Au début de ce siècle, alors étudiante en droit à Nice, Christine Bouffière pousse la porte d’un Centre d’information et de recrutement (CIR) de la gendarmerie nationale. « J’y accompagnais un ami venu se renseigner, se souvient-elle. Le major qui commandait le centre m’a appris que le recrutement de la gendarmerie était ouvert depuis peu aux universitaires, et que mon profil pourrait les intéresser. » Elle se rend à la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Cannes pour découvrir les différentes missions, puis décide de suivre cette voie qui s’ouvre à elle. Master 2 en droit privé en poche, elle passe le concours en 2002, et entre à l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN) en 2003.

Son parcours la conduira de la Corse aux Landes, et de l’Italie à la Belgique, où elle a pris, en juin 2023, son nouveau poste de conseillère au Comité chargé des aspects civils de la gestion des crises (CIVCOM), au sein de la représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne (U.E.), à Bruxelles.

En 2009, après une première affectation comme adjointe du commandement de la CGD de Bastia, elle rejoint la Délégation aux victimes. Elle prend ensuite le commandement de la CGD de Mont-de-Marsan. Elle poursuit parallèlement ses études et obtient une licence d’italien. Une corde linguistique de plus, avec l’anglais qu’elle parle couramment. « Je pense que ça a fait clignoter quelques voyants », sourit-elle. Elle est en effet désignée, en 2017, pour prendre le poste d’adjointe du chef de la division renseignements de la Force de gendarmerie européenne (FGE), à Vicenza, en Italie.

« J’étais chargée de suivre toutes les missions de l’U.E., de l’Organisation des Nations unies ou de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, au sein desquelles étaient engagés des effectifs sous béret FGE. J’étais plus spécifiquement chargée de toute la bande sahélo-saharienne et de la Centrafrique. Je rédigeais des synthèses de l’actualité destinées dans un premier temps aux chefs de la FGE, avant d’être diffusées aux gendarmeries membres. Je participais aussi aux formations destinées à préparer les gendarmes avant leur déploiement, pour présenter notamment le contexte sécuritaire du pays et les groupes terroristes actifs. »

Forte de cette première expérience internationale, elle devient, en 2021, cheffe du bureau des partenariats extérieurs au sein du Commandement de la gendarmerie pour les missions extérieures, en charge de la gestion de tous les partenariats à l’international, en lien notamment avec la FGE et la FIEP. Elle est également chargée du suivi de l’évolution de la doctrine de l’OTAN, s’agissant en particulier de la police de stabilisation. À ce titre, elle participe à de nombreux séminaires et échange régulièrement avec des membres d’autres forces de l’ordre ou d’autres armées.

« Il est arrivé, comme lors d’une formation que j’ai eu la chance de suivre à la NATO School, à Oberammergau, en Allemagne, que je sois la seule représentante d’une force de type gendarmerie. J’aime faire découvrir ce modèle, expliquer les missions, les différents types d’unités et de spécialités. Et, en retour, j’aime apprendre des gendarmeries sœurs, mais aussi des militaires, des polices civiles et des magistrats des autres pays, échanger les expériences, les bonnes pratiques, dans le but d’améliorer le service aux citoyens. On s’enrichit mutuellement au contact des autres. »