Montpellier. Au cœur d’un espace de près de trois hectares, situé à quinze minutes à pied du centre-ville, le Centre de ressources, d'expertise et de performance sportives (CREPS) constitue un lieu d’entraînement idéal pour les sportifs de haut niveau. Doté d’équipements spécialisés, il se trouve à proximité du stade d’athlétisme Philippidès. Un stade de norme internationale, doté d’une piste de 400 mètres, comprenant huit couloirs. C’est ici que Rénelle Lamote, membre de l’équipe de France d’athlétisme, se prépare en vue des Jeux Olympiques de Paris 2024. Native de Coulommiers, en Seine-et-Marne (77), l’athlète, aujourd’hui âgée de 30 ans, est établie à Montpellier, dans l’Hérault (34), depuis 2020. Spécialiste du 800 mètres, discipline dans la laquelle elle détient quatre titres de vice-championne d’Europe, elle s’apprête à disputer les troisièmes J.O. de sa carrière. « Sereine et concentrée », c’est ainsi qu’elle définit son état d’esprit, à trois mois de la compétition. Athlète de haut niveau depuis maintenant dix ans, elle a rejoint, en 2016, les rangs des Sportifs de haut niveau de la Défense – Gendarmerie (SHND-G). Ce 23 avril 2024, c’est en salle de musculation que nous la retrouvons. Dans ce vaste espace baigné de soleil, et pourvu de larges baies vitrées offrant une perspective sur le parc, il règne une atmosphère tranquille, propice à la concentration. Rénelle s’y rend deux fois par semaine pour travailler sa puissance musculaire. Après avoir salué les sportifs présents ce matin-là, l’athlète prend place sur un vélo spinning.

Le 800 mètres, une épreuve complète et exigeante

« Je m’entraîne quatre heures par jour. Deux heures de course le matin, au stade Philippidès. Puis à nouveau deux heures de footing en extérieur ou d’exercices cardio le soir.J’aime courir au bord du Lez, le fleuve côtier traversant la ville de Montpellier », indique Rénelle. Ce jour-là, une douleur au tendon d’Achille oblige la sportive à ajuster son programme. L’entraînement se déroulera donc en salle. « Le vélo constitue un bon exercice de remplacement. Il soulage le corps et limite les chocs, tout en permettant d’effectuer un travail proche de celui que je réalise sur la piste. Il permet aussi d'accomplir des exercices de rapidité », poursuit-elle.

Rentrée quelques jours plus tôt d’un stage sportif en Afrique du Sud, près de Johannesburg, l’athlète a retrouvé son environnement de vie et de travail. Durant un mois, en présence de son coach et d’une demi-douzaine de coureurs de l’équipe de France, elle a pu se focaliser à 100 % sur l’entraînement, dans un cadre privilégié.

Tandis que la sportive termine son échauffement, Bruno Gajer la rejoint. Entraîneur d’athlétisme au sein du pôle national de préparation olympique de Montpellier, il coache actuellement huit athlètes, dont Rénelle. À l’aube de ses septièmes J.O, l’homme possède une solide expérience. Entraîneur d’athlètes de haut niveau depuis 1999, il a, durant vingt ans, exercé à l’INSEP (Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance). C’est donc lui qui élabore le programme d’entraînement de la sportive.

« Le 800 mètres est une épreuve complète, à mi-chemin entre la course de fond et le sprint. Elle impose à la fois un bon niveau en endurance fondamentale et en explosivité, laquelle consiste à enclencher, dans un temps très court, une forte contraction musculaire, pour permettre un mouvement intense et rapide. Le 800 mètres de haut niveau exige des qualités physiques proches de celles d’un sprinter. La musculation tient également une place centrale dans l’entraînement de Rénelle. Course et musculation sont donc la clé de voûte de la préparation. Néanmoins, rien ne remplace la compétition ! », estime le coach.

L’objectif de carrière de Rénelle est de battre le record de France féminin, établi à 1 minute 56 secondes en 1995, et jamais battu depuis.

Aujourd’hui âgée de 30 ans, Rénelle accorde une importance fondamentale à la récupération. Dès que le besoin se fait sentir, elle consulte son kinésithérapeute, ainsi que l’équipe médicale du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Montpellier, spécialisée dans le sport.

Véritables piliers de la performance pour un sportif de haut niveau, sommeil et alimentation font également l’objet de toute l’attention de l’athlète. Comme de nombreux sportifs, elle dort chaque nuit avec une bague connectée, réalisant une analyse complète de son sommeil (mouvements, fréquence cardiaque, saturation d’oxygène... ), dans le but d’améliorer sa récupération.

« Dans le cadre de la préparation de Rénelle, le rôle du coach est bien sûr fondamental. Mais celui de l’équipe pluridisciplinaire qui l’accompagne l’est également. Nous travaillons tous ensemble, main dans la main. L’objectif est de mettre nos forces en commun afin de construire un projet de haut niveau », résume Bruno Gajer.

Préparation mentale : un enjeu décisif

Si les performances sportives sont le fruit d’un entraînement acharné, elles découlent aussi d’un travail psychologique rigoureux. Depuis 2016, Rénelle est suivie par la psychologue et préparatrice mentale Meriem Salmi, une référence dans le monde du sport. « La préparation mentale m’aide à gérer mes émotions et à réduire les réactions physiologiques du stress sur l’organisme, explique t-elle. Je m’appuie sur des techniques de respiration, notamment lors des compétitions, où le stress est à son paroxysme. Nos traits de personnalité s’expriment également sur la piste. Aussi, la connaissance de soi est primordiale afin de travailler sur ses freins et gérer les moments difficiles. Grâce à ce travail, je suis plus posée et sereine. »

Un travail qui l’aide également à définir ses objectifs et à comprendre ses limites. « Comme de nombreux athlètes de haut niveau, j’ai du mal à réduire la cadence les jours où je me sens moins bien. Au fil du temps, j’ai appris à écouter mon corps et à interpréter les signaux intérieurs. J’accorde une grande importance à mes ressentis. »

Les échecs et les difficultés du passé, Rénelle les évoque avec philosophie. Ces épreuves ont participé à sa construction, et développé sa résilience comme sa puissance de travail, reconnaît-elle.

Passionnée de psychologie, elle a entrepris des études dans cette discipline, désireuse d’allier ses nouvelles connaissances avec son expérience de sportive de haut niveau. Elle veille aussi à consacrer du temps à d’autres activités (poterie, surf…). « L’athlétisme est un sport contraignant et épuisant, aussi bien physiquement que mentalement. Ces instants pour moisont essentiels à mon équilibre. »

Ce travail psychologique et le soin porté à son bien-être pourraient bien être déterminants à l’approche des Jeux Olympiques.

« Rénelle et moi avons suffisamment d’expérience pour savoir que le parcours est toujours semé de petites embûches. Tout est dans dans l’art de les gérer, observe Bruno Gajer. Nous travaillons sereinement, en faisant abstraction de l’engouement des J.O., afin de tenir la pression à une juste distance. » Et d’ajouter : « Rénelle compte de nombreuses années de pratique du sport de haut niveau. Son expérience et sa maturité font sa force. Elle est aujourd’hui au sommet. »

Le lien entre le coach et l’athlète est avant tout fondé sur l’écoute, la communication, la confiance et le respect mutuel. Conscients de leur complémentarité, tous deux partagent la même passion pour la performance et la compétition. Ces J.O. à domicile, les troisièmes de sa carrière, et probablement les derniers, ont une saveur particulière pour Rénelle. « C’est une pression supplémentaire, bien sûr, mais c’est surtout un immense privilège. C’est l’opportunité de faire briller le pays au-delà des frontières. Je suis extrêmement fière de représenter la France civile et militaire. J’ai à cœur de montrer l’exemple sur la piste, lors de cet événement grandiose. Pour le reste, je suis sereine. Je connais le chemin ! »