Défilé du 14 juillet : le major Philippe effectuera son dernier tour de piste

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 11 juillet 2024
Le major Philippe à cheval en tenue de garde à gauche et en tenue de service courant à droite.
© GEND/ GR

Dans quelques mois, le major Philippe, commandant le 2e peloton du 1er escadron du Régiment de cavalerie de la Garde républicaine, prendra sa retraite. Ce week-end, il participera à son dernier défilé du 14 juillet. Un moment chargé d’émotion après plusieurs décennies passées au service de la gendarmerie nationale.

Major, pouvez-vous présenter votre parcours ?

Avant toute chose, ce choix de carrière au sein du régiment de cavalerie est dû à mon papa, qui lui aussi était cavalier au 2e escadron au Régiment de cavalerie de la Garde Républicaine. Il m’a transmis sa passion du cheval, raison pour laquelle j’ai rejoint les cadets de la Garde, alors que je n’avais que douze ans. Cette association, toujours en activité à ce jour, m’a permis de forger mes premières armes dans le domaine équestre.

C’est en février 1986, alors âgé de 18 ans, que j’ai été appelé sous les drapeaux avec la chance d’effectuer mon service militaire au sein du Régiment de cavalerie. À l’issue de mes classes au quartier Paixhans du Mans, j’ai été affecté au 1er escadron, et détaché au profit de la section dressage après un stage cavalerie en qualité de gendarme auxiliaire. En février 1987, j’ai rejoint l’École de gendarmerie de Maisons-Alfort afin de devenir sous-officier. Après huit mois de formation, j’ai intégré en novembre de la même année le centre d’instruction de Saint Germain-en-Laye, soit 20 ans jour pour jour après mon père. Une fois la formation terminée, j’ai été affecté au 1er peloton du 2e escadron, implanté au sein du quartier Carnot à Paris pendant 14 années. Durant cette période, j’ai préparé et réussi plusieurs examens, tout d’abord celui de sous-maître de manège (moniteur d’équitation) en 1991, pour obtenir ensuite mon brevet d’arme en 1996. J’ai également eu le privilège d’être choisi et désigné par le commandement afin d’intégrer les écuries sportives, aujourd’hui EEATU (Équipes d’expertise et d’appui aux unités équestres), dans le domaine du saut d’obstacles. Après cinq années dans cette formation, et suite à un accident, j’ai réintégré le 2e escadron au sein du 3e peloton.

En 2001, promu au grade de maréchal des logis-chef, j’ai été muté au quartier des Célestins afin d’être affecté au 3e peloton du 1er escadron. En parallèle de mes fonctions, en tant que responsable de la section équestre des Cadets de la Garde, j’ai préparé le certificat technique de 2e degré équitation, et je suis devenu en 2005, maître de manège (instructeur d’équitation). Cette formation, d’une durée de près de 10 mois, s’est déroulée au centre sportif d’équitation militaire de Fontainebleau. Dès mon retour, j’ai été promu au grade d’adjudant. En 2012, j’ai été désigné par mon commandant d’unité afin d’assurer la fonction d’adjudant d’unité, jusqu’en 2015. La même année, j’ai pris le grade d’adjudant-chef. De retour au service général, j’ai été au 2e peloton en qualité d’adjoint. En février 2020, j’ai pu accéder au poste de commandant du 2e peloton, et je suis devenu major le 1er juillet de la même année.

Depuis 2006, à l’exception de mes quatre années d’adjudant d’unité, j’ai été désigné par mes commandants d’unité respectifs afin de prendre la place de maître de manège escadron. Cette fonction consiste à gérer l’effectif équin de l’escadron, à être responsable des ordres de bataille lors des différents défilés et escortes présidentielles, tout en étant force de proposition auprès de la hiérarchie.

Durant ces années de service, j’ai participé à de nombreux postes à cheval saisonnier au profit de la gendarmerie départementale, ainsi qu’à des détachements tels que la surveillance des vendanges dans le département de la Marne, ou encore à la surveillance du concours complet international 5 Étoiles de Pau.

Après 39 ans et 2 mois de service, je quitterai la gendarmerie et le Régiment de Cavalerie le 1er avril prochain et me retirerai en Bretagne dans le Finistère sud.

Quelles ont été les missions les plus marquantes de votre carrière ?

En tant que cavalier, j’ai participé à plusieurs missions en outre-mer. J’ai été projeté à trois reprises au Peloton de sécurité et d'intervention à cheval (PSIC) de Népoui, en Nouvelle-Calédonie. J’ai également pris part à un programme de coopération avec l’Amiri Guard du Qatar. J’ai aussi eu l’opportunité d’être désigné chef de détachement pour un service d’honneur en Guyane, en 2011, à l’occasion de l’inauguration du pont sur l’Oyapock par les présidents Nicolas Sarkozy et Lula.

En quoi le défilé du 14 juillet représente-t-il un moment particulier ?

En un peu plus de 39 ans de carrière, je n’en ai manqué que quatre.
Le défilé du 14 juillet consacre une année de travail. Nous avons la chance de pouvoir défiler sur une des plus belles avenues du monde et de profiter d’un moment de partage avec les Parisiens. C’est un évènement émouvant. Malgré mon expérience, ce service d’honneur me donne toujours des frissons.

Quels souvenirs gardez-vous de vos défilés ?

Chaque défilé est différent. Je me souviens notamment des premiers, car c’était pour moi une découverte, même si j’avais vu mon père y participer avant moi. Les répétitions de nuit sont particulièrement impressionnantes. Je me souviens d’une année où nous avons défilé sur les Champs-Élysées, avant de rejoindre la gare de Lyon et d’embarquer avec les chevaux en direction de Melun afin de participer au défilé organisé par la ville. La journée avait été particulièrement éreintante. Une autre année, nous avons défilé jusqu’à la porte Maillot.
Aujourd’hui une autre particularité est de nous tenir aux côtés de troupes étrangères, ce qui constitue une expérience enrichissante.

Dans quelle mesure le défilé de ce week-end sera-t-il singulier ?

Je porterai une houppette de couleur noire sur mon casque au lieu de celle habituelle de couleur rouge, signe distinctif pour un militaire effectuant son dernier 14 juillet. Ce défilé sera également atypique en raison des Jeux Olympiques. Exceptionnellement, nous évoluerons sur l’avenue Foch au lieu de celle des Champs-Élysées, ce qui implique d’importants changements. En raison des dimensions de cette avenue, nous défilerons avec un front de six sur six rangs, soit un carré de 36 cavaliers, contre 48 habituellement. À mes débuts le régiment défilait même à 72. Le défilé sera beaucoup plus court qu’à l’ordinaire, contraignant en raison des axes très exigus, et à ce titre la concentration devra être constante.

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