Défilé du 14 juillet : portrait du colonel « DRY », leader du box de la gendarmerie pour le défilé aérien

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 12 juillet 2024
Un colonel pilote de la gendarmerie , devant son appareil posé sur le sol
© Sandra Chenu Godefroy

Pour son troisième défilé militaire du 14 juillet à Paris, le second dans les airs et le premier en qualité de gendarme, le colonel Henri, call sign « DRY », pilotera l’hélicoptère leader du box de la gendarmerie nationale lors du défilé aérien du 14 juillet. Cumulant près de 4 400 heures de vol en hélico, le pilote affiche une carrière riche en expériences, d'abord au sein de l'armée de Terre, avant de rejoindre la gendarmerie en 2005. Portrait d'un homme à la passion intacte.

Ses premières amours ne le destinaient pas aux airs, et c’est pourtant là qu’il a passé la majorité de sa carrière. Le colonel Henri, surnommé le colonel « DRY », fait ses premiers pas dans les armées comme officier de réserve de la cavalerie, à Saumur, avant d’intégrer l’École spéciale militaire de Saint-Cyr.

L’exaltation que lui procure son premier vol en hélicoptère, couplée à la prise de conscience que l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) réalise le même combat que la cavalerie, mais en plus rapide, poussent le jeune lieutenant à choisir l’ALAT en 1999, à l’issue de sa scolarité.

C’est à Bückeburg, en Allemagne, qu’il reçoit son brevet de pilote, espérant être le premier à prendre les commandes d’un Tigre… Mais les aléas de l’industrie en décident autrement.

Une carrière riche en expériences

Après un premier poste comme chef de patrouille sur hélicoptère de combat, il réoriente sa carrière en 2005 pour rejoindre la gendarmerie par le concours Officier des armes (O.A.), particulièrement attiré par les missions de sécurité publique et l’engagement opérationnel quotidien.

En tant que capitaine, il prend, en 2006, le commandement de la Section aérienne de gendarmerie (SAG) de Cazaux. Les missions d’action de l’État en mer, dont le secours, y sont alors l’une de ses principales missions, en même temps qu’il découvre celles liées à la police judiciaire et au maintien de l’ordre.

« Très rapidement, on m’identifie pour passer la qualification de pilote de haute montagne, explique l’officier. Je suis habilité en 2008 et affecté, dans la foulée, à Ajaccio, où j’ai fait beaucoup de secours en montagne. L’intérêt de la Corse réside dans ce double aspect mer et montagne, ainsi que dans une activité judiciaire assez importante. Et parfois secours et judiciaire se mêlent : il m’est arrivé de faire du secours en montagne où il a fallu judiciariser derrière, car on relevait des défaillances de certains accompagnants, notamment dans les accidents de canyoning. »

En tant que soldat de la loi, il est aussi confronté à une période trouble sur l’île en termes d’ordre public, avec une vague importante d’attentats et d’assassinats crapuleux.

Après cinq années denses sur l’Île de Beauté, il arrive à la tête de la SAG de Vélizy-Villacoublay en 2013, mais pour un an seulement, étant reçu au concours de l’École de guerre. Après son année de scolarité, il part commander la compagnie de gendarmerie départementale d’Angers, de 2015 à 2017.

« J’ai essayé de démultiplier l’utilité de l’hélicoptère depuis le sol, note le colonel. J’en étais persuadé depuis les airs, et cela m’a permis de réaliser, avec mes gendarmes, des missions pour lesquelles l’appui aérien pouvait être déterminant. J’ai en tête l’arrestation d’un multirécidiviste recherché pour des vols au préjudice de personnes âgées, qui avait été raté sept fois. La huitième, où l’hélico était là pour participer au bouclage de la zone où l’auteur était supposé être, on a réussi à l’avoir. »

Un pilote de la gendarmerie dans son cockpit, de nuit
© Sandra Chenu Godefroy

2017 voit le retour aux affaires aériennes de l’officier, qui prend le commandement du Groupement des forces aériennes de la gendarmerie (GFAG) de l’ouest, à Rennes.

« J’ai notamment été engagé dans la manœuvre d’ordre public à Notre-Dame-des-Landes durant plusieurs mois. Lors de cette mission, j’ai vraiment découvert la puissance de l’appui aérien au maintien de l’ordre, manœuvre aéroterrestre qui a ensuite été répliquée sur d’autres opérations, à l’instar desGilets jaunes. »

Arrive 2021. Le colonel « DRY » retourne à Vélizy-Villacoublay, aujourd’hui siège de la Force aérienne gendarmerie Île-de-France (FAGIF), qu’il commande toujours aujourd’hui. Outre ses missions quotidiennes, deux mandats lui sont assignés pour ce commandement : la préparation des Jeux Olympiques de Paris et celle de l’accueil du H160, futur hélicoptère omnirôle de la Gendarmerie.

« Pour la mission H160, on a assuré la montée en puissance en préparant les équipages, la doctrine d’emploi et les infrastructures. On a également orienté les missions vers les opérations aéroportées d’envergure », explique l’officier supérieur.

S’agissant de la préparation des JOP, les gendarmes navigants de la FAGIF s’entraînent presque quotidiennement avec toutes les unités engagées dans cette manœuvre de sécurisation d’ampleur inédite : le GIH (Groupe interarmées d’hélicoptères), le GIGN, le RAID, la Brigade de recherche et d'intervention de la Préfecture de police (BRIPP), la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), la brigade fluviale de la Préfecture de Police… Dans le cadre des nombreux travaux préparatoires, la FAGIF s’est également vu confier des missions de cartographie, conduisant le colonel « DRY » à cartographier tout Paris !

Un hélicoptère au dessus de Paris devant la tour Eiffel
© SIRPA-G - BRC F. ARRIGHI

Le défilé, une allégorie de la confiance

Dimanche 14 juillet, le colonel « DRY » sera dans la machine de tête, un EC 135, le leader de quatre hélicoptères ambassadeurs des trois flottes actuellement en service en gendarmerie (l’Écureuil qui fait office de vétéran, 2 EC145 et 1 EC135). « C’est mon troisième défilé du 14 juillet. J’en ai fait un à pied en 1999, à la fin de ma scolarité, un en quittant l’ALAT, en 2004, en hélico. C’est donc mon second dans les airs, mais le premier comme gendarme ! », se réjouit-il.

Cet événement militaire et ce défilé aérien sont pour lui lourds de sens. « Pour moi, le 14 juillet, c’est l’allégorie de la confiance. De la confiance de l’État envers ses gendarmes, de celle de la population française qui se fait survoler par ses gendarmes. Et c’est aussi, et surtout, la confiance du leader dans ceux qui le suivent, et des ailiers dans leur leader. »

L’une des spécificités de la préparation de ce défilé aérien, c’est qu’elle réside à la fois dans l’entraînement ordinaire des pilotes, notamment à la complexité du vol en formation, en étant agrémentée d’une autre forme d’entraînement, propre à la cérémonie.

« Dans les forces aériennes, l’entraînement est quotidien, puisque chaque mission réalisée est une forme d’exercice pour les engagements les plus durs. Quand on recherche une personne disparue, c’est le même acte technique que quand on poursuit un forcené. Quand on porte secours à une personne en montagne, cela permet aussi de se préparer à accomplir tout autre type de mission dans ce milieu exigeant. De la même façon, quand on vole en patrouille pour faire un « show of force », pour faire des bascules de forces (posé d’assaut de forces spéciales ou de forces d’intervention), ou encore pour un défilé, on utilise le même mode opératoire. C’est un entraînement permanent », explique le chef de la FAGIF.

La préparation spécifique s’est déroulée en trois temps. Après une reconnaissance de l’itinéraire le 17 juin dernier, un premier entraînement de l’ensemble du défilé aérien avec les autres armées a eu lieu le 3 juillet à partir de la Base aérienne 123 d’Orléans-Bricy, les appareils évoluant selon une ligne fictive figurant l’axe parisien. Puis, le 10 juillet, l’ultime exercice a été réalisé in situ, suivant une trajectoire différente de celle des autres années.

« En raison des Jeux Olympiques, la particularité cette année, c’est que l’axe traditionnel, qui est La Défense-Arc de Triomphe, est transformé en Arc de Triomphe - Porte Dauphine, via l’avenue Foch », explique le colonel « DRY ».

Portrait d'un pilote de gendarmerie
© Sandra Chenu Godefroy

Une passion toujours intacte

« J’ai 4 400 heures de vol hélico, 140 heures de vol avion, et des centaines de vols en parapente. Cela reste un métier passion, et on garde le même émerveillement qu’au premier vol. Je me souviens encore de l’émotion que j’ai ressentie la première fois que j’ai embarqué dans un hélico, à la fin d’une longue marche de nuit près de Montlouis, et aujourd’hui, je regarde encore avec la même tendresse, le même intérêt, chaque appareil qui part, que je sois dedans ou pas. Je vole quasiment tous les jours où je travaille, et je ne connais pas d’équivalent en termes de métier, pour moi, où je puisse avoir une vie opérationnelle aussi riche et régulière », confie l’officier.

Il témoigne aussi du rôle de pilote en gendarmerie, qui est principalement d’apporter un appui aux unités au sol. S’il est bien sûr toujours aussi passionné, le pilote ne vole pas pour lui, mais pour les autres, étant au service de la population, que ce soit pour préserver leurs biens ou leurs vies.

Des valeurs que le colonel a à cœur de transmettre à la jeune génération, pour laquelle il prévoit de nombreuses actions de formation, en tant que moniteur référent pour la région Île-de-France.

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