Michel Robiquet : de la gendarmerie à la plume, parcours d’un auteur passionné

  • Par Pierre Boulay
  • Publié le 21 juillet 2024
La couverture de livre du général (2S) Michel Robiquet avec son portrait à côté, il est souriant et tient son livre en main durant un salon littéraire
© D.R.

Michel Robiquet incarne le parcours singulier d’un homme qui a consacré 36 ans de sa vie à la gendarmerie nationale, avant de se tourner vers une nouvelle passion : l’écriture. Après avoir gravi les échelons, de sous-officier à commandant de région de gendarmerie en Alsace, l’officier général en deuxième section (2S) a publié son premier roman, « Et je n’étais pas toi », mêlant son expérience professionnelle à sa créativité littéraire. Retour sur le cheminement d’un auteur qui, de sa plume, célèbre non seulement l’art du récit mais aussi l’héritage et l’engagement de toute une vie au service de la sécurité publique.

Michel Robiquet suit des études de droit à l’université de Paris II-Assas avant de se diriger vers la gendarmerie pour effectuer son service militaire en 1977. Il commence son parcours à Bergerac pour la formation de base, puis poursuit au Peloton d’autoroute de Chambray-les-Tours. Devenu sous-officier, il sert à l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 1/2 de Maisons-Alfort durant 16 mois. Grâce à sa maîtrise de droit, il peut immédiatement concourir pour devenir élève-officier et rejoint l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN), à Melun, en 1980.

Sa carrière se poursuit avec des postes divers et importants : de l’EGM 1/4 de Châteauroux à la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD.) à Ajaccio, en passant par des fonctions administratives et des commandements régionaux. Il est notamment nommé secrétaire général du Conseil de la fonction militaire de la gendarmerie (CFMG) et commandant de la région de gendarmerie d’Alsace. Michel Robiquet termine sa carrière en tant que commandant en second de l’EOGN.

L’appel de l’écriture : un héritage familial et une nouvelle passion

« Je voulais laisser une trace de ma vie à mes enfants et à ma famille, car je regrettais que mon père ne m’ait rien laissé alors qu’il avait beaucoup de choses à raconter de son enfance, de son adolescence, de la guerre… J’ai donc écrit un livre autobiographique, auto-édité en seulement 15 exemplaires, qui m’a demandé pas mal de temps d’ailleurs, et qui mêle mon enfance, mon adolescence, ma vie professionnelle, ma vie personnelle, voire ma vie intime, pour dire à mes enfants quel genre de papa je suis, avec mes qualités, mes défauts, mes forces et mes faiblesses. »

C'est donc en deuxième section que Michel Robiquet s’est lancé dans l'écriture. Après ce premier livre autobiographique, qui lui permet de se familiariser avec l’exercice, vient ensuite l'envie de se confronter à la fiction, et notamment au genre policier, qui le fascine depuis toujours. "Et je n'étais pas toi" naît de ce désir de partager sa passion pour l'intrigue et les rebondissements.

Le roman policier se déroule dans le nord de l’Alsace, près de la frontière franco-allemande, où habite l’auteur. Le livre suit Julia, une héroïne qui découvre un crime sordide dans un environnement où les frontières sont floues, tant géographiquement que moralement. Le récit est imprégné de l’expérience de l’auteur dans la gendarmerie, offrant une intrigue réaliste et captivante.

« Ce livre est une pure fiction, mais au cours de ma carrière j’ai connu des choses tout aussi terribles, évoque-t-il. Il y a une partie d’inspiration générale provenant de mon métier et une partie d’inspiration locale. Par exemple, quand Julia ne sait pas si elle se trouve en territoire français ou allemand, ça se passe comme ça en réalité, car à Wissembourg, vous ne savez pas forcément si vous êtes en Allemagne ou en France, surtout en forêt. »

Défis d’écriture : intrigue et vulgarisation

Pour Michel Robiquet, l’écriture de « Et je n’étais pas toi » a été une aventure aussi exaltante que complexe. Habitué à la discipline de la gendarmerie, il a dû s'adapter à une nouvelle forme de rigueur : celle de la création littéraire. Son principal défi a été de maintenir une intrigue captivante tout en restant accessible à un large public. « Trouver une conclusion satisfaisante à l’intrigue s’est avéré particulièrement difficile. Je ne savais pas comment ce livre allait se finir, mais je voulais qu’il se finisse bien. C’est venu petit à petit, d’ailleurs c’est tellement venu que je viens de terminer la suite de ce roman, que je vais proposer aux éditions du Bastberg cet automne. »

Un autre défi majeur a été de vulgariser le langage utilisé. La gendarmerie, comme toute institution, a son propre jargon, souvent difficilement compréhensible pour les non-initiés. Michel Robiquet a ainsi pris soin d'expliquer les termes techniques et d'éviter les abréviations, rendant son texte compréhensible pour tous les lecteurs. « J’ai également veillé à ne pas transformer mon roman en un manuel de procédure pénale, en éliminant certains passages trop techniques ou académiques après relecture, pour ne pas alourdir le récit. »

Hommage à la gendarmerie

L'auteur, fort de ses 36 années au service de la gendarmerie, ne cache pas son admiration pour cette institution, ses femmes et hommes. Son livre, empreint de fierté et de reconnaissance, est un hommage vibrant à ceux qui œuvrent quotidiennement pour la sécurité de nos concitoyens.

« On a eu pendant trop longtemps l’image réductrice du gendarme sur le bord de la route avec un radar… Quand on sait qu’un pourcentage important de l’activité de la gendarmerie est constitué par la police judiciaire et qu’elle est capable de mener des enquêtes très complexes, ce livre était une manière pour moi de briser les préjugés et de montrer notre expertise ainsi que le dévouement remarquable des gendarmes dans tous les domaines. »

Derrière le récit haletant se cache un hommage sincère aux femmes et aux hommes qui composent l’Institution. L'auteur met en avant leur courage, leur professionnalisme, leur sens du devoir et leur engagement sans faille au service de la protection des citoyens.

Projets littéraires à venir

Michel Robiquet ne compte pas s'arrêter là. Ayant pris goût à l'écriture, il a déjà rédigé la suite de son premier roman, qu’il proposera aux éditions du Bastberg à l’automne prochain. Parallèlement, l’auteur se lance dans un projet encore plus ambitieux : un roman historique sur la vie d'un gendarme alsacien avant, pendant et après la guerre de 1870. Ce projet lui tient particulièrement à cœur en raison de sa passion pour l’Alsace et de l'importance historique de cette période dans la région de Wissembourg, où il réside.

L'écriture de ce roman historique représente un défi majeur, car il doit non seulement construire une intrigue captivante, mais aussi s'assurer de l'exactitude historique des faits et des contextes. Conscient que le moindre anachronisme ou inexactitude pourrait nuire à la crédibilité de son récit, il s'appuie donc sur des recherches approfondies, compilant articles de presse, documentaires et autres sources historiques fiables.

Son ambition est de combiner précision historique et récit captivant pour continuer à séduire ses lecteurs avec des histoires riches en émotions et en réalisme. Michel Robiquet se projette ainsi avec enthousiasme dans un avenir littéraire, prêt à relever de nouveaux défis.

Couverture du livre du général (2S) Michel Robiquet
© D.R.

À noter

"Et je n'étais pas toi", par le général (2S) Michel Robiquet. Paru le 3 mai 2024, aux Éditions du Bastberg. 300 pages. Prix conseillé : 16,00 €.

Contacter la gendarmerie

Numéros d'urgence

  • Police - Gendarmerie : 17
  • Pompier : 18
  • Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) : 15
  • Sourds et malentendants : www.urgence114.fr ou 114 par SMS
  • Urgence Europe : 112

Sécurité et écoute

  • Enfance en danger : 119
  • Violences conjugales : 39 19
  • Maltraitance personnes âgées ou en situation de handicap : 39 77

Ces contenus peuvent vous intéresser