaire comportait deux axes : l’identification des actes de malveillance et la sécurité de l’intervention sur une emprise ferroviaire. Nous nous sommes également appuyés sur les Enseignements à distance (EAD) existant en matière d’intervention en milieu ferroviaire, ainsi sur la discipline radio, eu égard au nombre important de personnes sur le réseau.

Au premier plan, un gendarme de profil, flou, regarde droit devant lui. Derrière lui, un second gendarme, également de profil, a la tête tournée vers l'arrière de la voiture de métro, où l'on voit des personnes assises en arrière-plan.
© SIRPA Gendarmerie - ADC Fabrice BOURDEAU

Quels sont vos partenaires de travail ?

La Brigade des réseaux ferrés (BRF) et son pendant judiciaire, la Sûreté régionale des transports (SRT), mais aussi le Groupe de protection et de sécurité des réseaux (GPSR) de la RATP et la Sûreté Ferroviaire (SUGE) de la SNCF sont nos partenaires réguliers sur le terrain.

Nous travaillons avec les mêmes partenaires au sein du Centre de coordination opérationnelle de sécurité (CCOS), où sont présents à temps plein des opérateurs de la SNCF et de la RATP, mais également, et c’est une particularité, des vidéopatrouilleurs de la police des transports. Ces opérateurs et ces vidéopatrouilleurs, de très grande qualité, fournissent un véritable appui à nos patrouilles, avec des précisions sur les informations transmises et une valorisation du renseignement.

Sont également venues s’agréger les militaires de Sentinelle, qui travaillent en autonomie, sur le mode de patrouilles aléatoires. C’est une force en capacité de s’intégrer sans aucune difficulté dans nos dispositifs dès lors qu’elle se trouve sur le même site que nos patrouilles. Nous sommes souvent force de proposition pour la police, puisque nous pouvons agréger toutes nos forces mobiles sous le commandement d’un chef opérationnel G.D. (Gendarmerie Départementale) ou d’un chef opérationnel G.M. (Gendarmerie Mobile), selon le principe de subsidiarité et de complémentarité.

Comment est structuré votre GOMO ?

Le GOMO T.C. est articulé en trois Groupements tactiques de gendarmerie (GTG), chacun commandé par un colonel ou un lieutenant-colonel de la G.D. Eux-mêmes sont composés de Compagnies de marche (CdM) de la RGIF, de CdM hors zone et d’Escadrons de gendarmerie mobile (EGM). Ce sont ainsi 2 200 militaires de la gendarmerie qui contribuent à cette manœuvre dans les transports.

Nous avons plus précisément un socle composé de quinze compagnies de la RGIF (dix provenant des Groupements de gendarmerie départementale/GGD des Yvelines, de Seine-et-Marne, du Val-d’Oise et de l’Essonne, auxquelles s’ajoutent cinq compagnies de la Garde républicaine), dont la particularité est de se constituer quotidiennement, de compagnies hors zone, essentiellement issues de GGD de l’Est, et de six EGM. Nous avons ainsi actuellement trente unités, CdM ou EGM, qui travaillent chaque jour au profit des transports sur Paris et sa banlieue.

Chaque GTG s’est vu attribuer un secteur opérationnel prenant respectivement appui sur la gare du Nord, la gare Saint-Lazare et la gare Montparnasse. Les GTG assurent le suivi des unités dont ils ont la responsabilité et interviennent sur leur secteur de compétence en tant que de besoin. C’est par exemple le cas lors des grosses opérations de vérification et de prospection dans les gares à la suite de plusieurs alertes à la bombe depuis le 26 juillet dernier ou de perturbations d’ordre public.

Quatre gendarmes mobiles de face, patrouillent dans un hall de gare. A gauche, deux militaires de Sentinelle en treillis patrouillent à leurs côtés. A droite, un groupe de voyageurs.
© SIRPA Gendarmerie - BRC Eugénie TAUPIN

Quel est précisément le rôle du GOMO dans cette manœuvre ?

Pour le GOMO, il s’agit de préparer, de planifier, de coordonner et éventuellement de réarticuler nos dispositifs en fonction des événements. Tout d’abord, il a fallu apprendre le langage spécifique de la police ferroviaire, des gares, des trigrammes. Ensuite, il a fallu « débruiter » la salle du CCOS et dépolluer les informations non essentielles, afin de pouvoir se concentrer sur l’essentiel et renseigner le Centre des opérations (CDO), et au besoin la DSPAP.

Il a également fallu s’inscrire dans un service préparé par les policiers territoriaux et l’adapter au mode fonctionnement de la gendarmerie, avec un effet majeur à obtenir sur l’adversaire et sur le terrain. En effet, concrètement, le dispositif habituel le reste de l’année est de l’ordre de 80 à 120 patrouilles par jour, avec le renfort d’une trentaine de gendarmes, soit une dizaine de patrouilles. Or, pendant la période des J.O. il s’agit de travailler avec 700 patrouilles par jour, dont 550 conduites par la gendarmerie.

Il était donc essentiel de dépolluer au maximum la phonie de ces 550 patrouilles, mais aussi de construire au fil de l’eau des journaux de marche et des opérations pour chaque unité. C’est-à-dire renseigner, tout en gardant la mémoire de l’action de nos gendarmes, tant pour sécuriser leur action et que pouvoir répondre à d’éventuelles mises en cause.

Nous nous appuyons pour cela sur deux réseaux, Acropole et la cartographie opérationnelle GOPSERV, que l’on décline également sur le logiciel Compa, utilisé par la police, ce qui nous permet de suivre nos gendarmes, mais aussi leur intégration au sein dispositif de la police.

Enfin, nous avons mis en place un nommage spécifique des patrouilles, qui permet d’identifier très rapidement les unités et de pouvoir les réarticuler sans devoir les contacter pour connaître leur position.

Concrètement, quels sont les moyens déployés par la gendarmerie pour cette mission tout au long des JOP 2024 ?

Ce sont avant tout des femmes et des hommes, comme je l’ai précisé précédemment, soit 2 200, qui opèrent sous forme de patrouilles, chacune équipée d’un Acropole (système de communications radio unique et national de la police, NDLR), d’un STORM (pour Services Très haut débit Opérationnels Résilients et Mobiles. Système de communication « Team on Mission » interopérable, dont le déploiement a commencé fin 2022 dans les unités de gendarmerie et qui a déjà été éprouvé lors de la coupe du Monde de rugby, NDLR) et d’un Néogend. Cela permet de répondre aux contraintes du réseau souterrain.

Mais le principal moyen mis en œuvre, c’est le savoir-faire de nos patrouilles, et plus largement de nos gendarmes, qui s’intègrent parfaitement dans le dispositif de la police, et qui contribuent à rassurer la population, et procèdent chaque jour, de très nombreux contrôles positifs.

Au premier plan, un gendarme départemental de profil, regarde droit devant lui. En arrière plan, trois autres gendarmes de face surveillent le flot de personnes. Au second plan, à gauche, un flot de voyageurs. Dans le fond, une boutique de fleurs.
© SIRPA Gendarmerie - BRC Eugénie TAUPIN

Des gendarmes, dont vous faites d’ailleurs partie, sont également quotidiennement présents au sein du CCOS. Pouvez-vous nous expliquer votre rôle au sein de ce centre névralgique pour la sécurité dans les transports ?

À l’occasion des JOP, le CCOS est monté en puissance, scindant son plateau en deux zones, l’une dédiée aux JOP, pour toutes les lignes, sites et événements liés ou pouvant impacter le déroulement des J.O., et l’autre dédiée aux événements du quotidien. Grâce aux différentes remontées d’informations du terrain et à son accès aux différents systèmes de surveillance du réseau de transport, il permet notamment de traiter des faits dans le temps de l’action, mais également d’anticiper, en fonction de la survenue d’événements spécifiques, une bascule de forces sur le terrain.

Aussi, si les GTG sont tournés vers le terrain, le GOMO est, lui, articulé H.24 sur le CCOS, pour prendre le relais sur tous les événements, en termes de renseignements et de comptes rendus, mais également pour réarticuler les dispositifs sur les gares ou les stations en fonction des besoins prioritaires.

Le CCOS, qu’est-ce que c’est ?

Implanté sur l'Île de la Cité, au cœur de la Préfecture de Police, le Centre de coordination opérationnelle de sécurité (CCOS) a vocation à coordonner, tout au long de l’année, depuis un lieu unique, l’action des différents services de sécurité des opérateurs de transport et de l’État, afin d’assurer la protection des usagers des transports en commun franciliens. Opérationnel 7 jours/7 et 24 h/24, le CCOS réunit ainsi sur un même plateau des personnels de la Sous-direction régionale de la police des transports (SDRPT), de la gendarmerie nationale et les correspondants des services internes de sécurité de la SNCF (SUGE) et de la RATP (GPSR).

Comment se concrétise l’action des escadrons et des compagnies de marche répartis au sein des trois GTG ?

L’effet recherché est de contrôler le maillage des transports de la zone, dissuader l’adversaire et faciliter les flux, tout en gardant bien évidemment à l’esprit l’aspect festif et sportif prioritaire de cet événement planétaire. C’est une mission quasiment 24 h/24, avec un effort plus important de 6 heures à 1 ou 2 heures du matin, selon les horaires de la RATP, et une attention marquée sur les gares, les stations hub, c’est-à-dire celles desservies par plusieurs lignes de métro et de RER, et les stations olympiques aux heures de grande affluence. Une autre partie de la mission s’effectue en mobilité, sur les lignes de transport les plus sensibles, correspondant aux lignes dites touristiques et celles dites olympiques. En conduite, nous demandons aux patrouilles de faire preuve de beaucoup d’initiative.

Les EGM sont quant à eux prioritairement positionnés sur les gares au regard de leur capacité d’adaptation et de leurs moyens beaucoup plus importants, leur permettant de se réarticuler plus facilement, avec, au besoin, une réversibilité au maintien de l’ordre en cas d’événement. Par exemple, de très nombreuses délégations, parfois sensibles, ainsi que des autorités, arrivent de toute l’Europe du Nord en gare du Nord. C’est la gare la plus sensible. Il est donc intéressant d’avoir des gendarmes mobiles sur place, en capacité de créer des bulles de protection, afin d’éviter que ces arrivées soient troublées par des fans un peu trop virulents ou des opposants. De même, on a pu constater, lors des alertes à la bombe, que le fait de pouvoir bénéficier de G.M. sous l’autorité d’un commandant de peloton ou de groupe permet une grande réactivité dans la prospection et dans la recherche des éventuels colis piégés. D’autant qu’étant sur roues, les escadrons peuvent se rendre très rapidement sur un autre dispositif. Nous avons donc cette complémentarité G.M./G.D., qui est une véritable force de frappe, et surtout de réactivité, pour la police. Elle est très appréciée.

Trois gendarmes de dos remontent un couloir de métro carrelé de blanc, sur un tapis roulant. A gauche, deux autres tapis roulants où l'on apercoit des usagers dans le flou, le premier va dans le même sens que les gendarmes, le second en sens inverse.
© SIRPA Gendarmerie - ADC Fabrice BOURDEAU

Quels sont les faits auxquels sont confrontées les patrouilles dans les transports ?

L’activité y est très importante. Au-delà des alertes aux colis piégés et des nombreux colis abandonnés nécessitant une levée de doute, les transports, et plus particulièrement les gares, sont des zones où opèrent des prédateurs. Dans le flux d’usagers, peu attentifs à leur environnement, de nombreux pickpockets, mais aussi des délinquants très organisés, guettent leurs victimes pour dérober portefeuilles, portables, etc. Pour nous, il s’agit de dissuader, voire d’intervenir. Et c’est tout l’intérêt de fidéliser nos unités sur place. Elles sont ainsi plus à même de distinguer les personnes sans-abri ou désœuvrées pouvant parfois perturber la tranquillité des lieux, mais qui sont des habitués des lieux inoffensifs, et les véritables délinquants. Je précise toutefois que les interpellations dites sensibles sont laissées à la main des agents en civil, car notre objectif, en matière de gestion de flux, est d’éviter de bloquer un train, et donc d’occasionner des retards plus importants, pour interpeller quelqu’un. S’agissant des colis piégés, il y a un protocole à la main des opérateurs, mais les gendarmes sont en mesure d’intervenir très rapidement pour sécuriser le périmètre.

Une remarquable réactivité des gendarmes mobiles que je tiens également à souligner lors de l’attaque au couteau d’un militaire de Sentinelle en gare de l’Est, où, d’initiative, l’officier présent a créé une première bulle, avant de mettre en place un dispositif de bouclage, en intégrant les forces de Sentinelles. Au fur et à mesure que ses forces arrivaient, on a pu reprendre la main et avoir un dispositif efficace, qui a permis de sécuriser l’action des pompiers, l’évacuation du militaire et de procéder aux constatations.

C’est une réelle fierté de voir l’action complémentaire de nos gendarmes, qui s’intègrent aisément et avec un très grand professionnalisme dans le dispositif de cette police fortement spécialisée. Nous avons également eu un retour très positif de la population. Il y a déjà eu de nombreuses interpellations, certaines un peu mouvementées, et de belles interventions, dont l’une a permis d’éviter le suicide d’une personne, tandis qu’une autre a mis un terme à une rixe au couteau. Il y a d’ailleurs une forte vigilance sur cette problématique.

La journée de cérémonie d’ouverture a quant à elle été un peu particulière…

En effet, entre les départs en vacances et la cérémonie d’ouverture, la journée du 26 juillet a été d’une très grande intensité, au regard de l’afflux annoncé de voyageurs dans les gares, et des sabotages sur les grandes lignes. Il y a également eu plusieurs alertes à la bombe qui ont nécessité de procéder à des levées de doute dans des gares de grande taille.

Trois gendarmes mobiles de dos, dans un hall de gare, scrutent la foule en transit que l'on voit en arrière-plan. Au-dessus d'eux quatre écrans d'affichage SNCF.
© SIRPA Gendarmerie - BRC Eugénie TAUPIN

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