Au Groupement blindé de la gendarmerie mobile (GBGM), à Versailles Satory, les uniformes de la gendarmerie nationale, de la Garde civile espagnole, des Carabiniers italiens et de la Garde nationale républicaine portugaise se mêlent pour assister à une démonstration de poussée dynamique, conduite par des commandants de peloton et des chefs d’engin stagiaires en phase finale, avec l’utilisation de Véhicules d’intervention polyvalents de la gendarmerie (VIPG) Centaure. Un aperçu de nombreux savoir-faire et méthodes utilisés par la gendarmerie mobile sur le terrain.

Cette démonstration vient conclure un module de formation partagée de trois semaines, dans la cadre du projet « POLARIS » (Police Academies Regional Integrated Schooling). Initié par la gendarmerie nationale, à partir des formations conjointes réalisées entre la Garde civile espagnole et la gendarmerie nationale, ce programme soutient aujourd'hui un large éventail  de partenariats et bénéficie du soutien de l'Union européenne (fonds ERASMUS+). Il s'adresse aux élèves sous-officiers et cherche à approfondir les apprentissages de la formation initiale en leur apportant un éclairage européen et le vécu d'une expérience interculturelle.

Acculturation, rusticité et découverte des institutions

Le « G4 POLARIS » constitue une des déclinaisons de ce programme qui associe la Gendarmerie nationale, la Garde civile espagnole, l'Arme des Carabiniers italienne et la Garde nationale républicaine portugaise. Après une première session organisée à Florence, en Italie, en juillet 2023, la gendarmerie nationale a orchestré, du 6 au 24 mai 2024, la deuxième édition de ce module avec le soutien de la préfète de l'Allier. Pendant trois semaines, quarante élèves sous-officiers français, espagnols, italiens et portugais accompagnés de leurs cadres instructeurs ont appris et se sont aguerris ensemble à l'École de gendarmerie de Montluçon sur la base d’un cursus pédagogique construit collectivement. Cette école participe pour la gendarmerie à ce projet de quatre volets programmés de 2023 a 2026.

« Nous les avons fait fonctionner à notre rythme habituel, très différent du leur, puisqu’ils ont des après-midis beaucoup plus courts, notamment en raison du climat, note le général Laurent Vidal, commandant de l’École de gendarmerie de Montluçon. Cela fait partie aussi de la découverte. Nous avons beaucoup de points communs, mais aussi de petites différences. C’est toute la richesse de ce programme et de ces échanges. »

« Ce stage poursuivait trois objectifs, ajoute la capitaine Nathalie Mion, cheffe du détachement. Tout d’abord une acculturation afin de découvrir la formation initiale des élèves gendarmes, avec des focus sur des sujets très utiles dans l’espace Schengen, comme la fraude documentaire, les violences intrafamiliales, les contrôles de véhicules. Ensuite une découverte de la rusticité du gendarme, un aspect dont nous sommes fiers. Nous avons fait un bivouac, utilisé des rations de combat, pris part à des jeux de cohésion, dont un parcours dans la boue très apprécié. Et la météo a aidé à rendre ce volet encore plus rustique ! Enfin, nous avons eu une séquence à Paris de découverte des institutions françaises. Les portes du Sénat nous ont été ouvertes, ce qui était un moment important, même pour nous Français. Puis, nous avons vécu collectivement un moment de forte émotion sous l’Arc de Triomphe, lors du ravivage de la flamme, où nous avons eu une pensée pour nos deux camarades tombés en Nouvelle-Calédonie. »

La langue joue un facteur important dans ces trois semaines de formation. Les formations se font dans la langue du pays accueillant, et l’Anglais doit être utilisé le moins possible. « L’esprit du stage, c’est bien de présenter à nos jeunes camarades la façon dont nous formons nos sous-officiers, poursuit le général Vidal. C’est une découverte à la fois professionnelle et culturelle. Pour nos élèves, c’est un bon moyen de leur faire prendre conscience de l’importance de la dimension internationale et donc de la pratique des langues, un vrai atout dans leur future carrière. Et cela peut donner des idées, susciter des vocations. »

Au-delà du perfectionnement des compétences opérationnelles et linguistiques, les participants ont développé entre eux des liens de confiance et d'amitié qui s’avéreront déterminants pour affronter, demain, des menaces qui s'affranchissent déjà bel et bien des frontières. La prochaine édition de ce stage POLARIS G4 aura lieu au printemps prochain au Portugal.