Jean-Luc Calyel, de l’Arme au stylo

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 17 novembre 2020

Un an seulement après la parution du premier tome de la BD consacrée au Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), voici déjà la suite ! Et son scénariste, Jean-Luc Calyel, sort également un nouveau polar. Portrait d’un ancien chef de groupe opérationnel devenu raconteur d’histoires.

Adolescent au Havre, Jean-Luc Calyel ne plaisante pas avec le sport : judo, full-contact, athlétisme, plongée sous-marine… « J’avais le goût des défis, des challenges. » En marge des compétitions, il donne parfois des cours de judo à des enfants lors de séances d’initiation. Ce jour-là, ce sont des enfants de gendarmes qui s’agrippent le kimono. Au bord du tatami, Jean-Luc discute avec un papa militaire, et lui fait part de son projet : « Je voudrais rentrer dans l’anti-gang ». Le gendarme lui répond du tac au tac : « Pourquoi pas le GIGN ? ». On commence à parler de plus en plus de cette unité d’élite, notamment à la suite de la prise d’otages de l’hôtel Fesch à Ajaccio, au début de l’année 1980. « Mais pour moi, c’était inaccessible, souffle Jean-Luc. C’était comme aller marcher sur la Lune ! »

Un enfant dans un monde d’hommes

En 1981, il part effectuer son service militaire à Toulon, et entre en gendarmerie un an plus tard, affecté à l’escadron de gendarmerie mobile d’Antibes, ce qui, il faut bien l’avouer, est mieux que Le Havre pour la pratique de la plongée sous-marine. Il n’a qu’une idée en tête : intégrer le GIGN dès que possible. Il tente les tests de sélection à l’âge de 22 ans, avec succès. « J’en ai pleuré de joie », se souvient-il.

Il reste à ce jour l’un des plus jeunes candidats à avoir intégré le GIGN, à 23 ans. « C’était un changement d’univers. J’étais encore un enfant et je découvre un monde d’hommes, avec ses codes, ses mauvais côtés aussi parfois. J’ai douté de mon choix, mais je me suis accroché. Le Groupe m’a endurci, m’a fait mûrir à très grande vitesse. »

Mais, malgré la qualité de la formation, rien ne remplace l’expérience du terrain. Lors de sa première mission, un hold-up à Amiens, il se retrouve face au braqueur, qui le met en joue. L’arme s’enraye, mais Jean-Luc reste figé… Un camarade se jette alors sur lui et le projette dans un fossé. « Sans doute la seconde la plus instructive de ma vie », dit-il aujourd’hui. Suivront de nombreuses missions, souvent marquantes, parfois traumatisantes… Il gravit un par un les échelons pour finir chef de groupe opérationnel, avec une vingtaine d’hommes sous ses ordres.

Une enquête « stupéfiante »

Après 14 années au GIGN, il prend sa retraite et se lance dans l’écriture. « J’avais envie de raconter des histoires. Pour pouvoir publier mon premier roman, La Confidence de l’Ange, j’ai accepté d’écrire un premier ouvrage autobiographique. » Intitulé GIGN, les secrets d’une unité d’élite, le livre est édité en 2008, deux ans avant le roman. En 2018, les Éditions A&H lui proposent un projet original : une bande dessinée inspirée de son expérience. « Ce n’était pas vraiment mon univers, reconnaît-il, mais j’ai accepté de relever le défi, à condition que l’histoire relate des faits réels. »

Le premier tome, paru en 2019, revient notamment sur la fameuse prise d’otages de décembre 1994 par le Groupe islamique armé (GIA), et l’intervention très médiatisée du GIGN sur l’aéroport de Marignane. Jean-Luc n’élude rien de cette affaire, notamment la pression qu’avaient fait peser, à l’époque, les pouvoirs politique et médiatique sur les épaules des hommes du Groupe. La BD ayant rencontré un franc succès, la publication d’un second tome est rapidement actée. Il est sorti ce lundi 16 novembre.

La culture du secret comme seconde nature

Pour le deuxième volume de la BD, il a travaillé avec un nouveau dessinateur, Damien Bouché. « Nous avons développé une réelle complicité. Je lui ai fait parvenir un scénario détaillé de 400 cases, dans lesquelles j’avais écrit les dialogues et décrit le lieu, les personnages, les tenues, l’ambiance… Ensuite, il m’a renvoyé les planches et nous avons échangé sur les éventuelles modifications à apporter. On peut tout se dire, personne n’essaye d’imposer son point de vue. »

L’histoire relate une mission qui a la particularité de n’avoir jamais été évoquée dans la presse. On y retrouve les mêmes personnages. « Il y a une continuité entre les deux tomes. Le fils de Fred, le héros, a désormais 15 ans. Et sa femme supporte de moins en moins la vie de son mari, rythmée par les missions. Ce n’est pas simple d’avoir une vie de famille quand on est membre du GIGN. On part souvent pendant plusieurs mois sans donner de nouvelles. Et la culture du secret devient une seconde nature, qui perdure même quand on quitte le Groupe. » Sans oublier le manque. Cette adrénaline dont on est soudainement privé. « L’écriture me permet de la retrouver, assure-t-il. Les défis me nourrissent, et écrire en est un de taille. »

À noter :

GIGN la BD (tome 2) et Affaire 12141 sont en vente sur le site de l'éditeur

 

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