Gendarme et gamer, le gendarme Julien joue pour la gendarmerie

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 21 octobre 2024
Deux portraits côte à côte, à gauche celui d'un gendarme croisant les bras et à droite celui d"un homme en t-shirt bleu et noir portant des logos, de profil, derrière un écrna d'ordinateur, porteut de lunettes avec un casque à micro
© D.R.

Si vous voulez défier des gendarmes aux jeux vidéos lors de la Paris Games Week, cherchez du côté du stand de la gendarmerie ou dans les allées ! Parmi eux, vous trouverez peut-être Julien, gendarme à Corte et capitaine de l’équipe gendarmerie de Counter-Strike 2 au sein de l’association GameGend.

 

« J’ai 36 ans, je suis marié et papa d’un petit garçon, se présente sobrement Julien. J’ai une passion pour les jeux vidéos, en particulier Counter-Strike 2, qui nécessite beaucoup d’heures de pratique pour être compétitif. J’ai commencé les jeux vidéos quand j’avais une dizaine d’années, et suis dans le jeu à haut-niveau depuis plus de quinze ans. Même si j’ai un peu levé le pied avec le travail, la paternité et les à-côtés, j’ai accroché une nouvelle scène avec GameGend. »
Car le père de famille ne se contente bien sûr pas d’être un mordu de jeux, il s’est engagé dans la gendarmerie il y a maintenant quinze ans ! « J’avais 20 ans quand je suis devenu gendarme adjoint volontaire, durant trois ans et demi, avant de rejoindre l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) de Grasse pendant neuf ans. Suite à cela, j’ai basculé en gendarmerie départementale, dans les Cévennes, et je viens d’être muté à la brigade de Corte, où j’ai intégré le groupe montagne de Haute-Corse après avoir réussi les tests. »
Des tests qui demandent de l’entraînement et de la préparation, en vue de s’aguerrir pour atteindre les niveaux physiques et techniques suffisants. Déjà titulaire du Certificat élémentaire montagne (CEM), Julien, en intégrant le groupe montagne, poursuit son service à la brigade tout comme ses camarades, mais peut être engagé à la demande du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) pour les assister sur un engagement.

Six hommes derrière des oridnateurs sur trois table dansune alcôve de salon
© D.R.

Capitaine de l’équipe de gendarmerie de Counter-Strike 2 (CS2)

« J’allie deux passions qui peuvent sembler opposées », sourit le gendarme, d’autant qu’elles nécessitent toutes les deux un fort investissement en temps. Particulièrement compétiteur dans le jeu, Julien a pratiqué à haut-niveau sur la plateforme CS2, ce qui l’a amené à devenir capitaine de l’équipe gendarmerie.
« On a monté une équipe avec Gamegend en 2024, précise le leader, avec des séances d’entraînement, au moins trois par semaine, de 4 à 5 heures chacune. Cela se passe principalement le soir et la nuit, ce qui nécessite de s’organiser rigoureusement pour le service, l’une des plus grandes difficultés. On a donc mis en place un planning ! »
Ce rôle de planification fait partie du travail de capitaine d’équipe, en prenant en compte les services des uns et des autres afin de pouvoir rester compétitifs. Julien doit aussi définir le travail prévu pour chaque entraînement, et ce en collaboration constante avec les joueurs, tous très investis. Cela se fait en fonction des objectifs à atteindre selon le niveau de l’équipe et des prochaines échéances. Car il est essentiel, pour demeurer crédible, d’être compétitif dans le jeu. Pour cela, pas de secret, il faut s’entraîner encore et encore !
Autre responsabilité pour le gendarme, celle de recruteur pour l’équipe. « On a beaucoup de candidatures, indique-t-il, je dois donc faire le tri et déterminer le niveau des joueurs, mais aussi trouver des gamers compatibles avec le reste de l’équipe. Pour cela on les fait jouer, on les observe et on joue avec eux sur des matchs face à d’autres équipes. »
Ce recrutement lui a déjà permis de gonfler les effectifs de l’équipe jusqu’à 8 membres, car si Counter-Strike se joue à 5 contre 5, il faut néanmoins anticiper les difficultés d’emploi du temps, ce qui permet aux joueurs de tourner quand ils sont en patrouille, le soir par exemple.
« En tant que capitaine, je suis aussi leader in game, c’est-à-dire que je détermine les stratégies à mettre en place à chaque début de round, et qu’il me faut donc travailler en amont afin que l’on puisse les développer. »

Un gamer pour faire de la prévention

« On associe systématiquement notre participation aux salons à une action de prévention, un stand de la gendarmerie, en lien avec le COMCYBERGEND et le Cente d’information et de recrutement (CIR), ajoute Julien. C’est toute la finalité de GameGend, parce que concrètement, envoyer quelqu’un en chemise parler de jeux vidéos à des jeunes de 14 ans, ça ne fonctionne pas ! Dans le milieu du jeu, la crédibilité passe par la performance. Avec l’association, quand on se présente aux jeunes, ils voient que l’on est gendarmes, sportifs, qu’on joue, et plutôt bien ! » Et c’est ainsi que le message parvient à passer, par la présence qui interpelle, par le contact qu’ils viennent eux-mêmes rechercher, le lien qui se crée immédiatement...
« Comme on a les codes, on peut les toucher plus facilement, on arrive à les orienter sur le stand, à parler de cyber-harcèlement, de protection des données… et ça fonctionne ! » Ce contact facilité peut aussi permettre à des jeunes ayant été victimes de harcèlement ou autre d’en parler.
Pas plus tard qu’en mars dernier, à la Gamer Assembly de Poitiers, qui rassemble des équipes de haut-niveau du monde entier, cette formule a été un succès, et les gamers gendarmes peuvent surfer sur la vague pour faire passer leurs messages !
De manière plus locale, le militaire participe aussi aux actions de prévention comme à l’occasion de la journée de lutte contre le cyber-harcèlement, qui se tiendra à Corte début novembre.

Président de la commission partenariat de GameGend

« Je m’occupe de la gestion des sponsors qui vont nous soutenir durant les événements, nous fournissent le matériel, les fonds nécessaires, et nous faisons la jonction avec les écoles de gaming ou d’informatique qui nous suivent, et pour lesquelles on va intervenir à travers des conférences. C’est un échange très intéressant pour nous, car on va toucher le public que l’on vise, et cela leur permet de s’associer à la gendarmerie de façon dynamique et nouvelle. »

Deux aspects de sa vie qui se nourrissent mais toujours avec structure

Maîtrise de soi, esprit d’équipe, persévérance, organisation, stratégie… Autant de qualités que Julien cherche à développer tant comme gendarme que comme joueur, et encore plus comme leader puisqu’il a la responsabilité du groupe.
« Bien sûr l’engagement est à deux niveaux différents, mais on retrouve les mêmes compétences dont on peut se nourrir, ce qui rend finalement les deux aspects très compatibles. Mais ça nécessite d’être structuré ! », sourit-il. Le tout étant lié à travers GameGend, ce qui lui permet de mettre sa passion au profit de son métier.

Julien n’oublie cependant pas de garder la tête sur les épaules, soulignant la nécessité d’être organisé, mais surtout de savoir où mettre ses priorités.
« En premier, il y a la famille, puis l’opérationnel qui primera toujours sur le jeu. Maintenant quand on a un planning qui est bien fait, qu’on sait mettre ses priorités au bon endroit, on arrive à se débrouiller. Ça n’empêche pas d’être hyper impliqué ! Le fait de se donner des objectifs dans la vraie vie, et de s’y tenir, est une très bonne chose car on a des obligations de résultats. » Et c’est un passionné qui vous le dit !
Car outre la famille, le travail et le jeu, le gendarme est quelqu’un de très actif qui a d’autres passions, comme la moto ou les sports de combat. Les journées sont donc bien remplies, heureusement qu’il n’a pas besoin de beaucoup dormir...

5 hommes vêtus de jean et d'un t-shirt bleu et noir, dont toris les bras croisés, debouts devant un panneau de sponsors
© D.R.

« Soyez dans le jeu comme vous êtes dans la vie »

Au-delà de cette nécessité première de prioriser pour s’organiser, le capitaine de l’équipe CS souligne l’importance de bien savoir s’entourer.
« Les réseaux sociaux en général, et le jeu en particulier, sont des mondes où on va vite passer beaucoup de temps avec des gens qu’on connaît parfois très peu. On a tendance à croire qu’on se connaît, mais ça reste des relations virtuelles [...] et dès lors qu’on transmet de la donnée sur des plateformes on est potentiellement en danger. »
La prudence est donc de mise, et avoir un réseau IRL [In real life, dans la vraie vie, NDLR] pour partager cette passion est un bon garde-fou. Bien s’entourer va de pair avec le fait de se mettre des limites, notamment dans le temps de jeu, et de se développer dans d’autres domaines.

Autre point important à rappeler pour le gamer, c’est que le jeu peut être une bonne école dans l’apprentissage de la maîtrise de soi.
« Au départ, ça peut être difficile de se maîtriser derrière l’écran, on se croit anonyme, il est facile de se lâcher, un peu comme dans une manifestation. Moi qui ai fait dix ans de mobile, je vois bien que dans une « manif », noyé dans la masse, c’est plus facile d’insulter les forces de l’ordre que si on se retrouve seul face à elles, le visage découvert. Quand on se sait anonyme et que malgré ça on arrive à se maîtriser, on commence à devenir un peu sage ! » Même si, il le rappelle, le temps de l’anonymat sur internet est terminé...

Pour la population des gamers, le conseil du gendarme tient en quelques mots : « Soyez dans le jeu comme vous êtes dans la vie. C’est un peu comme en voiture, quand quelqu’un fait quelque chose qui ne nous plaît pas, ça va tout de suite partir dans les insultes et la violence, ce qu’on ne ferait a priori pas dans la vraie vie. Quand on se ramène à cela, ça fait vite réfléchir et redescendre, c’est une bonne jauge pour garder un comportement cohérent, parce que dans les rapports humains, on n’est pas comme ça. Et en gendarmerie, nous sommes bien placés pour le savoir puisqu’on voit cela au quotidien. »

Rendez-vous à la Paris Games Week !

Du 23 au 27 octobre 2024, vous pouvez retrouver le gendarme Julien sur le stand de la gendarmerie, au niveau du live caritatif GameGend ou encore dans les allées de ce rendez-vous incontournable !
N’hésitez pas à le défier aux jeux vidéos, si ce n’est pas lui ou l’un de ses collègues qui vous challengent en premier, et à venir retrouvez les gendarmes dans le hall 1 à l’allée H072 !

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