Sur les sentiers de la paix

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 18 septembre 2023
Un gendarme en mission ONU au Mali avec un véhicule de l'ONU et des policiers maliens.
© D.R.

Au Congo, en Centrafrique ou encore au Mali, l’Organisation des Nations unies (ONU) déploie régulièrement, dans le cadre de missions de maintien de la paix, des personnels d’États membres dédiés à la sécurisation et à la stabilisation des pays concernés, parmi lesquels des gendarmes français.

Créée le 25 avril 2013, par la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a pris fin le 30 juin 2023, à la demande des autorités maliennes. À la tête de sa composante police depuis 2021, première femme à occuper ce poste au sein de cette mission, la générale de division Bettina Boughani a ainsi dirigé près de 1 900 personnels, répartis en onze Unités de police constituées (FPU : Formed Police Units), comptant chacune 140 personnels d’un même pays et 345 policiers individuels (IPO : Individual Police Officers), parmi lesquels entre 13 et 16 gendarmes français. « Me concernant, je n’avais pas été recrutée en tant que IPO, indique la générale Boughani. J’avais postulé en répondant à un appel à candidatures, lancé par la Division police de l’Organisation des Nations unies (ONU) auprès de tous les États membres. J’ai été short listée, puis interviewée. J’ai rejoint le Mali au début du mois de janvier 2021, détachée par la gendarmerie auprès des Nations unies. »

Tous les six mois, la Division police de l’ONU demandait à la composante police de la MINUSMA d’exprimer ses besoins à venir en termes de personnels. En fonction de la réponse, la Division police sollicitait alors les pays contributeurs de policiers. « Il fallait essayer de respecter un équilibre géographique entre les États membres, et je m’étais fixée pour objectif 30 % de personnels féminins, précise l’ancienne cheffe de la composante police. Le dialogue avec la section sélection et recrutement de New York était permanent, souple et fluide. Nous faisions parfois passer des entretiens sur les postes requérant une certaine expertise. Quand tout le monde était d’accord, on procédait au déploiement. »

Les gendarmes constituent une richesse d’expertise et d’expérience au sein d’une composante police

Le mandat de la MINUSMA comprenait deux priorités stratégiques : appuyer la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali, et la pleine réalisation de la transition politique avec la tenue d’élections ; soutenir la stabilisation et la restauration de l’autorité de l’État. « Il ne s’agissait pas d’un mandat exécutif, insiste la générale. La MINUSMA intervenait en appui des Forces de sécurité intérieure (FSI) du Mali, par du conseil, de la réhabilitation d’infrastructures, et ce, à travers une logique de co-construction, avec des formations de formateurs, en vue d’une appropriation nationale. S’agissant d’une mission intégrée, elle partageait certains sujets avec d’autres sections des composantes civiles telles que la justice, les affaires civiles… »

Selon le mandat de la MINUSMA, la protection des civils incombait au pays hôte, mais la mission intervenait en soutien sur ce sujet très sensible. Ainsi, la composante police organisait aussi des patrouilles, soit en autonomie, soit conjointement avec la Force militaire (les casques bleus), soit de façon coordonnée avec les FSI maliennes en région Centre et Nord. Les gendarmes français qui intégraient cette composante police appartenaient le plus souvent soit à la chaîne P.J. (Police Judiciaire) - Techniciens en identification criminelle (TIC), experts en téléphonie… -, soit à la gendarmerie mobile, pour le volet formation. « À une période, deux gendarmes ont également travaillé à mes côtés, complète la générale Boughani : l’un comme chef de l’unité planification, qui a collaboré activement sur la revue interne et a mis en place le groupe de planification opérationnelle élections ; le second comme adjoint à l’assistant personnel, qui a également été très actif sur des dossiers de redéploiement de FPU. Les gendarmes constituaient une richesse au sein de la composante police, par leur savoir-faire, leur polyvalence, leur capacité d’intégration et d’adaptation. Ils interagissaient aussi très facilement avec les autres membres des composantes militaires ou civiles. »

Un gendarme en mission ONU au Mali avec un véhicule de l'ONU et des policiers maliens.
© D.R.

Avant que la générale Boughani ne prenne le commandement de la composante police de la MINUSMA, un autre gendarme, le général de division Pascal Champion, actuellement chargé de mission à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale, avait occupé les mêmes fonctions au sein de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), de 2014 à 2016, puis de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République Centrafricaine (MINUSCA), de 2019 à 2021. « J’avais en moyenne entre 5 et 10 gendarmes sous mes ordres, mais je travaillais aussi étroitement avec d’autres gendarmes, au sein de l’ambassade de France, de la coopération technique, de la prévôté, ou encore des missions de l’Union européenne, explique-t-il. C’était important, notamment avec l’U.E., afin de mettre en place une complémentarité et d’éviter toute duplication. Parfois, les missions sont les mêmes, et seule la bannière change. Il convient donc d’être pragmatique. »

J’ai toujours été favorablement impressionné par le niveau des gendarmes

Au Congo, comme en République Centrafricaine, la composante police avait pour missions de protéger les populations civiles, de renforcer les capacités de la police ou de la gendarmerie locale, et de contribuer à la sécurité des emprises, des personnels et des matériels de l’ONU sur place. « En plus de ces missions, il a fallu gérer deux crises sanitaires - l’épidémie de virus Ebola au Congo, et la COVID-19 en Centrafrique - et sécuriser les élections présidentielles et législatives de décembre 2020 en Centrafrique. Pour cette dernière mission, une task force dédiée avait été mise en place et, pour la commander, c’est un colonel de gendarmerie qui avait été proposé par le chef des Ressources humaines, parmi quelque 400 policiers individuels. Cet officier, et le capitaine qui le secondait, ont accompli un travail remarquable. »

Le général Champion se souvient également de cet autre gendarme qui avait élaboré une stratégie de réduction des trafics de ressources naturelles à l’Est du Congo, à la frontière avec le Rwanda. « Il avait pensé à tout, souligne l’officier supérieur de gendarmerie , et avait même identifié le déséquilibre dans le système économique qu’entraînerait la fin de ces trafics, et donc posé des jalons pour des systèmes de substitution. C’était un programme complet, holistique, que j’avais personnellement trouvé extraordinaire. De manière générale, j’ai toujours été favorablement impressionné par le niveau des gendarmes, la qualité de leur travail, et par l’émergence de certains d’entre eux, mais aussi de policiers, qui ont dépassé toutes mes attentes. Les profils de gendarmes sont recherchés par la Division police de l’ONU, qui sait parfaitement la plus-value qu’ils sont susceptibles d’apporter sur le terrain. »

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