Gendarme et marathonien : un défi olympique pour Mehdi Frère

  • Par Pierre Boulay
  • Publié le 10 mai 2024
Nous voyons un portrait de Mehdi Frère, souriant, sur une piste d'athlétisme à Font-Romeu, il fait soleil
© CABCOM GR / ADC F.Bourdeau - GEND / SIRPA / F.Arrighi

Dans les couloirs de l’escadron motocycliste de la Garde républicaine, se trouve un homme qui jongle quotidiennement entre l’uniforme de gendarme et la tenue de coureur à pied. Son parcours allie dévouement et passion, rigueur professionnelle et endurance sportive. Portrait de Mehdi Frère, un gendarme qui prendra le départ du marathon des Jeux Olympiques, le 10 août prochain, devant l’Hôtel de Ville de Paris.

À un peu plus de quatre mois du marathon des Jeux Olympiques de Paris 2024, nous sommes allés à la rencontre du gendarme Mehdi Frère, membre de l’escadron motocycliste de la Garde républicaine (G.R.) et marathonien de haut niveau, qui sera au départ de la course, le 10 août prochain. Dans les allées de la caserne de Rose, à Dugny, ce gendarme marathonien nous a partagé son récit, ses ambitions et les défis qu’il affronte au quotidien.

  • Mehdi Frère s'échauffe
    © CABCOM GR / ADC F.Bourdeau
  • Mehdi Frère s'échauffe
    © CABCOM GR / ADC F.Bourdeau
  • Mehdi Frère court en étant concentré
    © CABCOM GR / ADC F.Bourdeau
  • Mehdi Frère court en souriant
    © CABCOM GR / ADC F.Bourdeau
  • Nous voyons un portrait de Mehdi Frère, souriant, sur une piste d'athlétisme à Dugny, il fait un temps gris
    © CABCOM GR / ADC F.Bourdeau
  • Mehdi Frère s'échauffe
    © CABCOM GR / ADC F.Bourdeau
  • Mehdi Frère s'échauffe
    © CABCOM GR / ADC F.Bourdeau
  • Mehdi Frère court en étant concentré
    © CABCOM GR / ADC F.Bourdeau
  • Mehdi Frère court en souriant
    © CABCOM GR / ADC F.Bourdeau
  • Nous voyons un portrait de Mehdi Frère, souriant, sur une piste d'athlétisme à Dugny, il fait un temps gris
    © CABCOM GR / ADC F.Bourdeau

L’art de concilier gendarmerie et course à pied : un défi quotidien

Mehdi Frère commence sa carrière comme Gendarme adjoint volontaire (GAV) en 2018, après un passage de trois mois par l’école de Rochefort, avant de rejoindre les rangs de la Garde républicaine en 2019. Il est d’abord affecté à la compagnie de sécurité et d’honneur de Matignon, puis orienté vers le Cabinet communication, à l’état-major de la G.R., aux Célestins, afin de bénéficier d’un emploi plus adapté à son entraînement. Après sa réussite au concours sous-officier, fin 2021, et sa formation à l’école de Dijon, il est affecté à l’escadron motocycliste de la Garde, bénéficiant d’un aménagement de son temps de travail en vue de sa préparation pour les Jeux Olympiques de Paris.

Côté sport, le gendarme marathonien découvre l’athlétisme en 2013 et se spécialise rapidement dans la course à pied. En sport-étude athlétisme, il parvient à intégrer le pôle espoir de Fontainebleau en 2014. Des résultats remarquables le propulsent vers des sommets, jusqu’à réaliser, le 3 décembre 2023, au marathon de Valence, la deuxième performance française de l’histoire sur la distance de 42,195 kilomètres. Un temps impressionnant de 2 heures 5 minutes et 43 secondes, qui lui garantit une qualification aux Jeux Olympiques de Paris.

« Ça n’a pas toujours été facile, explique Mehdi, car j’ai choisi de faire un cursus de gendarme classique, donc de passer le concours et d’aller en école comme n’importe quel gendarme. Il y a eu des moments pendant ma formation où j’ai dû mettre de côté le sport. Mais mon parcours a toujours été facilité par la bienveillance de ma hiérarchie, en tant que GAV, puis comme sous-officier. J’ai bénéficié de conditions extrêmement confortables pour me préparer de la meilleure manière possible à l’échéance des Jeux Olympiques. » Grâce à ce soutien de la gendarmerie, il a su trouver un équilibre entre son métier et sa passion, et s’entraîne désormais de manière quotidienne, parcourant en moyenne 200 kilomètres par semaine.

Lors de ses entraînements quotidiens, il peut compter sur l’équipe de course à pied de la Garde républicaine, qui dispose de plusieurs créneaux pour se regrouper et s’entraîner ensemble. « Dans la caserne, j’ai la chance d’avoir un très bon coureur à mes côtés, Faustin Guigon. Il m’accompagne pour me pousser à me surpasser, il me soutient quand les moments se passent moins bien. Je ne pense pas que j’aurais le niveau que j’ai actuellement sans lui. Et c’est aussi mon voisin. J’ai toujours un ami avec qui partager mes moments de joie comme mes moments de déception sportive. »

  • Portrait Mehdi Frère
    © GEND / SIRPA / BRC F.Arrighi
  • Mehdi Frère se met en tenue de course à pied
    © GEND / SIRPA / BRC F.Arrighi
  • Mehdi Frère court avec des lunettes de sport
    © GEND / SIRPA / BRC F.Arrighi
  • Mehdi Frère court avec des lunettes de sport
    © GEND / SIRPA / BRC F.Arrighi
  • Mehdi Frère court avec des lunettes de sport
    © GEND / SIRPA / BRC F.Arrighi
  • Portrait Mehdi Frère
    © GEND / SIRPA / BRC F.Arrighi
  • Mehdi Frère se met en tenue de course à pied
    © GEND / SIRPA / BRC F.Arrighi
  • Mehdi Frère court avec des lunettes de sport
    © GEND / SIRPA / BRC F.Arrighi
  • Mehdi Frère court avec des lunettes de sport
    © GEND / SIRPA / BRC F.Arrighi
  • Mehdi Frère court avec des lunettes de sport
    © GEND / SIRPA / BRC F.Arrighi

La préparation olympique : un programme intense

Pour optimiser sa préparation olympique, Mehdi se rendra au Centre national d’entraînement en haute altitude, à Font-Romeu, où va se dérouler l’intégralité de sa préparation jusqu’au marathon des Jeux Olympiques. Il a également pris la décision de dormir en chambre hypoxique durant tout son séjour, où une équipe médicale sera chargée d’ajuster le taux d’oxygène à un niveau équivalent à une altitude de 2400 à 3 000 mètres.

Qu'est-ce qu'une chambre hypoxique ?

La chambre hypoxique permet de recréer artificiellement les conditions d'altitude en réduisant la quantité d'oxygène dans l'air ambiant. Lorsque le corps est soumis à une hypoxie, il stimule la production de globules rouges, lesquels transportent l'oxygène dans les muscles. Cela permet d'améliorer la capacité aérobie et la résistance à l'effort, deux qualités essentielles en marathon.

Avant les Jeux Olympiques, Mehdi descendra à quelques reprises de Font-Romeu, pour participer à certaines compétitions intermédiaires. Il participera notamment aux championnats du Monde militaire de semi-marathon, en mai, puis deux semaines plus tard aux championnats d’Europe d’athlétisme, où il sera engagé sur le semi-marathon.

À quelques mois de l’événement, le garde Frère se dit excité et impatient de vivre cette expérience incroyable. Son objectif ? Se hisser parmi les meilleurs coureurs européens, voire les meilleurs mondiaux, en devenant finaliste olympique.

Que signifie finaliste olympique ?

Être finaliste olympique signifie se classer parmi les huit meilleurs athlètes d'une discipline individuelle aux Jeux Olympiques. Cela représente une performance exceptionnelle et une reconnaissance internationale au plus haut niveau.

Et après les Jeux ?

Après les Jeux Olympiques, Mehdi souhaite se rapprocher du record de France du marathon de Morhad Amdouni : 2h03’46’’. Il envisage également de participer au World Marathon Majors, regroupant les six plus prestigieux circuits de marathon de la planète, pour aller chercher des podiums internationaux renommés. Et la suite ? L’athlète se projette avec un bel enthousiasme : « J’ai 27 ans. On peut imaginer que dans quatre ans, je serai au plus haut niveau de ma carrière, car le marathon est une discipline à maturité assez tardive, dans laquelle on atteint son meilleur niveau à 30-35 ans. On peut penser que ma progression sera linéaire jusqu’aux Jeux Olympiques de Los Angeles, en 2028, et pourquoi pas ceux de 2032 (à Brisbane, en Australie, NDLR). »

La chance de Mehdi Frère réside dans sa robustesse et sa capacité à enchaîner les entraînements sans se blesser. « Mon corps accepte la totalité de la charge de travail que je lui inflige, et ça, c’est un énorme avantage ! Je peux m’entraîner quasiment autant que je veux, et enchaîner le nombre de kilomètres que je veux à l’intensité que je veux. Si je ne fais pas d’erreur aberrante lors de l’entraînement, en général, je ne me blesse pas. »

Il attribue également une partie de sa réussite à l'arrivée des chaussures en carbone, qui lui ont permis de doubler sa charge d'entraînement et d'améliorer ses performances. « J’ai vraiment constaté un avant et un après carbone, j’ai quasiment pu doubler ma charge d’entraînement, en passant de 100 kilomètres à plus de 150 à 200 kilomètres par semaine, sans me blesser et en allant plus vite à l’entraînement. Ça nous aide dans la performance et aussi dans la récupération, ça booste la progression. »

Le parcours de ce gendarme passionné par le marathon est un exemple inspirant de persévérance et de dépassement de soi. Il démontre que concilier passion et carrière professionnelle est tout à fait possible avec du travail, de la discipline et un soutien adéquat.

D.R.

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