Sur les rives du Maroni, la gendarmerie et la KPS mènent leurs premières patrouilles communes

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 10 mai 2024
Policier de la KPS et gendarme échangeant avec deux personnes à Saint-Laurent-du-Maroni.
© GEND/ G.R. / ADC.BOURDEAU

Depuis février 2024, la Korps Politie Suriname (KPS), force de police nationale du Suriname, et les militaires de la compagnie de gendarmerie départementale de Saint-Laurent-du-Maroni patrouillent conjointement des deux côtés du fleuve-frontière. Objectif : partager les renseignements et les savoir-faire respectifs.

À leur passage dans les quartiers sensibles de la Charbonnière, Balate ou Vietnam de Saint-Laurent-du-Maroni, les habitants se retournent, surpris. Il faut dire que leur présence n’est pas habituelle sur cette rive. Aux côtés des gendarmes français, marchent des policiers surinamais, identifiables par leur uniforme de couleur noire. La mise en place de ces patrouilles conjointes s’appuie sur un accord bipartite, fruit de nombreux échanges entre les autorités des deux pays.

Un projet de longue date

« L’idée de ce projet avait germé dans la tête de mon prédécesseur, explique le chef d’escadron Stéphane Babel, commandant la compagnie de gendarmerie départementale de Saint-Laurent-du-Maroni. Le général Sintive, commandant la gendarmerie de Guyane-Française, y pensait également depuis plusieurs mois. Une circulaire avait été signée par les autorités des deux pays en 2006 et posait les fondements de cette création. Mais elle n’a été ratifiée qu’en 2022. Le projet a pu se concrétiser récemment. La mise en place de ces patrouilles constitue une véritable réussite. »

Écusson de la KPS.
© GEND/ G.R. / ADC.BOURDEAU

 

Une coopération encadrée

Une journée par semaine, les deux forces de police œuvrent alternativement à Albina, capitale du district du Marowijne, au Suriname, et à Saint-Laurent-du-Maroni. Y participent aussi bien des gendarmes d’active que des réservistes. En vertu de l’accord, les patrouilles se limitent à une zone de deux kilomètres aux abords du fleuve.

Gendarmes et policiers de la KPS patrouillant dans un quartier sensible de Saint-Laurent.
© GEND/ G.R. / ADC.BOURDEAU

« Je travaille en réciprocité avec le commandant du commissariat d’Albina, précise le chef d’escadron Babel. Ces patrouilles ont pour but essentiel d’échanger du renseignement et de partager nos pratiques. Nous ne disposons pas de pouvoirs de police au Suriname et inversement. Nous ne pouvons donc pas procéder à des interpellations conjointes. La force de police qui se situe en territoire étranger a uniquement un rôle d’observateur. »

Contrôle de police route menée par la gendarmerie. Les policiers de la KPS observent le procédé.
© GEND/ G.R. / ADC.BOURDEAU

Au cours de la journée, gendarmes français et policiers surinamais effectuent tour à tour la visite des locaux des unités et présentent les matériels utilisés. À l'occasion de patrouilles pédestres et véhiculées, ils découvrent également la manière dont les communes sont structurées et effectuent des contrôles de police route afin de pouvoir échanger sur leurs procédés réciproques.

Des patrouilles fructueuses

La commune de Saint-Laurent-du-Maroni fait face à une délinquance endémique que les gendarmes de la compagnie tentent d’endiguer jour et nuit. En France, 25 % des faits de vols à main armée recensés en zone gendarmerie sont commis à Saint-Laurent-du-Maroni. La commune compte environ 50 000 habitants. Une partie de la population est en situation irrégulière. Ces personnes, originaires du Suriname, du Guyana ou encore du Brésil, vivent essentiellement dans des quartiers informels (bidonvilles), qui constituent également le repaire de nombreux délinquants.

« Ces patrouilles ont un véritable intérêt, car nous sommes confrontés à énormément de Vols à main armée (VAMA), détaille le gendarme Anthony, affecté au Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie (PSIG) de Saint-Laurent-du-Maroni. Les auteurs commettent leurs méfaits, puis s’enfuient au Suriname en pirogue. Ces patrouilles communes permettent d’identifier ces criminels et de ne pas les laisser impunis. À Albina comme à Saint-Laurent, les délinquants sont surpris de cette coopération et s’en inquiètent. Elle présente un véritable caractère dissuasif. »

« Nous sommes confrontés au phénomène des gangs, complète le major de réserve Hervé, anciennement adjoint à la brigade de Saint-Laurent. Les membres de ces factions viennent se cacher dans les villages informels. Ils organisent des trafics entre les deux rives. Ce qui est volé à Saint-Laurent est écoulé en face. Il s’agit également d’une voie d’entrée de la drogue en France, et notamment de la cocaïne. La coordination de nos polices permet de lutter contre ce fléau. »

Le chef d'escadron Babel et l’inspecteur en chef John Krishnadath.

Le chef d'escadron Babel et l’inspecteur en chef John Krishnadath.

© GEND/ G.R. / ADC.BOURDEAU

« Ces patrouilles permettent de renforcer la sécurité dans la zone et d’échanger des informations sur les activités criminelles. Nous avons affaire aux mêmes délinquants. À l’avenir, nous espérons pouvoir porter le nombre de patrouilles à deux par semaine1», conclut l’inspecteur en chef John Krishnadath, adjoint au commandant de la région Est de la KPS.

1Propos recueillis et traduits par le capitaine Tristan Maysounave.

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