Le capitaine Louis ARTOUS

  • Par la rédaction du site Garde républicaine
  • Publié le 12 avril 2024, mis à jour le 21 mai 2024
Prise d'armes au quartier des Célestins, le 25 avril 1945.

Prise d'armes au quartier des Célestins, le 25 avril 1945.

© Garde républicaine

En 1940, alors que les troupes allemandes envahissent la France, Louis Artous est lieutenant de gendarmerie détaché auprès de la Force de Police de Tanger, ville internationale du Maroc. Le 18 juin, il se met au service du Général de Gaulle dont il a entendu l’appel. Il lui est ordonné de rester sur place et d’attendre les instructions. La France Libre a besoin d’hommes sûrs, bien placés dans les rouages de l'État et qui, sous une apparence de collaboration et d’obéissance, vont combattre l’ennemi de l’intérieur.

Tanger est occupée par l’Espagne de Franco. Les autorités espagnoles ne tardent pas à dénoncer Artous comme « un adversaire déclaré du régime franquiste et du gouvernement français de Vichy ».

Par mesure disciplinaire, il est muté à Khouribga, dans le Maroc français. Son action patriotique n’est pas pour autant étouffée : il monte un réseau de résistance avec les ingénieurs de la mine locale de phosphates puis il fait arrêter des espions fascistes italiens.

Promu capitaine à l’ancienneté, il rentre en France en 1941 et prend le commandement d’un escadron de la Garde à Marseille (cette Garde était une force militaire constituée de gendarmes après l’armistice). Sa caserne est encerclée par l’armée italienne le 19 novembre 1942. Il refuse de laisser désarmer ses hommes et les soldats italiens finissent par se retirer, vaincus par son inflexibilité.

Le réseau NAP.

En décembre 1942, il est affecté à l'État-major de la Garde à Vichy où il rencontre Maurice Negre, chef du réseau NAP (« Noyautage des Administrations Publiques ») et le lieutenant-colonel Robelin, sous-directeur de la Garde, également entré en résistance. Fort de ces relations et du poste clé qu’il occupe désormais, Artous s’engage pleinement et utilement dans la lutte secrète contre l’occupant.

Il a accès à un grand volume de renseignements précieux, qu’il communique aux résistants du département de l’Eure et aux Français libres de Londres : rapports sur l’état d’esprit des populations, documents sur les activités de la Résistance et sur les opérations répressives contre les maquis…

En mai 1943, il est muté à la Garde républicaine qui s’appelle « Garde de Paris » depuis la chute de la Troisième République et l’avènement du gouvernement du Maréchal Pétain.

Sous le surnom de « Commandant Delatreille », le capitaine Artous supervise le réseau NAP pour la région parisienne, le but étant de faciliter une offensive alliée en France, en préparant une insurrection et des sabotages au sein des principaux services publics : Gendarmerie, Police, Groupes Mobiles de Réserve, Poste, Télécommunications, infrastructures électriques.

D’autre part, il organise des parachutages clandestins de matériel et l’exfiltration des pilotes alliés abattus par la DCA. Il surveille aussi les déplacements de l’armée allemande. En février 1944, il découvre que la gare de Maintenon abrite une importante concentration de troupes et de munitions allemandes. Ses indications permettront à l’aviation alliée de détruire un stock considérable d’armement et de tuer plusieurs centaines de soldats ennemis.

Le réseau NAP est progressivement démantelé par la Gestapo. De plus en plus inquiet, Artous demande à passer totalement dans la clandestinité mais les chefs du réseau installés à Alger, lui donnent l’ordre de rester à son poste « coûte que coûte ». Le 2 juin 1944, il est arrêté à son bureau des Célestins et transféré à la prison de Fresnes.

La police allemande l’interroge pendant plusieurs jours rue des Saussaies mais le capitaine ne révèle aucun secret. Les séances de torture sont si violentes qu’il perd souvent connaissance. Ne pouvant rien obtenir de lui, les nazis le condamnent à la déportation.

Büchenwald.

Le 17 août 1944, Louis Artous arrive au camp de concentration de Büchenwald. De cette atroce période de captivité, il nous laisse un récit poignant, un petit livre intitulé Témoignage du matricule 81.491 sur le Bagne de Büchenwald.

Il tente de décrire la vie quotidienne dans cet enfer : douze heures de travaux forcés par jour, avec un morceau de pain et une tasse d’eau brunâtre appelée « café » pour tout repas, des vêtements infestés de puces, des coups, des exécutions publiques et l’appel du soir qui oblige les détenus à rester debout durant des heures sur une place balayée par le vent ou trempée par la pluie.

Un camarade de détention du capitaine Artous, le Père Leloir, aumônier général du maquis des Ardennes, écrit à propos de ce moment, le plus épuisant de chaque journée :

« Maintenant que l’appel est fini tout de bon

Les moribonds sont morts, les vivants moribonds. »

Pendant cet appel interminable, les détenus français trouvent pourtant encore assez de force pour continuer la Résistance. Ils profitent de cette occasion pour faire passer des mots d’ordre dans les rangs.

Marcel Paul, le colonel Manhes et le capitaine Artous organisent ainsi un groupe secret d’autodéfense, la Brigade Française d’Action Libératrice du Camp de Büchenwald. Lors d’un bombardement allié sur le camp, ils récupèrent et cachent plusieurs fusils.

Le 11 avril 1945, le signal de la révolte est donné d’un baraquement à l’autre. Les Français armés se lancent à l’assaut des miradors. Peu nombreuses, décontenancées par cet élan inattendu, démoralisées par la proximité des divisions américaines, les sentinelles capitulent.

Le bataillon commandé par Artous participe ensuite à une expédition dans les forêts environnantes pour ramener les fuyards, et assure la garde des SS capturés, pour éviter à la fois leur évasion et les actes de vengeance prévisibles qu’ils encourent.

Enfin, Paul, Manhes et Artous ouvrent les portes du camp aux officiers américains et leur font visiter ce lieu où près de 300 000 hommes ont péri dans des conditions barbares.

Rapatrié en urgence le 18 avril, le capitaine Artous retourne à la Garde républicaine avec le grade de chef d’escadron. Son courage, sa modestie, sa droiture et son humanité seront toujours visibles dans les multiples missions qu’il devra remplir les années suivantes. Il achève sa brillante carrière comme inspecteur général de la gendarmerie en 1966.

La mémoire du général Artous est honorée dans la salle des traditions de la Garde républicaine par la présence d’une vitrine qui lui est consacrée, au quartier des Célestins.

 

Louis ARTOUS

Louis ARTOUS

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