80e Anniversaire du Débarquement en Normandie : la gendarmerie sécurise les 100 000 spectateurs du parachutage de La Fière

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 11 juin 2024
Gendarmes de dos regardant les parachutes decendre.
© GEND/ SIRPAG/ BRC ARRIGHI

Le site de La Fière, dans la Manche, était le théâtre, ce dimanche 9 juin 2024, d’un parachutage géant, tel un bouquet final de ces commémorations du 80e Anniversaire du Débarquement en Normandie. Près de 1 500 parachutistes, militaires et civils, de différentes nationalités, ont ainsi commémoré le largage des militaires des 82e et 101e Airborn Divisions, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Cette année encore, l’événement a attiré un public nombreux. La compagnie de Cherbourg et le groupement de la Manche ont mobilisé leurs forces dès le petit matin pour assurer le bon déroulement de ce rendez-vous à la fois mémoriel et festif.

Au carrefour de cinq départementales, Sainte-Mère-Église, dans la Manche, est une zone stratégique en ce printemps 1944, tant pour les Allemands que pour les Alliés, qui s’apprêtent à lancer l’opération Overlord sur les côtes normandes et doivent donc empêcher l’arrivée de renforts ennemis. La petite commune est alors occupée par les soldats allemands de la 14e compagnie du 3e bataillon du Grenadier-Regiment 1058 et par les artilleurs de la 4e batterie de l’Artillerie-Regiment 191.
Les opérations Boston et Albany, respectivement planifiées à l’ouest et à l’est de la RN13, doivent permettre aux parachutistes de la 82e US Airborn Division, pour la première, et de la 101e US Airborn Division, pour la seconde, de s’emparer de certains points clés dans les profondeurs du Cotentin, afin de garantir le succès des opérations sur Utah Beach. Sainte-Mère-Église et le pont de la Fière font partie de ces objectifs.
Peu après l’opération Albany, les parachutistes de la 82e Airborn sont à leur tour largués dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, peu avant 2 heures du matin. Trois DZ (Drop Zones ou zones de largage), situées à l’ouest de la RN 13, ont été définies pour cette mission : le 505e régiment parachutiste doit atterrir sur la DZ « O », au nord-ouest de Sainte-Mère-Église, afin de reprendre la commune aux Allemands ; le 507e régiment parachutiste doit être largué au nord d’Amfreville, sur la DZ « T », pour tenir les abords nord-ouest du pont la Fière ; enfin, le 508e régiment parachutiste se dirige quant à lui au nord de Picauville, où se situe la DZ « N », afin de tenir les abords sud-ouest du pont de La Fière et de s’emparer de Pont-l’Abbé.
Mais les conditions météo et la défense antiaérienne allemande viennent perturber le largage sur ces trois drop zones, préalablement reconnues par les Pathfinders : les hommes de la 82e Airborn sont dispersés, certains trouvent la mort dans les marais, d’autres atterrissent directement dans le village, où ils sont abattus ou capturés par les Allemands. À l’extérieur du village, les hommes 3e bataillon du 505th PIR (Parachutiste Infantry Regiment), placé sous les ordres du lieutenant-colonel Krause, se regroupent. Ils entrent dans Sainte-Mère-Église vers 4 heures du matin ce 6 juin 44, et quelques minutes plus tard le drapeau américain flotte sur l’hôtel de ville. À 6 heures du matin, les Américains ont entièrement repris le contrôle de la ville. Pour autant, de sanglants combats vont se poursuivre entre le 6 et le 9 juin 1944, date marquant la fin de la bataille de la Merderet, après que les troupes américaines ont réussi à reprendre le village de Cauquigny.

La mémoire des 13 000 parachutistes américains perdure

Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, près de 800 avions ont ainsi largué plus de 13 000 parachutistes américains sur notre sol, dans le cadre des opérations Boston et Albany. Beaucoup ne survécurent pas à cette nuit-là, et beaucoup d’autres encore, ainsi que des soldats de l'infanterie américaine perdirent la vie les jours suivants. Pour leur rendre hommage, une statue, baptisée « Iron Mike », semblable à celle qui trône au Fort Bragg, aux USA, base de la 82e Airborn Division, a été érigée en 1997, à proximité du pont de la Fière. Chaque année, une cérémonie y commémore l’action des parachutistes américains, et lorsque la météo le permet, comme cette année, le site est le théâtre d’un parachutage géant.

100 000 personnes réunies pour assister au traditionnel parachutage géant

Ce dimanche 9 juin 2024, le public, estimé à près de 100 000 personnes, dont quelque 500 militaires américains, et les parachutistes étaient au rendez-vous sous le soleil de la Manche, pour clore en apothéose ces Commémorations du 80e Anniversaire du Débarquement en Normandie. La noria d’avions a débuté dès 10 heures du matin, larguant au total près de 1 500 parachutistes, des militaires français, américains, belges et allemands, mais aussi des civils.
En milieu d’après-midi, la cérémonie organisée par les Amis des Vétérans Américains s'est déroulée devant le monument Iron Mike, avec la participation des parachutistes de la 82e Division Airborn. À l’issue, et même avant, les spectateurs ont convergé à pied vers le cœur de Sainte-Mère-Église pour assister à la grande parade des véhicules militaires prévue dès 19 heures.

Gendarmes sécurisant l'évènement.
© GEND/ SIRPAG/ BRC ARRIGHI

La compagnie de Cherbourg et le groupement de la Manche mobilisés

Pour la gendarmerie, cette affluence hors norme est un enjeu de taille, s’agissant notamment de la gestion des flux. « Comme toutes les festivités depuis le début des commémorations du 80e Anniversaire du Débarquement, cette cérémonie attire beaucoup de monde, avec pour nous un enjeu majeur de gestion des flux de personnes et de véhicules au regard de la topographie des lieux, qui se présentent comme un goulet d’étranglement, avec des axes étroits, pour la plupart des chemins agricoles. Le site est par ailleurs traversé par un cours d’eau, expose le chef d’escadron Olivier Courtay, commandant la compagnie de gendarmerie départementale de Cherbourg. Nous devons aussi veiller à l’intégrité de la drop zone. Nous devons donc canaliser les spectateurs pour éviter tout mouvement de foule et exercer une surveillance nécessaire eu égard à la menace terroriste persistante et aux menaces habituelles pesant sur ce type d’événements. Nous avons d’ailleurs l’appui de huit militaires du Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (PSPG) de Flamanville en réserve d’intervention. »

Gendarmes du PSPG.
© GEND/ SIRPAG/ BRC ARRIGHI

Dans un champ transformé en immense parking, destiné à accueillir les organisateurs, les représentants de la préfecture, les forces de sécurité intérieure, les services de secours (avec un poste médical avancé), les armées américaines, le poste de commandement opérationnel, rassemblant ces différents acteurs, a pris ses quartiers très tôt ce dimanche 9 juin. L’Officier adjoint commandement (OAC) du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) de la Manche, le lieutenant-colonel Miguël Auvray y pilote la manœuvre.
À proximité, la SOLC (Section Opérationnelle de Lutte contre la Cybercriminalité) du GGD 50 a installé un Relais indépendant portable (RIP) pour pallier l’inévitable saturation des réseaux et permettre à tous les intervenants de travailler sur la même conférence. Les équipes de Lutte anti-drone (LAD) du GGD ainsi que le droniste y ont également installé leurs équipements, à même de veiller à l’intégrité de la ZRT (Zone Réglementée Temporaire), activée dès 7 h 30.

Télépilotes de drones.
© GEND/ SIRPAG/ BRC ARRIGHI


Sur le terrain, le dispositif se met en place dès 6 h 30, prêt à accueillir la foule : quelque 100 000 spectateurs sont annoncés pour assister aux prouesses des parachutistes.
Sur la route, des barrages et des points de contrôle sont prêts à gérer les flux de véhicules et l’accès aux zones de stationnement ; les voies piétonnes sont elles aussi canalisées. Près de quatre-vingt-dix militaires de la compagnie de gendarmerie départementale de Cherbourg, dont une quinzaine de réservistes, sont mobilisés sur ces missions, auxquels s’ajoutent une vingtaine de personnels du GGD.

Des gendarmes mobiles et des cavaliers de la Garde en renfort

Le dispositif monte rapidement en puissance avec l’arrivée progressive de milliers de personnes, qui vont se masser tout autour de la drop zone, jalonnée par des gendarmes mobiles. Ces derniers patrouillent également au milieu de cette foule dense, mais festive. Trois escadrons vont ainsi se relayer, voire se renforcer sur le site : un premier engagé de 7 heures à 15 heures ; le deuxième de 14 heures à 21 heures, et le troisième prenant position à 15 heures jusqu’à la fin de la manœuvre.

Cavaliers écartant la foule.
© GEND/ SIRPAG/ CDT MORIN

Six cavaliers de la garde républicaine parcourent eux aussi la zone, en mesure, par exemple, d’ouvrir la voie aux secours en tant que de besoin. Une trentaine de motocyclistes de l’escadron départemental de sécurité routière sont quant à eux mobilisés pour procéder à la gestion des flux routiers, particulièrement sur la RN13, ainsi que pour assurer les escortes des autorités françaises et américaines, des vétérans ou encore des parachutistes… Des motos tout-terrain sont également engagées pour patrouiller sur les chemins moins carrossables.

Motocyclistes de la gendarmerie.
© GEND/ SIRPAG/ CDT MORIN

Un groupe Police judiciaire (P.J.), armé par des enquêteurs de la Section de recherches (S.R.) de Caen et de la brigade de recherches de Cherbourg, ainsi que par une technicienne en identification criminelle du groupement, est présent sur site, de même que deux enquêteurs de la S.R de la gendarmerie de l’Air, notamment chargée des enquêtes lors des accidents d'aéronefs militaires français et étrangers sur le territoire national et français à l'étranger.

Une manœuvre sur trois sites

Dans le même temps, la compagnie de Cherbourg, avec l’appui d’une section de militaires de la force Sentinelle, présente depuis le 1er juin, prend en compte le périmètre immédiat de l’aéroport de Cherbourg-Maupertus, d’où décollent tous les avions et où, par conséquent, convergent les 1 500 parachutistes. La Gendarmerie des transports aériens (GTA) y a mis en place un dispositif de sécurisation, incluant la présence d’enquêteurs de la Section de recherches des T.A.

Sans oublier la sécurisation de Sainte-Mère-Église. « Beaucoup de spectateurs font l’aller-retour à pied au cours de la journée. Il faut également se préparer à une affluence majeure à l’issue du parachutage pour assister à la parade militaire. C’est une manœuvre tactique à prendre en compte, avec des forces prépositionnées sur place et une bascule de forces depuis le site de parachutage, détaille le CEN Courtay. C’est le point d’orgue des cérémonies du 80e Anniversaire du Débarquement, qui vient achever une semaine de mobilisation intense des personnels de la compagnie, avec notamment les visites officielles du président de la République, du Premier ministre, du Roi du Danemark, et un grand nombre d’événements. »

Gendarmes au niveau d'une barrière.
© GEND/ SIRPAG/ BRC ARRIGHI

Et le LCL Auvray, OAC du GGD 50, de compléter : « La manœuvre globale a nécessité un important travail de préparation en amont, sous le pilotage du groupement ; travail que nous avons commencé l’an dernier et qui se termine aujourd’hui. Dans le même temps, nous avons également dû gérer le passage du Relais de la Flamme, avec quatre sites sur le département, à Saint-Vaast-la-Hougue, Sainte-Mère-Église, Villedieu-les-Poêles et le Mont-Saint-Michel. Dès le lendemain, nous avons enchaîné avec la sécurisation des cérémonies du 80e Anniversaire, qui ont particulièrement impacté les compagnies de Cherbourg et de Saint-Lô. Nous avons entre autres connu trois temps forts : la cérémonie du Carré de Choux, le 2 juin, à Carentan, celle d’Utah Beach, le 6 juin et, enfin, le parachutage de La Fière ce 9 juin. Entre 150 et 200 militaires du GGD 50 ont été mobilisés quotidiennement. »

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