Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 : la gendarmerie conduit une manœuvre logistique inédite

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 15 juillet 2024
Gendarme de la BLA tirant un chariot élévateur.
© GEND/ SIRPAG/ GND LAPOINTE

Depuis deux ans, la gendarmerie prépare une manœuvre logistique inédite afin de coordonner et de soutenir les unités engagées sur le terrain à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024.

À quelques jours du lancement des JOP, les unités se déploient progressivement sur le terrain afin de sécuriser les différents sites de compétition et les zones touristiques. 18 000 gendarmes seront engagés quotidiennement au plus fort de l’événement. La réussite de la manœuvre implique de les soutenir en leur fournissant hébergement, alimentation, mobilité et matériels. Depuis deux ans, une manœuvre logistique a été conçue en ce sens. Le concept de soutien repose sur un mode déconcentré (centre des opérations, Base logistique avancée – BLA-, détachements logistiques).

Une architecture logistique déconcentrée

La manœuvre logistique est dirigée par le commandant Michaël Mauvezin, chef J4 JO (nomenclature OTAN) au Centre des opérations (CDO) du Commandement des forces de la gendarmerie (COMFORGEND) pour les Jeux Olympiques de la Région Île-de-France (RGIF) créé à l’occasion de cet événement majeur. Armée par une quarantaine de militaires et de personnels civils, la chaîne de commandement est structurée en sept sections : conduite des opérations logistiques, hébergement, alimentation, mobilité, infrastructures, matériel, armement et munitions.

La planification menée depuis deux ans par la Cellule Jeux Olympiques et Paralympiques (CJOP) 2024 de la RGIF, grâce à la constitution d’un Groupe de planification opérationnelle (GPO) placé sous les ordres du général Benoît Ferrand, a permis d’intégrer les infrastructures existantes, en les modernisant, afin de leur permettre de faire face aux besoins prévisibles et d’établir des conventions avec des établissements publics (internats) et privés (hôtels). L’effet majeur recherché a été de favoriser la mise en œuvre d’une manœuvre déconcentrée, reposant sur une logique de proximité, afin de garantir une capacité de réponse immédiate au profit des unités déployées sur le terrain.

En conséquence, l’infrastructure logistique retenue intègre une BLA située dans Paris, sur une emprise sécurisée, concédée à la gendarmerie dans le cadre d’une convention conclue avec l’entreprise GL Events. Cette BLA est complétée par six détachements logistiques situés à Dugny, Beynes, Melun, Satory, Maisons-Alfort et Montparnasse. Ensemble, ils ont vocation à alimenter des plots logistiques, implantés dans des bâtiments mis à disposition de la gendarmerie (lycées par exemple) et situés au plus près des sites olympiques. Des majors de camp sont identifiés et chargés de solliciter la BLA, qui peut alors assurer l’approvisionnement des unités au plus près de leurs besoins. À ces infrastructures, s’ajoutent des cercles mixtes et des Centres de soutien automobile de la gendarmerie (CSAG), renforcés par des volontaires issus d’un appel national. Au total, ce sont plus de 300 militaires qui composent le J4 du COMFORGEND RGIF JOP 2024.

La Base logistique avancée, clé de voûte de la manœuvre logistique

Stratégiquement positionnée au cœur de Paris, la BLA est constituée d’une zone technique de 8 000 m², d’une zone tertiaire qui concentre des bureaux et des salles de réunion utiles pour les militaires déployés ainsi que d’un parking de 14 000 m². Commandée par la lieutenante-colonelle Stéphanie Brassy, la base est armée par 55 personnels (un Officier du corps technique et administratif - OCTA - et des gendarmes du Corps de soutien technique et administratif - CSTAGN) au plus fort des JOP et s’articule autour de quatre sous-fonctions logistiques (planification, hébergement, alimentation et mobilité).

Gendarme chargeant une palette sur un chario élévateur.
© GEND/ SIRPAG/ GND LAPOINTE

La BLA constitue le sas d’intégration des unités engagées en sécurisation des JOP. Elle est un point de passage obligé pour leurs éléments précurseurs, qui récupèrent différents moyens, notamment en matière de transmissions.

Les dimensions exceptionnelles de cette BLA permettent d’assurer les sous-fonctions logistiques de stockage des ressources, de gestion des stocks, de maintenance, de transport, distribution et support aux opérations. Les entrepôts de la base accueillent les denrées alimentaires sèches et fraîches destinées aux unités, avant qu’elles ne soient ventilées sur le terrain. La zone technique comprend également un espace armurerie et une zone permettant de stationner jusqu’à 450 motos simultanément. Un atelier mobile a été installé sur place afin d’assurer leur maintenance. La BLA dispose aussi d’une zone de vie composée d’un réfectoire, d’une buanderie, d’une zone de repos et de douches et sanitaires.

Le parking est quant à lui capable de recevoir les différents véhicules utilisés pour livrer les unités engagées sur le terrain. Outre les moyens appartenant à la gendarmerie, des véhicules civils de différents gabarits ont été loués. Ils permettent d’acheminer les denrées aux infrastructures les plus difficilement accessibles mais aussi de déplacer les militaires entre les différents sites. Les rames des Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) pourront également se stationner afin de recharger leurs différents matériels.

Des mesures rigoureuses de sécurité et d’hygiène sont appliquées au sein de la BLA. Le stockage est organisé de manière à dégager des allées, permettant l’évacuation des personnes et empêchant la propagation des flammes en cas d’incendie. Des contrats de collecte des ordures, de nettoyage et de dératisation ont été conclus. Le contrôle du respect de la chaîne du froid est également strictement assuré à la réception de la marchandise ainsi qu’au moment de sa distribution.

Enfin, outre les conteneurs frigorifiques destinés aux denrées alimentaires, un conteneur est spécifiquement dédié au plan élaboré par le Service de santé des armées (SSA) pour lutter, le cas échéant, contre l’invasion de punaises de lit.

 

Au cours des dernières semaines, la manœuvre logistique est montée en puissance.

Une montée en puissance progressive de la manœuvre logistique

Depuis le mois d’avril 2024, les denrées alimentaires ont commencé à être acheminées par l'Économat des Armées (EdA) sur différents sites, notamment ceux de Beynes et de la BLA. Cette dernière fonctionne sept jours sur sept et 24 heures sur 24 depuis le 8 juillet 2024, et a déjà reçu la moitié de son stock final, qu’elle répartit progressivement entre les plots logistiques.

Gendarmes chargeant un camion au sein de la BLA.
© GEND/ SIRPAG/ GND LAPOINTE

Prenant petit à petit l’aspect d’une véritable ruche, la BLA voit se croiser toutes les spécialités du CSTAGN : réparation auto, affaires immobilières, armuriers, pyrotechniciens, restauration collective, etc. Alors que des gendarmes effectuent le chargement des véhicules, certains assurent en permanence des livraisons, pendant que d’autres encore réalisent les dernières reconnaissances de sites.

La BLA sera ainsi capable d’assurer la distribution quotidienne de 5 000 repas terrain, dont les repas frais acheminés deux fois par jour par Sodexo, et assemblés au sein de la base avec le concours de trois personnels de cette entreprise.

Motos stationnées au sein de la BLA.
© GEND/SIRPAG/ GND LAPOINTE

200 motos ont également déjà été livrées. L’atelier mobile s’est donc mis en ordre de marche, comme l’explique l’adjudant-chef Sébastien, chef du CSAG de Fontainebleau et détaché à la BLA pour la perception et la réintégration des motos. « Les motos arrivent de toutes les régions de gendarmerie. Les 600 motos engagées sur la plaque parisienne passeront entre nos mains. L’idée est de les préparer avant leur engagement, en effectuant les opérations de maintenance classiques. Les opérations plus lourdes seront faites par le CSAG de Dugny. Notre emploi se poursuivra jusqu’au 20 septembre. Il s’agit d’une manœuvre conséquente, mais à laquelle nous sommes rompus, car nous avons l’habitude de préparer des motos, à l’image de celles traditionnellement engagées à l’occasion du 14 juillet. C’est le volume qui est exceptionnel, puisque nous soutenons habituellement 550 motos à l’année. Nos contraintes sont également les délais et l’approvisionnement en pièces détachées. On travaillera jour et nuit de manière à assurer la priorité à l’opérationnel. Tous les militaires étaient volontaires. C’est une manœuvre fabuleuse dans une carrière. »

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