Guyane : le gendarme Jonathan et sa famille vivent dans l’une des communes les plus isolées de France
- Par le capitaine Tristan Maysounave
- Publié le 21 juin 2024
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Affecté à la brigade de Papaichton, au cœur de l’Amazonie, le gendarme Jonathan raconte son quotidien.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis le gendarme Jonathan. Je suis affecté à la brigade de proximité de Papaichton, à l’ouest de la Guyane française, depuis le 15 août 2023. Je vis ici en famille, avec ma femme et nos deux enfants, âgés de 2 et 7 ans.
Quel est votre parcours ?
Auparavant, j’étais militaire du rang dans l’armée de l’Air, avec une spécialité « médic ». Le passage à sous-officier allait me faire changer de spécialité, ce qui ne me convenait pas. J’avais envie de changer de voie. J’avais passé une première fois le concours de sous-officier de gendarmerie à 18 ans, mais j’avais échoué. J’ai eu connaissance de la mise en place d’une passerelle permettant de rejoindre la gendarmerie. J’ai donc présenté le concours interne, que j’ai réussi. Je suis entré en école en 2018, puis j’ai été affecté à la Brigade territoriale autonome (BTA) de Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône), avant d’être muté à la brigade de Papaichton.
Pourquoi avoir fait le choix de rejoindre cette unité isolée ?
J’avais pu venir en Guyane avec une section du 21e Régiment d'infanterie de marine (RIMa) en 2010. Nous avions notamment participé à la lutte contre l’orpaillage illégal. Je connaissais donc ce territoire, qui m’avait plu. Je souhaitais revenir au cours d’un plus long séjour. Ma femme, cadre de santé militaire, a elle aussi baroudé, et donc cette expérience ne l’inquiétait pas, bien au contraire. Nous avons demandé la Guyane comme premier choix, en nous assurant qu’elle pourrait facilement trouver du travail sur place, même en étant affecté en brigade isolée. La seconde condition était qu’il y ait des écoles pour nos enfants.
Comment votre entourage a-t-il réagi à cette mutation ?
Lorsqu’ils ont su que nous allions déménager à Papaichton, ils nous ont dit que nous étions fous. Les gens ont souvent des préjugés sur ce territoire, qu’ils perçoivent comme l’enfer vert. Pour ma part, je connaissais la Guyane, et donc je savais que nous allions vivre une belle expérience. Nous discutons fréquemment avec nos proches. Plusieurs de nos amis veulent venir nous voir à Papaichton.
Comment se passe la vie ici ?
Nous vivons très bien. Ma femme a immédiatement trouvé un travail d’infirmière scolaire. Le poste était vacant depuis trois ans. Les personnels de l’école et les familles sont donc très heureux. Nos enfants se sont eux aussi très bien adaptés à cette nouvelle vie. En l’absence d’assistante maternelle ou de crèche dans la commune, le plus jeune a été admis à l’école maternelle. Il évolue comme un enfant du village et commence à parler aluku, langue de la communauté Bonis. Cette expérience le fait grandir.
Concernant les activités, une professeure de sport dispense des cours de judo aux enfants de la commune. Mon fils aîné en fait quatre fois par semaine. Cette même personne donne des cours de cross-training aux adultes le soir. Le week-end, nous apprécions faire des balades en forêt. Lorsque nous disposons de plus de jours de congé, il nous arrive d’aller à Maripasoula ou à Cayenne. Pendant les vacances, nous visitons les îles situées à proximité de la Guyane.
Le plus compliqué au début a surtout été l’alimentation. En effet, peu après notre arrivée, Air Guyane a fait faillite, ce qui a compliqué le ravitaillement alimentaire. L’épicerie de Papaichton n’était plus approvisionnée, ce qui nous préoccupait un peu, notamment vis-à-vis de nos enfants. Les rotations ont finalement été reprises par une autre compagnie aérienne. Il existe également une forte solidarité entre voisins. Nous sommes trois gendarmes à vivre dans le village. Les Guyanais effectuent fréquemment du porte-à-porte pour proposer de nous vendre des légumes ou le produit de leur chasse. Notre voisine nous vend régulièrement des soupes.
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