Jeux Olympiques de Paris 2024 : la Garde républicaine, un acteur opérationnel au service de l’action globale de la gendarmerie

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 09 août 2024
A droite de dos un cavalier de la garde républicaine sur son cheval, en bas s'adressant à lui un gendarme mobile. Au bord à gauche un plan d'eau ombragée et la foule se plaçant à l'ombre derrière
© SIRPA-G - ADC F. Bourdeau

Si la Garde républicaine poursuit cet été ses missions habituelles de protection des institutions de l’État, elle n’en est pas moins pleinement engagée au sein du dispositif de sécurisation des Jeux Olympiques. Des effectifs nombreux qui sont à la disposition du Commandant des forces de gendarmerie (COMFORGEND) pour les Jeux Olympiques en Île-de-France, afin de participer efficacement à la manœuvre globale.

Mon général, avant de revenir sur l’engagement de la Garde républicaine (G.R.) dans le dispositif global de sécurisation des Jeux, pouvez-vous nous en rappeler les missions générales ?

La Garde est une très vieille institution, née en 1802, et qui a intégré la gendarmerie en 1849. Aujourd’hui, forte de près de 3 500 militaires et civils ainsi que de 500 réservistes, c’est l’acteur principal de la fonction de protection des institutions les plus sensibles de la République. Elle s’articule autour d’un régiment de cavalerie (composé de 540 militaires et de 460 chevaux) ; de deux régiments d’infanterie, avec le 1er R.I., qui est chargé de la Présidence, avec l’escadron motocycliste et la musique de la G.R., et le 2e R.I., qui est en charge des Assemblées ; du Commandement des maisons militaires, qui s’occupe des détachements permanents dans l’ensemble des palais et institutions qui nous sont confiés, dont le Palais de Justice de Paris depuis peu, mais aussi les Invalides et une partie du Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN). Tout cela s’articule sur le plan opérationnel autour de la mission de protection et de défense qui est le cœur de notre emploi.
Outre les militaires opérationnels, nous employons 500 membres du corps de soutien et civils, comprenant aussi tout l’aspect culturel, comme l’orchestre de la G.R., le chœur de l’Armée française, et la partie du rayonnement lié à l’artisanat et l’artisanat d’art (maîtres selliers, casquiers, etc.).
C’est un écosystème assez complexe, implanté sur une quinzaine de sites dans Paris et une quinzaine également en province.
Cette force est dédiée à la protection des institutions, mais elle est également à la main du Directeur général de la gendarmerie nationale, puisque nous projetons en permanence des forces outre-mer ainsi que sur les grands événements d’ordre public ou, comme aujourd’hui, sur la sécurisation des Jeux Olympiques.

Un général trois étoiles en tenue d'état-major et chemise blanche en buste, les bras croisés. Derrière lui, flou, un cheval blanc en train de manger du foin dans une remorque verte
© SIRPA-G - GD R. Culpin

Quels sont les enjeux pour la G.R. ainsi que ses atouts dans la manœuvre globale ?

Il est important de garder à l’esprit que la mission permanente de protection des sites institutionnels ne cesse pas, voire même qu’elle devient plus sensible au vu de l’arrivée massive de personnes, ainsi que de l’importation de potentielles menaces liées à la tenue de ce grand événement. Il y a donc une posture de vigilance, dont le niveau ne baisse pas, qui concerne 800 de nos militaires chaque jour. C’est déjà consistant. L’enjeu est donc de poursuivre ces missions tout en s’impliquant massivement dans le dispositif de sécurisation conduit par le Commandement des forces de gendarmerie (COMFORGEND) pour les Jeux Olympiques en Île-de-France.
L’un des avantages majeurs et évident que présente la Garde dans ce dispositif de sécurisation autour de Paris, c’est sa parfaite connaissance du terrain, puisque c’est la seule force parisienne opérationnelle pour la gendarmerie. Rien que le régiment de cavalerie réalise 4 600 patrouilles durant l’année dans cette ville.
Ensuite, grâce à notre implantation dans la capitale, ce qui est une grande richesse, nous nous soutenons par nous-même au niveau logistique. Nos militaires se déploient depuis leurs casernes dans Paris, ce qui nous offre une souplesse très importante et nous permet de générer un nombre conséquent de forces, tant sur la partie infanterie, que celles de la cavalerie ou des maisons militaires.
Nos services de soutien et civils restent aussi mobilisés pendant la période pour assurer l’appui au niveau automobile ou logistique. Nous gérons également les pôles d’alimentation aux Célestins, à Dugny, à Carnot, à Kellermann, ou encore à Nanterre, qui accueillent les militaires au cours des missions. Au-delà des effectifs, nous avons des moyens qui sont immédiatement utiles dans l’action, comme les bus, l’alimentation, nos antennes médicales… tout ce soutien de proximité qui s’intègre dans la manœuvre logistique globale. Nos emprises servent de point d’appui pour se loger, s’alimenter, se reposer, s’hydrater, stationner les véhicules, le tout pour l’ensemble des forces.

Trois gardes républicains en tenue d'intervention marchant devant un bâtiment Assemblée nationale floquée d'un tissu de Paris 2024
© CABCOM G.R. - E. MARALDO

Comment les effectifs de la Garde sont-ils engagés pour la sécurisation ?

La première mission qui nous a été confiée est celle de la sécurisation dans les transports, en nous demandant de fournir les effectifs pour cinq Compagnies de marche (CdM), ces dernières étant mises à disposition du Groupement opérationnel de maintien de l’ordre (GOMO) Transport. Composées de militaires d’active et de réserve, elles sont réparties au sein de Groupements tactiques de gendarmerie (GTG) dédiés, qui patrouillent sur des tronçons spécifiques.
Ces cinq compagnies « socles » ont été assorties de quatre autres CdM en dehors des périodes de pic et jusqu’à huit sur les pics identifiés, soit un total de treize compagnies de marche [NDLR : les pics étant la cérémonie d’ouverture et les deux week-ends inclus dans la période des J.O.]. Ces compagnies supplémentaires, regroupant uniquement des gardes d’active, viennent soit pour renforcer les missions transports à la demande du COMFORGEND, soit pour compléter ou se substituer à d’autres forces. Cela concerne alors souvent les missions dites de surface sur les lieux touristiques pour tenir des carrefours, filtrer, réguler…
Ces CdM supplémentaires peuvent se voir chaque jour réassigner ou non de nouvelles missions, en fonction des besoins et de l’évolution de la situation. Je pense par exemple à la participation à la sécurisation du golf dans les Yvelines, où nous avons engagé des militaires de CdM, des cavaliers et des pelotons d’intervention en complément.
Tout cela est piloté par le COMFORGEND. Nous mettons à disposition nos masses de manœuvre, qui sont réaffectées en fonction des besoins, avec une souplesse liée à l’événement.

Un motard de la garde républicaine en escorte aux côté de plusieurs véhicules noirs
© SIRPA-G - MDC B. Lapointe

Quelques précisions sur les autres missions ?

Tout d’abord, avec l’arrivée des chefs d’État pour les Jeux, et notamment la cérémonie d’ouverture, il y a eu une phase très importante de missions protocolaires, laquelle repose sur la Garde.
Concernant les cavaliers, ils sont dédiés à la partie dite « lieux tourisme », c’est-à-dire les secteurs où l’on va avoir un afflux massif de population, comme le Champ de Mars, le centre de Paris, à Châtelet, aux Halles, ou encore le Marais, la place de la Concorde, les Invalides. Ils patrouillent aussi sur quelques autres sites touristiques hors J.O., mais qui attirent la population venue pour les Jeux, comme Montmartre. C’est d’ailleurs un lieu très particulier pour les chevaux, qui doivent être ferrés spécifiquement. On arrive donc à déployer 200 chevaux par jour, ce qui est le déploiement de cavalerie le plus important sur le territoire national depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Cette action du Régiment de cavalerie est coordonnée par le Groupement tactique tourisme, au sein duquel nous avons en permanence un officier supérieur qui pilote l’engagement de l’unité.

Quatre cavaliers de la Garde républicaine dont une cavalière de la maréchaussée néérlandaise sur des chevaux alezans
© CABCOM G.R. - E. MARALDO

L’escadron motocycliste de la Garde, soit les motards qui connaissent le mieux Paris, a été utilisé pour appuyer la reconnaissance des lieux, notamment pour les autres motocyclistes qui venaient de province. Ils ont eu dans un premier temps une mission de mentoring. À présent, ces 54 militaires récupèrent les escortes les plus sensibles, qui nécessitent une parfaite connaissance des lieux, afin d’aller le plus vite possible dans le temps imparti. Cela se décline dans la manœuvre du GTG escorte, qui est le point unique où toutes les demandes arrivent.
Nos moyens spéciaux, comme les pelotons d’intervention, les tireurs d’élite de la Garde, la Section protection appui drone (SPAD) et les équipes cynophiles sont aussi inclus au dispositif global à hauteur de 187 militaires.
À Marseille, notre détachement de cavalerie permanent est sous les ordres du commandement territorial local.
Nous sommes finalement présents sur l’ensemble du spectre missionnel au sein des GTG. Sur les pics d’activité, nous déployons, toutes missions confondues, presque 2 500 sous-officiers sur les 3 000 que compte la Garde, dont presque 1 400 pour la manœuvre opérationnelle J.O.

Vue en plongée sur le haut du dos d'un homme vêtu de noir avec un brassard blanc et un dossard siglés gendarmerie. Il tient à la main gauche une arme longue positionnée devant lui
© SIRPA-G - BRC F. ARRIGHI

Comment la préparation d’un tel engagement s’est-elle organisée ?

La montée en puissance du dispositif a commencé très tôt. Nous avons pris le temps de stabiliser la partie administrative concernant la gestion des permissions et des repos, et donc d’organiser la génération des forces.
La spécificité, c’est que juste avant les J.O., nous avons eu un pic d’activité très important : la visite du président des États-Unis, l’engagement massif sur les cérémonies des 80 ans en Normandie, les cérémonies du 14 juillet, l’ordre public avec les méga-bassines à Sainte-Soline, le Tour de France, en plus des unités projetées en outre-mer.
Néanmoins, nous avons rapidement identifié que l’on pouvait participer de manière plus importante par rapport à ce qui nous était demandé initialement. Dès la fin du mois de mai dernier, nous étions en capacité de donner au chef l’état exact des forces qui pouvaient être engagées. Nous avons finalement pu armer treize CdM au lieu des cinq demandées, en plus des cavaliers. Cela nous a permis d’apporter au COMFORGEND une marge de manœuvre qui n’était pas identifiée au début.
La préparation des militaires a ensuite été prise en main par les commandants de régiment et de formation. Les cavaliers ont accentué leur entraînement d’intervention à cheval, et ont travaillé à la reconnaissance des sites, en lien avec les autorités d’emploi. Les militaires de l’infanterie se sont concentrés sur l’entraînement en intervention professionnelle.

Au milieu de fauteils gris, un gendarme en combinaison bleue marine et gilet par-balles noir montre à son chien un fauteuil
© SIRPA-G - ADC F. Bourdeau

En résumé, on peut dire que la Garde républicaine est engagée de manière pleinement opérationnelle au sein du dispositif du COMFORGEND...

Il faut retenir que cette Garde est complètement opérationnelle, engagée de façon massive sur les missions de la gendarmerie et au service de l’action globale de l’Institution, à partir des sites parisiens sur lesquels elle est implantée. Nous n’aurions pas pu générer un tel engagement autour de Paris pour la sécurisation des Jeux, si nous n’y étions pas établis. Ce qui est intéressant pour le chef à ce titre, mais aussi en raison de notre connaissance des lieux et des acteurs auprès desquels nous sommes déployés.
Nos militaires apprécient beaucoup cette mission, qui leur permet un autre engagement que celui du quotidien à travers de leurs missions de défense et de protection.

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