La gendarmerie nationale et la société Talan organisent un séminaire national sur l’intelligence artificielle

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 13 septembre 2024
Table ronde organisée à l'occasion du séminaire.
© GEND/ SIRPAG/ GND.PERRIER

Ce mercredi 11 septembre 2024, la gendarmerie nationale et le groupe de conseil en innovation et transformation de la société Talan ont organisé un séminaire national intitulé « L’intelligence artificielle de défense et de sécurité : aligner les temps », en présence du directeur de la transformation numérique du ministère de l’Intérieur, de nombreuses autorités civiles et militaires ainsi que des représentants de l’industrie.

En 2022, la sortie de l’application ChatGPT a révolutionné le champ des possibles. L’Intelligence artificielle (I.A.) se développe désormais dans tous les domaines, qu’ils soient civils ou militaires. Consciente de la nécessité de ne pas rater ce virage technologique et des potentialités opérationnelles offertes par l’I.A., la gendarmerie s’est saisie de cet outil, notamment au sein de son DataLab mais également au sein du pôle judiciaire de la gendarmerie nationale (PJGN) et du commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace (COMCYBERMI). La coordination opérationnelle de ce sujet stratégique est assurée par le service de la transformation de la gendarmerie (ST).

Les forces armées, la police nationale et la Préfecture de police de Paris développent et déploient également des applications en lien avec l’I.A., à l’image des potentialités créées par la loi du 19 mai 2023 relative aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 et portant diverses autres dispositions. Le sujet de l’I.A. s’insère également dans un contexte stratégique particulier lié à la hausse de la violence, à l’instantanéité et à l’interconnexion des domaines.

Objet de coopération et de synergies entre les forces de l’ordre, les armées et les acteurs économiques, l’I.A. faisait donc l’objet, ce mercredi 11 septembre 2024, d’un séminaire national se tenant dans les locaux de la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) rassemblant plus de 150 personnes. Deux tables rondes étaient organisées à cette occasion.

Un séminaire organisé autour de deux tables rondes portant sur les enjeux de défense et de sécurité

La première, portant sur les enjeux de défense, était animée par le général d’armée aérienne (2S) Éric Aurellet, ancien major général de l’état-major des armées. Intervenaient notamment des acteurs de l’industrie de défense (Thalès, KNDS, etc.), le capitaine de vaisseau Benjamin Chauvet, chef de bureau de la stratégie numérique de l’état-major des armées, et Michaël Krajecki, directeur du pôle recherche de l’Agence ministérielle pour l’intelligence artificielle militaire (AMIAD). Lancée en juillet dernier, celle-ci vise à développer l’I.A. dans le domaine de la défense, afin de garantir la souveraineté de la France.

Auditoire écoutant les échanges de la table ronde.
© GEND/ SIRPAG/ GND.PERRIER

La seconde table ronde, portant sur les enjeux de sécurité, était modérée par le général d’armée (2S) Richard Lizurey, ancien Directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN). Y participaient, le général de corps d’armée Frédéric Aubanel, directeur de l’Agence du numérique des forces de sécurité intérieure (ANFSI), Anne-Florence Canton, directrice de l’innovation, de la logistique et des technologies au sein de la Préfecture de police de Paris, le général Patrick Perrot, conseiller I.A. du Commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace (COMCYBERMI), Christelle Guichard, cheffe du service des affaires régaliennes de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), ainsi que plusieurs acteurs privés.

L’I.A. dans une perspective opérationnelle

Les échanges de la seconde table ronde ont permis d’aborder l’équilibre à trouver entre libertés publiques et sécurité dans le cadre du déploiement d’outils incrémentant de l’I.A. Les intervenants ont souligné le travail conjoint effectué avec la CNIL. Dans le cadre de l’entrée en vigueur du Règlement européen sur l’intelligence artificielle (RIA) du 13 juin 2024, la CNIL accompagne les acteurs dans leurs projets en sécurisant leur cadre réglementaire, afin de réduire le risque de contestation par les justiciables. L’enjeu majeur est que les normes n’induisent pas une asymétrie qui pourrait profiter aux adversaires, et notamment à la grande criminalité organisée qui n’a pas de limite.

Le général de corps d’armée Frédéric Aubanel a souligné que l’approche était exclusivement tournée vers l’application concrète de l’I.A., entendu dans une perspective opérationnelle visant à améliorer le travail du gendarme et du policier de terrain. Armé par 17 personnels, le DataLab a ainsi développé des outils concrets visant à faciliter la planification de l’engagement des unités ou encore à retranscrire les auditions des mineurs victimes (speech to text). Aujourd’hui, dix projets sont en cours d’industrialisation.

Le général Patrick Perrot a rappelé que l’I.A. n’était qu’une aide et qu’elle n’avait pas vocation à remplacer l’humain, dans la mesure où la notion de responsabilité est ce qui différencie l’humain de la machine. En conséquence, la gendarmerie s’efforce de façonner une I.A. responsable, maîtrisée et qui répond aux besoins opérationnels.

S’approprier l’I.A.

Le séminaire s’est terminé avec deux allocutions rappelant la nécessité d’aligner les temps : faire en sorte que l’I.A. constitue une aide et non une menace, en embrassant pleinement cette révolution.

Philippe Cassoulat, directeur général de Talan, a souligné que nous n’étions qu’aux prémices des bouleversements induits par l’I.A.

Le général d'armée Bruno Jockers concluant le séminaire.
© GEND/ SIRPAG/ GND.PERRIER

Après avoir remercié les nombreux participants, le général d’armée Bruno Jockers, Inspecteur général des armées gendarmerie (IGAG), représentant le général d’armée Christian Rodriguez, DGGN, a conclu en rappelant que l’I.A. constitue un enjeu de souveraineté pour la France. Ce séminaire a montré la nécessité d’un développement commun entre les domaines de la défense et de la sécurité dans un contexte de bouleversements et d’émergence de menaces hybrides.

« La conviction de la gendarmerie nationale et de son directeur est d’aider tous les gendarmes à comprendre ce qu’est l’I.A. et à savoir l’utiliser. Nous avons un besoin d’experts et d’une culture de l’I.A. qui irrigue l’Institution. Ce domaine implique des investissements, le premier d’entre eux est humain. L’I.A. nécessite d’effectuer une révolution complète en passant d’une institution de juristes à une institution s’appuyant sur de nombreux scientifiques, et de relever de nombreux défis. Nous allons les porter sur le plan européen, notamment dans le cadre de la FIEP (Association internationale des forces de gendarmerie et de police à statut militaire, NDLR). » La gendarmerie nationale assurera la présidence de cette association pour un an à compter du 25 octobre prochain. Le thème majeur de son mandat sera justement l’I.A.

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